Le département des Ardennes renforce sa souveraineté alimentaire pour redynamiser son activité économique. Le programme alimentaire territorial du département recentrera l’activité agricole et agroalimentaire sur les besoins de la population.
« Valoriser la production agricole, garder les outils de transformation et en créer de nouveaux, sont les enjeux du programme alimentaire territorial (PAT) lancé en juillet 2016 dans le département des Ardennes. » Il est présenté par Claire Pignon, conseillère diversification et circuits courts à la Chambre d’agriculture.
Ce programme alimentaire mobilise les 2 700 exploitations ardennaises, quel que soit leur mode de production puisqu’il s’est donné comme objectif de valoriser toutes les productions.
En Champagne crayeuse, les céréaliers producteurs de légumes pourraient être intéressés pour écouler davantage de produits localement. Construire une filière boulangère ardennaise, qui valoriserait du blé ardennais, n’est donc pas exclu.
En conséquence, la Chambre d’agriculture (présidée par Sébastien Loriette) dispense des formations à chacun des producteurs pour maitriser la commercialisation de leurs produits, pour améliorer la compétitivité de leur exploitation et pour optimiser leurs coûts de production.
Le nouveau programme territorial du département des Ardennes cible à la fois la production agricole et alimentaire destinée à la consommation des ménages et la restauration hors domicile. Il consolidera des filières existantes et il en structurera de nouvelles pour créer de la valeur ajoutée. D’où la réflexion autour de la mise en place d’une légumerie collective indispensable pour disposer d’une gamme de légumes frais prêts à cuisiner par les établissements de restauration collective.
Dans le secteur de la viande, les éleveurs comptent sur le PAT pour maintenir en activité les abattoirs du département. Davantage de viande consommée en restauration collective sera ardennaise et non plus issue d’animaux importés d’autres régions, voire de l’étranger. Mais la reconquête du marché départemental par la filière « viande » ne peut s’envisager sans la recherche, en parallèle, de débouchés commerciaux régionaux ou nationaux pour écouler les morceaux de viande qui ne sont pas employés en restauration collective, par exemple.
Victime de la désindustrialisation de l’économie française, le département des Ardennes renoue ainsi avec sa tradition industrielle en s’appuyant sur une ressource illimitée et renouvelable, l’alimentation. La relocalisation de la production agricole consommée est déjà le nouveau fer de lance de l’activité économique de cette collectivité territoriale excentrée de 280 000 habitants.
Mais pas question de rester « entre soi ». Le PAT ardennais vise aussi la conquête du bassin rémois pour écouler une partie de la production agricole départementale, aussi bien en frais que transformée.
Le drive fermier créé il y a deux ans est à ce jour le projet de reconquête du marché départemental le plus abouti. « Depuis son ouverture en 2015, plus de 500 000 € de chiffres d’affaires a été réalisé et 13.000 commandes ont été passées. Chaque semaine c’est en moyenne 130 paniers vendus à hauteur de 38 € », se réjouit Claire Pignon.
Aujourd’hui 31 producteurs ont adhéré au dispositif. De nouveaux candidats sont attendus.
Le PAT amplifie en fait la politique de la Chambre d’agriculture des Ardennes lancée il y a dix ans. Elle visait déjà « à encourager et à accompagner les projets créateurs de valeur ajoutée sur les exploitations, tant individuels que collectifs, qui répondent à la demande de « consommer local », affirme Claire Pignon.
Mais le PAT serait incomplet s’il n’associait pas la grande distribution. L’action « Ardennes dans les assiettes » promeut justement les produits du département dans les super et les hypermarchés.
Ci-dessous, paysage agricole lambda, cette photo n’a pas été prise dans les Ardennes.
Par Frédéric Hénin
