A l’échelle de la ferme France, le Nodu (nombre de doses utilisées) est l’indicateur de quantité pour quantifier le nombre de doses de produits phytosanitaires employées aussi bien en agriculture conventionnelle qu’en agriculture biologique. Il ne distingue pas les produits CMR 1 et CMR 2 (Cancérigènes, mutagènes toxiques pour la reproduction) des produits non CMR, notamment employés en agriculture biologique.
Le Programme Ecophyto (1) ne met pas non plus suffisamment en valeur les efforts des agriculteurs conventionnels pour s’inscrire dans la transition agro-écologique. Or ces derniers ont fortement réduit l’utilisation des produits de protection des plantes les plus dangereux contenant des substances CMR. Alors que les agriculteurs bio utilisent de plus en plus de produits de protection des plantes non CMR.
Selon Phytéïs, l’organisation professionnelle qui fédère les dix-huit entreprises mettant sur le marché des solutions de protection des cultures (2), le Nodu CMR1 (nombre de doses utilisées de substances CMR) représente 1,4 % de la totalité des Nodu épandus (année 2019, derniers chiffres connus), soit 6 points de moins qu’en 2013.
Dans le même temps, la part des Nodu CMR2 a baissé de 3 points à 18,5% alors que les Nodu non CMR équivalent à 80 % des Nodu totaux. Or ces produits CMR1 et CMR2 employés en agriculture conventionnelle sont 64 et 16 fois plus toxiques que les produits non-CMR
Mais sur 8-9 ans, la proportion du Nodu non-CMR est stable car l’agriculture biologique emploie de plus en plus des produits de cette catégorie, composés notamment de base de soufre et de fer utilisés.
En effet, la part des matières actives utilisables en agriculture biologique représente 37 % des volumes de matières actives vendues en 2022 selon phytéïs, soit 15 points de plus depuis le lancement du premier programme Ecophyto.
L’indicateur européen HRI1 plus pertinent
Dans le même temps, le marché des produits phytosanitaires a baissé de 17,4%, passant de 78,6 mille de tonnes vendues en 2008 à 64,9 mille de tonnes en 2022.
Hors souffre et cuivre, les quantités de matières phytosanitaires vendues ont baissé de 7 000 tonnes entre 2009 et 2022 alors que les ventes de produits à base de soufre et de cuivre ont progressé dans les mêmes proportions pour atteindre 19 000 tonnes. En pourcents, l’augmentation est de près de 63 %.
« En 2022, les utilisations en agriculture biologique comptent pour près de la moitié de la hausse des volumes enregistrées, affirme Phytéïs. Hors soufre en cuivre, le marché des matières actives phytopharmaceutiques reste relativement stable ».
En agriculture biologique, le Nodu est très élevé au regard de la superficie de terre convertie au bio car les produits employés sont peu efficaces. En conséquence, l’agriculture biologique semble donc utiliser bien plus de produits que l’agriculture conventionnelle.
En agriculture conventionnelle aussi, les agriculteurs n’ont pas d’autre choix que celui d’utiliser des quantités de produits non-CMR plus importantes que de produits CMR pour avoir des cultures saines.
« Mais en interdisant des substances pour lesquelles aucune alternative efficace n’est disponible, 38 % des usages ne sont pas pourvus en solutions de protection et 25 % ne disposent que d’une seule et unique solution, déplore Phytéïs. Un constat plaçant un nombre grandissant de filières comme le blé, le colza, la vigne, la cerise, la pomme, l’endive ou encore la noisette en situation d’impasse technique ».
A l’échelle de l’Union européenne, l’indicateur européen HRI1 (Indicateur harmonisé risque), qui reste basé sur les ventes de produits, permet de comparer le parcours effectué par la France pour réduire l’emploi de produits phytopharmaceutiques, par rapport à ses voisins européens.
Depuis 2011, l’HRI1 a diminué de 40 %, plus vite que le Nodu pris dans son ensemble. Mais cette baisse de 40 % est corrélée à la diminution du Nodu CMR1 (il s’agit de produits qui contiennent des substances catégorisées E Fet G).
En 2023, le chiffre d’affaires des 18 adhérents entreprises adhérentes à phytéïs était de 2,4 Mds d’€, en recul de 5 % sur un an.
L’an passé, la répartition des ventes de matières actives phytopharmaceutiques reste stable en valeur avec 46 % de produits herbicides, 30 % de produits fongicides, 14 % de produits divers et 9 % de produits insecticides vendus en 2023
Les ventes de produits de biocontrôle réalisées par les adhérents de Phyteis sont estimées à 82 M€ ; celles des biostimulants homologués MFSC sont estimées à 28 M€.
(1) Il matérialise les engagements pris par le Gouvernement de réduire les usages de produits phytopharmaceutiques de 50% d’ici 2030 (ministère de l’Agriculture).
(2) Phyteis est l’organisation professionnelle qui fédère 18 entreprises mettant sur le marché des solutions de protection des cultures à usage agricole (agronomie digitale, biotechnologies, bioprotection et phytopharmacie).
Bonjour, merci pour l’intérêt que vous portez au forum.
FH
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Bravo pour cette analyse pertinente. Souffrez que je vous signale que le soufre s’écrit avec un seul « f »