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Quelles légumineuses associer aux colzas ?

Afin de réduire insecticide, herbicide et engrais azotés, de plus en plus d’agriculteurs associent leur colza à des légumineuses. L’utilisation de la féverole par Gianny Bonouvrier en ouverture de ce guide professionnel en est un exemple concret. Mais d’autres légumineuses se prêtent à l’exercice des plantes compagnes avec des résultats intéressants.

En 2022, selon l’enquête pratiques culturales de Terres Inovia, 20 % des producteurs de colza avaient recours à la technique des colzas associés. Une méthode d’implantation qui a le vent en poupe et qui ne cesse de faire des adeptes. Dans un document publié début 2024, la coopérative vendéenne Cavac met en avant l’itinéraire technique sur colza de l’un de ses adhérents. Sa particularité : il utilise un mélange constitué à 40 % de lentille, 50 % de fenugrec et 10 % de trèfle d’Alexandrie. Ce couvert est semé au combiné quatre jours avant la culture de colza, implantée elle avec un semoir monograine. Là où ce couvert se démarque, c’est qu’il a pour objectif d’étouffer les adventices dans la parcelle sans impacter le colza. Une approche originale, puisque la technique des colzas associés concerne principalement la lutte contre les ravageurs avec l’objectif de réduire les insecticides d’automne. Le mélange, intitulé Symbio LFA, semble porter ses fruits lors des années pour lesquelles les conditions sont adéquates, notamment les années sèches. Lorsque le témoignage du producteur a été recueilli en 2022, la Cavac indiquait qu’aucune intervention de désherbage n’avait été réalisée fin octobre. Si des levées de chénopodes sont signalées dans la parcelle, cette adventice gélive n’inquiète guère la culture. Lentille, fenugrec et trèfle d’Alexandrie seront également détruits avec l’hiver.

Lutter contre les altises

Si ce n’est pas son objectif prioritaire, le couvert Symbio LFA proposé par la Cavac a par ailleurs une action sur les larves d’altises et de charançon par perturbation olfactive et visuelle. C’est cet effet qui est surtout recherché par les nombreux exploitants à tenter d’associer le colza avec une ou plusieurs légumineuses. Selon l’enquête Terres Inovia, la lutte contre les dégâts d’insectes est l’objectif recherché par 80 % des producteurs. Dans un document publié en 2021, l’institut technique retrace ainsi 10 expériences culturelles menées par des producteurs du groupe colza associé Sud-Ouest (CASO). Parmi les espèces testées en association, la féverole est la plus commune. Elle se retrouve chez 5 des 10 exploitants. Trèfle violet, fenugrec ou encore lentille sont, eux, testés dans trois mélanges. La gesse, la vesce érigée ou encore le trèfle blanc ont également été testés en mélange. Pour les associations, Terres Inovia évoque des complémentarités entre mélange de légumineuses à port érigé et à port rampant, ou mélange annuel et pérenne. « Les couverts, globalement bien développés, ont vraisemblablement exercé une concurrence sur le colza qui a peu dépassé les 1,5 kg. Mais la reprise de végétation en fin d’hiver a été globalement vigoureuse » analyse l’institut technique.

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Le mélange Symbio LFA dans un colza © Cavac

Des résultats intéressants

Dans un contexte de pression moyenne des grosses altises adultes et des charançons du bourgeon terminal, 5 des 10 parcelles suivies en colza associé n’ont pas reçu de traitement insecticide d’automne. Dans quatre de ces cinq situations, les résultats en termes de dégâts d’insecte ont été satisfaisants, indique Terres Inovia. Les exploitants du groupe en agriculture conventionnelle et hors production de semence ont atteint un rendement de 27 q/ha contre une moyenne de 25 q/ha pour la zone Sud-Ouest lors de la campagne 2020. « Très peu de dégâts de larves ont été déplorés au cours d’une année où ces ravageurs étaient pourtant bien présents dans le Sud-Ouest » conclut l’institut technique. 

Un atout agronomique

Au-delà de la gestion des dégâts d’insecte et de la couverture du sol, l’association colza/légumineuse présente également un intérêt pour la fertilisation des sols. « En se dégradant après le gel, les trois légumineuses vont apporter du carbone et de l’azote dans le sol (40 U) et ainsi économiser des intrants pour l’agriculteur » explique ainsi la Cavac à propos du mélange trèfle d’Alexandrie-lentille-fenugrec. Dans le Tarn, Philippe Rayssac a ainsi économisé 25 unités d’azote grâce à l’association avec la féverole de son colza semence. En effet, suite à l’analyse des images satellitaires, la parcelle témoin sans association a révélé un besoin d’azote supérieur à celle suivie dans le cadre de l’expérimentation.

Recourir au couvert permanent

Présent dans plusieurs mélanges de plantes compagnes, le trèfle violet est utilisé comme une plante pérenne. Terres Inovia explique que les producteurs s’intéressent à son « comportement en conditions chaudes et sèches, à la fois pour s’installer sous le colza et pour redémarrer après la récolte de celui-ci ». À ce propos, l’institut technique met en garde contre la dynamique de reprise en deuxième partie de cycle afin d’éviter toute concurrence avec le colza. Guillaume Richard, dans le Gers, l’a semé à la volée à raison de 7 kg/ha. « Le trèfle s’est bien installé. On le retrouve dense et homogène post-récolte du colza », analyse-t-il.

Gérer l’enherbement

La présence d’un couvert de légumineuses dans la parcelle de colza complique l’élaboration du programme de désherbage. En graminée, l’approche reste simple. Sept exploitants sur neuf ont eu recours à la propyzamide. « Dans le Sud-Ouest, la vigilance principale reste les graminées. Le colza, associé ou non, représente une opportunité de lutte efficace contre les ray-grass résistants aux sulfonylurées », souligne Terres Inovia. 

Concernant la lutte contre les dicotylédones, les approches ont été variables. Quatre d’entre eux ont traité en post-levée précoce. Deux ont choisi d’intervenir en pré-levée avec des espèces de légumineuse rustique, type féverole. Une parcelle n’a reçu aucun traitement et enfin deux producteurs ont choisi un désherbage post-levée tardive, détruisant le couvert après qu’il ait rempli son rôle en entrée d’hiver. Selon la synthèse réalisée sur l’ensemble des parcelles, seul un échec de désherbage a été signalé.

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L’Inrae propose un outil, dénommé CAPS, permettant de choisir les plantes compagnes les plus adaptées à chaque situation © Inrae

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