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Tous les pans de l’agriculture sont en proie à des difficultés d’une gravité sans précédent, plongeant la campagne dans une profonde détresse. Depuis des mois et des mois, nous tirons la sonnette d’alarme auprès des pouvoirs publics sur les boulets qui plombent notre compétitivité : distorsions de concurrence fiscales et sociales, poids et coût des normes administratives et environnementales, faiblesse de l’export… Autant de chantiers absolument prioritaires pour rétablir la confiance et l’investissement dans notre secteur… et donc pour du revenu pour tous, et pour la vitalité de nos territoires.
Mais voilà, parmi les « remèdes » à la crise, on nous ressert une fois de plus la « contractualisation ». Pour Stéphane Le Foll, l’enjeu de la « contractualisation » porte à la fois sur la sécurisation du prix face à la volatilité des matières premières, et aussi sur la valorisation de la production agricole. Bruno Le Maire, en 2009, justifiait aussi la mise en œuvre de la contractualisation individuelle obligatoire par sa volonté d’« assurer aux producteurs laitiers de la lisibilité sur le long terme » ! Alors que c’est un échec cuisant, c’est encore là que les pouvoirs publics veulent emmener les agriculteurs : dans le mur ! La contractualisation entre producteurs et transformateurs ne change rien aux déséquilibres structurels dont souffre le maillon production ; elle peut même contribuer à les aggraver.
Depuis 2008, la FDSEA du Finistère ne cesse de marteler que la contractualisation peut être une partie de la solution, à la seule et unique condition d’avoir au préalable renforcé le poids des producteurs au sein des filières.
La contractualisation « interfilière » (de l’amont à l’aval) est également avancée pour maîtriser la volatilité des prix, notamment pour l’alimentation animale. Mais est-ce vraiment, en l’état actuel de la structuration des filières d’élevage, une solution pertinente pour les producteurs ? En effet, le secteur de l’approvisionnement de nos exploitations est hautement stratégique, et particulièrement rentable. Celui-ci fait d’ailleurs l’objet d’une véritable cartellisation, avec des pratiques comparables à celles de la grande distribution vis-à-vis de ses fournisseurs, y compris de la part de certaines de nos coopératives. La contractualisation interfilière est pour l’instant l’apanage d’une filière bien spécifique : les oléoprotéagineux. Mais ceux-ci ont la particularité de maîtriser l’ensemble de la filière, des emblavements à la production de biocarburant, ou d’huile, avec des marques comme Lesieur et Puget, qui sont incontournables pour la grande distribution. On est bien loin de ce niveau de maîtrise de la filière dans le secteur de l’élevage ! Au contraire, la grande distribution a même peu à peu infiltré les outils industriels de l’abattage et de la transformation : encore une spécificité française qui permet aux distributeurs de faire la pluie et le beau temps sur le dos du revenu du producteur !
La contractualisation doit être choisie, et non subie. Et cela ne pourra passer que par une organisation des producteurs renforcée, pour retrouver du pouvoir de négociation au sein des filières.
Nous ne dirons jamais assez ô combien la FDSEA du Finistère appelle de ses vœux, depuis de (trop) nombreuses années, une réorganisation structurelle des filières, et notamment de la première mise en marché. Action !