Ne pas confondre piétin verse et piétin échaudage
Le piétin échaudage est un champignon qui s’attaque aux racines des graminées, conduisant en fin de cycle à un échaudage des épis et par conséquent à des pertes de rendement.
L’infection débute dès l’automne, elle a lieu lorsque les racines des jeunes plantes de céréales entrent en contact avec les résidus infectés de la culture précédente (le champignon se maintient sur les résidus pendant l’interculture). Les symptômes sur racines peuvent apparaître peu de temps après la levée. Le froid de l’hiver va ensuite diminuer puis arrêter l’activité du parasite. La date de semis détermine donc directement la durée de la période favorable au champignon.
Photo 1 : Orge attaquée par le piétin échaudage à droite,
plantes saines à gauche. Vienne 2015
Photo 2 : Symptômes sur racines d’orge. Vienne 2015
En provoquant des nécroses racinaires (racines noires), le champignon ralentit la croissance des plantes, réduit le tallage, voire provoque de la perte de plante dans les situations les plus préoccupantes. En envahissant les racines, il conduit également à une rupture d’alimentation en eau des plantes touchées. Au début de l’été il provoque alors un échaudage généralisé des plantes, visible sous forme de ronds blancs dans les parcelles.
Il ne doit pas être confondu avec le piétin verse qui est une maladie du bas de la tige, qui provoque aussi de l’échaudage. Contrairement aux symptômes d’épis blanc isolés provoqués par le piétin verse, les symptômes de piétin échaudage sont visibles par zone ou sur les andains de paille du précédent. Les solutions de lutte phytosanitaire contre le piétin verse ne sont pas efficaces contre le piétin échaudage.
Photo 3 : Symptômes de piétin verse, à ne pas confondre avec le piétin échaudage
Activer tous les leviers agronomiques
– Rotation : levier le plus efficace. Effectuer des rotations de trois ans si possible, voire plus, en évitant les précédents qui laissent des pailles. En cas de culture d’une deuxième paille, choisir les espèces les moins sensibles (éviter notamment le blé dur, céréale la plus sensible) ;
– Broyage des résidus de culture : un broyage fin des résidus du précédent favorise leur décomposition, ce qui limite la survie du champignon ;
– Interculture : détruire les repousses de graminées (blés, orge, adventices, …) par des déchaumages pendant l’interculture. Les repousses permettent en effet au champignon de se conserver. Le semis d’un couvert peut être bénéfique, notamment moutarde ou avoine ;
– Date de semis : bannir les semis précoces de début octobre et préférer des semis à date normale (20-25 octobre), voire tardive, qui réduisent fortement la période propice au développement du champignon ;
Photo 4 : Impact de la date de semis sur le développement
du piétin échaudage (source photo Charentes Alliance)
– Densité de semis : éviter les fortes densités afin de limiter la probabilité de contact entre les racines et le champignon ;
– Fertilisation azotée : fractionner les apports d’azote et limiter le plus possible les apports précoces qui favorisent le développement du champignon ;
– Roulage : le piétin échaudage est moins fréquent en sol tassé, il est donc recommandé de rappuyer après semis dans les sols soufflés ;
– Choix variétal : aucune variété résistante n’existe. Une différence de sensibilité existe néanmoins entre espèces cultivées, avec du plus sensible au moins sensible : blé dur > blé tendre > orge > triticale > seigle.
La combinaison de ces leviers permettra de limiter l’expression du champignon en situation à risque.
Traitement de semence : en complément des leviers agronomiques
Seul moyen chimique efficace, le Latitude (silthiofam) présente une efficacité significative sur piétin échaudage. Il est donc recommandé en deuxième paille en situation à risque. Même si son efficacité n’est pas totale, environ 50 %, il permet un gain moyen de 10 q/ha en situation attaquée. Il est homologué sur blés, orge et triticale.
Attention en monoculture de blé ou en troisième paille, son utilisation n’est autorisée qu’un an sur 2 sur la même parcelle. Spécifique du piétin échaudage, le Latitude doit être associé à un autre traitement de semence fongicide permettant de lutter contre les maladies de début de cycle (Fusarium, etc…).
Pour obtenir une efficacité maximale, l’utilisation de ce traitement de semence doit être couplé à des pratiques culturales défavorables au champignon, comme présentées ci-dessus.
Lutte en végétation : pas de solution
Aucun traitement n’est autorisé en pulvérisation. Des applications foliaires d’azoxystrobine (Amistar, …) ont parfois limité le développement de la maladie (traitement non autorisé sur piétin échaudage). Cependant l’efficacité se montre irrégulière, fortement dépendante des conditions météorologiques et moins performante que le traitement de semence Latitude.