Après avoir perdu 483 000 vaches allaitantes entre 2016 et 2022, la ferme France pourrait voir ses effectifs diminuer de près de 400 000 bêtes supplémentaires d’ici 2031 selon l’Institut de l’élevage. Seuls 4 éleveurs sur 10 cessant leur activité sont remplacés et les producteurs en place n’accroissent plus leur troupeau.
La France et l’Union européenne manquent de veaux. Les prévisions rendues public par l’Institut de l’élevage (Idele) le 18 janvier dernier montrent que l’hémorragie n’est pas prête de s’arrêter. Après avoir perdu 483 000 vaches allaitantes entre 2016 et 2022, la ferme France pourrait voir ses effectifs diminuer de près de 400 000 vaches supplémentaires d’ici 2031 selon l’Idele. Aussi, l’effectif de vaches allaitantes de 3,6 millions de vaches allaitantes passerait à peine à 3,2 millions de têtes dans dix ans.
Par rapport à 2008, un million de vaches allaitantes en moins paîtrait les prairies, souvent naturelles, dans des régions où il n’existe pas, le plus souvent, d’activité agricole alternatives.
Au cours des dix prochaines années, la production laitière ne serait pas épargnée par cette décapitalisation massive. Entre les gains de productivité et les cessations d’activité, on ne dénombrerait plus que 3,1 millions de vaches laitières en 2031, soit là encore près de 400 000 bêtes en moins.
En conséquence, 800 000 veaux en moins chaque année seraient produits d’ici 2031. Et comme en production laitière, l’intervalle vêlage-vêlage d’un an n’est plus systématiquement la règle, davantage de veaux en moins naitraient.
Les raisons de cette nouvelle décapitalisation sont multiples mais en grande partie déjà bien cernées.
Le 18 janvier dernier, l’Idele s’est attaché à analyser le phénomène observé depuis 2016, un an après l’entrée en vigueur de la Pac 2015-2021.
Le facteur essentiel de cette décapitalisation est l’arrêt de l’agrandissement de la taille des troupeaux.
Plus de 800 000 veaux en moins
Lorsque des éleveurs reprennent des terres qui se libèrent autour d’eux, ils ne s’attachent plus à accroître les effectifs de leur troupeau et à y faire paître davantage de vaches. Ils cherchent d’abord à conforter leur système d’affouragement.
Depuis 2019, le nombre moyens de vaches dans les troupeaux de plus de 20 bêtes est passé de 60,9 à 61,9. Avant, 2016, la dimension des troupeaux croissait d’une vache par an.
Par ailleurs, si l’installation se maintient, les cessations d’activité s’accroissent. Aussi, l’effectif fond.
En 2016, la perte était de 34 000 vaches. Les années suivantes, la décapitalisation s’est accentuée car l’agrandissement s’est brutalement ralenti. Il ne prend plus le relais des cessations d’activité.
Bien pire, les éleveurs en place réduisent les effectifs de leur troupeau pour ne pas manquer de fourrages. Aussi, cette décapitalisation s’ajoute avec celle que génère la cessation d’un nombre croissant d’agriculteurs.
80 000 vaches en moins par an
Mais peu d’éleveurs cessent leur activité parce qu’ils sont en faillite. Et le phénomène de spécialisation d’éleveurs mixtes lait-viande détenteur de deux troupeaux et observé dans les années 1990-2000 observé dans les années 1990-2000, n’est plus significatif. Là aussi, il ne contribue plus à compenser les cessations d’activité.
Quoi qu’il en soit, l’ensemble de ces retraits cumulés équivaut à la perte de 100 000 vaches par an alors que les installations d’éleveurs ne portent que sur 20-25 000 bêtes à l’échelle de la ferme France. D’où la perte de près de 80 000 vaches en 2021, dernière année de chiffres disponibles.
En production laitière, mêmes causes mêmes effets. Mais à l’échelle régionale le phénomène est plus ou moins violent. La production laitière est même condamnée à disparaître dans certaines régions.
Dans le sud-ouest, les cessations d’activité et la baisse du nombre de points de collectes sont bien plus importants que dans le reste de la France. Par ailleurs, le nombre de nouveaux installés est faible.
Dans le grand-ouest, l’agrandissement des ateliers (voire la création) atténuent la décapitalisation générée par les cessations d’activité. Par ailleurs, l’installation est encore importante. Mais pour combien de temps encore. De grandes fermes ne trouvent pas de repreneur !