Selon Argus Média (ex-Agritel), les marchés du blé et des céréales secondaires sont équilibrés. Les quantités disponibles de grains équivalent à celles de l’an passé. Les pertes observées en Europe continentale sont compensées par les productions et les stocks du reste du monde.
En fait, le début de la campagne de commercialisation du blé est marqué par un sentiment d’abondance. Aussi, les prix des grains, actuellement très faibles, n’ont aucune raison de s’inscrire durablement dans un mouvement haussier. Actuellement la Russie et l’Ukraine font pression pour vendre leurs grains sur des marchés délaissés par l’Union européenne, dans l’incapacité de les honorer faute de grains alors que leurs besoins augmentent.
En Afrique du nord par exemple, l’Algérie, le Maroc et la Tunisie importeront près de 20 Mt de blé. Leur production ne décolle pas alors que leurs besoins croissent. Cette année, la production de blé est la plus faible des 15 dernières années. Moitié moins de blé qu’en 2017-2018 a été récolté (5,7 Mt versus 12,4 Mt).
Pour autant la demande mondiale manque de ressort. Trois acteurs importants sur les marchés de l’import sont absents. La Turquie, a fermé ses frontière jusqu’au 15 octobre pour protéger son marché intérieur. Le Pakistan est autosuffisant et le Bengladesh importera moins de 6 Mt de blé pour des raisons conjoncturelles et politiques.
La Chine pas aux achats depuis des mois alors qu’elle devrait acheter 37 Mt de blé, d’orges et de maïs.
Pour le maïs, les disponibilités américaines sont importantes (431 Mt, production et stocks compris) compensent allègrement les quantités de grains disponibles en moins (environ 10 Mt). Les cultures de maïs sont fortement impactées par les conditions climatiques très chaudes.
En fait, la campagne de commercialisation de blé et d’orge sera probablement déséquilibrée qui se traduira probablement par une inversion des courbes des prix.
Dans le Bassin de la Mer Noire, les expéditions de grains ne pourront pas se poursuivre à un rythme effréné pendant encore des mois. Les quantités de blé disponibles dans le bassin de la Mer Noire et en Europe occidentale sont limitées. Ensemble, ils vendront 20 Mt. L’Union européenne ne pourra exporter que 30 Mt de grains hors de ses frontières.
Le retour sur les marchés des pays jusque là absents pourra générer des tensions en termes de demandes. Or en fin d’année, le continent européen aura vidé une grande partie de ses silos et seules l’Argentine et l’Australie seront en mesure d’approvisionner les marchés des grains.
Comme leurs récoltes sont très bonnes, les Etats-Unis et le Canada seront aussi très présents avant que l’Australie et l’Argentine, dont les productions s’annoncent prometteuses, ne prennent le relais arrivent sur les marchés de l’export en seconde partie de campagne. Ils seraient en mesure de commercialiser plus de 40 Mt de blé.
Et si les conditions de cultures des céréales d’hiver pour la récolte 2025 sont très favorables, les prix des grains n’auront alors aucune raison d’amorcer un mouvement de hausse.
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Dix millions de tonnes de céréales à paille seront récoltées en moins que l’an dernier dans l’Hexagone. L’ensemble des acteurs de la filière céréalière française est affecté par cette chute dans l’indifférence totale des marchés mondiaux. Les immatriculations de nouveaux tracteurs vont fortement baisser.
Selon Argus Média (ex-Agritel), la production française de blé n’est pas de 26,3 millions de tonnes (Mt) comme l’annonçait au début du mois d’août Agreste, la statistique du ministère de l’Agriculture, mais de 25,17 Mt. C’est la plus faible récolte depuis 1983.
Quant à la production française d’orges, elle s’établit à 10,4 Mt, selon Agreste. Elle est ainsi inférieure de 12,2 % par rapport à la moyenne 2019-2023. Au total, la production de céréales à paille a baissé de 10 Mt par rapport à 2023.
La production catastrophique de céréales à paille, et de blé en particulier, met en France, l’ensemble des acteurs de la filière céréalière en difficulté.
Selon argus Média, les marges brutes cumulées par hectare de blé, d’orges et de colza, basées sur un prix de campagne moyen, équivalent à celui observé depuis le début du mois de juillet, est de -800 €/ha, aides Pac comprises. Or l’an passé, elles étaient déjà négatives (- 200 €/ha) en raison des charges très importantes supportées par les céréaliers.
Sur le marché européen, les pays frontaliers de la France sont assurés d’acheter les quantités de grains habituelles (6,3 Mt de blé et environ 2,8 Mt d’orges).
Mais la filière export vers les pays tiers sera la plus impactée par la faible récolte de céréales.
La France exporterait à peine 4 Mt de blé hors de l’Union européenne, soit 60 % de moins qu’en année moyenne et probablement moins de 2 Mt d’orges (- 35%).
Le solde de commercial extérieur agricole et agroalimentaire français en pâtira considérablement. Selon Argus Média, les exportations de blé n’excèderont pas 800 millions d’euros contre près de 3 Mds en 2022-2023.
Par ailleurs, notre pays perdra une partie de ses marchés sur le continent africain.
L’Algérie, le Maroc et l’Afrique subsaharienne achèteraient chacun 1 Mt de blé. Le million de tonnes restant serait réparti entre la Tunisie, Cuba, la Chine et l’Egypte.