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Prix des céréales 2018-2030, aucune embellie en vue alors que la demande mondiale sera forte

L’Union européenne  et le bassin de la Mer Noire renforcent leurs positions commerciales à l’export avec leurs portes, des marchés méditerranéen et africain en pleine expansion. Ils seront en concurrence mais la demande mondiale croissante absorbera l’offre de céréales. La France sera en première ligne pour saisir ces nouvelles opportunités. Sa production de blé croîtrait que 7-8 Mt par an d’ici au cours des douze prochaines années.

D’ici 2030, la production européenne de céréales atteindrait 325 millions de tonnes (Mt), selon la Commission européenne. Elle a rendu public une étude intitulée « EU Agriculture outlook, for markets and income, 2018-2030 » portant sur les prévisions de production et de marché de l’agriculture européenne  de 2018 à 2030.

Les productions de blé, d’orges et de maïs atteindraient 283 Mt en 2030 contre 258 Mt cette année. La production de blé devrait croitre de 30 Mt environ, celle de maïs de 20 Mt. Les quantités d’orges produites se stabiliseraient et les autres céréales secondaires déclineraient. La culture de blé serait étendue aux dépens des céréales secondaires cultivées en Europe centrale en particulier (seigle, avoine).

La croissance de la production serait stimulée par un marché mondial porteur à défaut de gains de productivité importants.  

Toutefois, les prix des céréales n’atteindraient pas les niveaux des années 2011-2012. Seuls des événements géopolitiques ou un accident climatique à l’échelle d’un continent pourraient faire flamber les cours mondiaux.

La Commission européenne table sur un prix de la tonne de céréales compris entre de 168 € et 180 €.  Dans cette fourchette, le blé serait plus cher que l’orge et surtout le maïs actuellement pénalisé par des stocks importants.

Toutefois, les prévisions de la Commission européenne sont très prudentes. La valeur de l’euro retenue pour les calculer est supérieure de 10 centimes à son cours actuel, ce qui représente, mécaniquement, un manque à gagner compris entre 10 €/t et 20 €/t selon le prix de la tonne de céréales prise en référence.

La demande mondiale de blé croîtra continuellement jusqu’en 2030, tirée par la pression démographique, l’essor de l’élevage et dans une moindre mesure par l’expansion industrielle. Les populations des pays émergents ne sont pas prêtes à renoncer de manger de la viande et à boire du lait.

Au cours des douze prochaines années, les prix de l’énergie et des intrants pourraient renchérir les coûts de productions sans avoir l’assurance qu’ils soient répercutés sur les prix de vente.

D’ici 2030, les rendements en blé ne croîtraient plus à l’ouest de l’Union européenne et progresseraient de 0,7% par an dans les 13 pays européens qui ont rejoint l’UE en 2004. La réglementation environnementale freinerait les gains de productivité.

Or dans le même temps, la production de blé par hectare augmenterait 1 % par an en Ukraine et de 1,2% par an dans le reste du monde mais les niveaux de rendement de départ, pris en référence sont plus faibles.

Quant à la Russie, la croissance de sa production reposera sur l’expansion des superficies cultivées (+2 millions d’hectares d’ici 2030).

Les prévisions de la Commission européenne ne s’inscrivent pas dans le changement de paradigme qu’impose la transition écologique et bioéconomique de l’économie européenne qu’elle promeut pourtant.

Les quantités de céréales produites en plus d’ici 2030 seraient en grande partie exportées vers des pays tiers. Il s’agirait essentiellement de blé, la céréale la moins chère à produire et la plus rentable comparée aux autres. En déduisant les quantités de maïs importées que l’Union européenne ne pourra pas produire, pour couvrir sa demande, le solde commercial porterait sur 25 Mt de céréales par an.

Compte tenu de ses prix compétitifs, la part de l’UE dans les exportations mondiales de blé devrait encore augmenter, passant de 14 % en 2016-2018 à environ 17% en 2030. Les exportations d’orge se développeraient également mais plus lentement que par le passé. La Chine et l’Arabie saoudite devraient rester des marchés porteurs.

L’Allemagne et la France seront les moteurs de cet essor commercial. La production animale plafonnera et dans l’Hexagone, le maïs sera préféré au blé. Toutefois, la production conventionnelle de blé sera concurrencée par celle de blé bio, exigeante en espace et moins productive.

L’essor des marchés méditerranéen, africain et moyen-oriental sera une opportunité pour l’Union européenne. Cependant, la concurrence de la région de la mer Noire restera vive mais la vigueur de  la demande mondiale la rendra plus supportable que par le passé.

Les États-Unis, l’Australie et le Canada devraient stabiliser leurs exportations. Dans le même temps, la Russie, l’Ukraine et le Kazakhstan devraient poursuivre leur expansion commerciale à l’export, tirée par des investissements importants dans la production et la logistique. La part de la Russie dans les exportations mondiales augmentera encore, passant d’environ 20% en 2018 à 23% en 2030.

L’Argentine devrait également accroître sa production et gagner des parts de marché.

Les prévisions de la Commission européenne ne n’anticipent pas un essor des biocarburants durant les douze prochaines années. Seules 14 Mt seraient transformées en éthanol. La production d’éthanol représenterait moins de 5 % de la consommation de céréales.

En revanche, l’Union européene projette une hausse de la production d’amidon et de matériaux à partir de céréales. Surtout si les prix des commodités agricoles sont compétitifs par rapport à ceux du maïs.
 

En savoir plus : https://ec.europa.eu/info/sites/info/files/food-farming-fisheries/farming/documents/medium-term-outlook-2018-report_en.pdf (lien vers l’étude ayant servi de source à cet article).

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