Rien de tel pour éprouver un matériel que le point de vue croisé constructeur/utilisateur. Les limites des buses au banc d’essai, avec le pulvérisateur VarioSelect de Tecnoma. (avec vidéo en fin d’article)
La relation débit / pression sur une buse est issue directement de la science physique. Le débit croît avec le carré de la pression. Pour la même buse, multiplier par deux le débit engendre une multiplication par quatre de la pression. Pour garder une qualité de pulvérisation cette amplitude de débit n’est pas envisageable, pourtant de nombreux utilisateurs souhaiteraient bénéficier de cette possibilité pour exploiter toutes les capacités de leur matériel et accroître les débits de chantier dans les meilleures conditions.
WikiAgri a rencontré Rémi Dumery, le célèbre agriculteur beauceron, et Jérome Mestrude de chez Tecnoma, pour recueillir leurs points de vue d’utilisateur et de constructeur.
Le débit de la buse est directement lié à deux paramètres.
Le premier est la dose en l/ha. Plus votre dose augmente, plus vous devez choisir un calibre de buse important. Lors d’un épandage d’azote, si votre dose varie entre 100 et 200 l/ha pour moduler votre apport à une vitesse de 12 km/h, vous êtes contraint de d’utiliser deux buses. Sur une machine classique, vous êtes contraint de réduire votre vitesse pour rester dans des plages de pression acceptable.
Le second paramètre est la vitesse. Vous épandez une dose de 120 l/ha dans un champ avec une forte pente. Dans la montée, votre tracteur ne dépasse pas 10 km/h, alors que dans la descente vous avez la capacité de doubler cette vitesse. De la même façon, le débit à la buse double dans la descente et votre pression se trouve multipliée par quatre. Techniquement cela ne pose pas de problèmes au pulvérisateur mais la qualité d’épandage est nulle avec une pression inadaptée. L’idéal serait là aussi de changer de buses automatiquement.
Utilisateur d’un N-Sensor sur son exploitation, Remi Dumery épand son azote sous liquide. La modulation de dose est pour lui un lieu commun et l’amène parfois à passer du simple au double dans la même parcelle en fonction des mesures réalisées par le N-sensor. N’utilisant qu’un pulvérisateur conventionnel, il est contraint de limiter sa vitesse d’avancement pour permettre à son appareil de fournir un travail de qualité satisfaisante. Changer de buse automatiquement lui permettrait de couvrir plus aisément les plages de variations de dose épandue.
De nombreux clients Tecnoma ont des plages de travail allant de 7 à plus de 20km/h. Il est impossible de d’exploiter toute cette plage de variation de vitesse avec une seule buse. Pouvoir changer de buse en cours de traitement permet à l’utilisateur de travailler dans de nombreuses configurations de traitements et de parcelles.
Le pulvérisateur est équipé d’un porte-buse à deux jets. Chacun est commandé par un anti goutte pneumatique et alimenté par une rampe à circulation continue. Au travail, la pulvérisation démarre sur la buse de petit calibre puis passe sur celle de calibre supérieur.
Si l’utilisateur continue à augmenter la vitesse (ou la dose ou le cumul des deux), il est possible de mettre en service les deux buses. Le changement de buse s’effectue, en trois dixièmes de seconde, par ouverture de la seconde buse suivie de la fermeture de la première. L’utilisateur se trouve ainsi quasiment affranchi de toutes les contraintes liées à la qualité d’épandage. En fonction du type d’application, il choisit la plage de pression de travail pour obtenir une granulométrie des gouttes adaptée au traitement effectué. (voir la vidéo en fin d’article)
Outre le coût assez élevé de l’option, le principal frein selon Jérome Mestrude est le manque de vulgarisation de la technique d’application. Pour beaucoup de revendeurs et d’utilisateurs, ce point technique fondamental en pulvérisation est encore insuffisamment maîtrisé et nombreux sont ceux qui ne perçoivent pas l’intérêt d’une telle option. Il reste donc un énorme travail de pédagogie pour la faire connaître.
Ci-dessous, vidéo expliquant le système VarioSelect.