Très peu d’aides pour faire vivre un élevage de bisons, alors il faut être astucieux et impliqué. En Creuse, Florence Verheyen mise sur le tourisme sur son exploitation et sur les produits transformés.
Quand on se lance dans l’élevage de bisons… Il faut se dire qu’on est presque seul au monde ! Les aides sont dérisoires, ce qui explique peut-être que le nombre d’éleveurs de cet animal ancestral diminue en France pour arriver à une vingtaine. Pourtant, pour Florence Verheyen, installée en Creuse, pas question de baisser les bras.
L’élevage bovin n’est pas toujours une partie de plaisir pour arriver a minima des comptes en l’équilibre. Alors, imaginez une production qui n’obtient qu’un peu de PMTVA (prime au maintien de troupeaux de vaches allaitantes). Voilà la réalité économique de l’élevage de bisons en France. Alors, sans une bonne dose de passion et de conviction, il vaut mieux passer son chemin. Florence Verheyen et ses deux associés (SCEA élevage du Palais) ont pourtant relevé ce défi en Creuse (commune de Bourganeuf, lieu-dit Le Palais).
Ils ont commencé par une ferme équestre dans les années 1990. Puis, au début des années 2000, ils ont concrétisé leur projet d’élevage de bisons, en bio. Aujourd’hui, ils comptent 46 animaux… Un nombre qui devrait rapidement augmenter avec les naissances à venir.
Contrairement aux idées reçues, les bisons ne sont pas du tout agressifs. Ils sont même craintifs et fuient l’homme quand il s’approche trop près. « C’est un élevage facile. Les accouplements, le vêlage ou le sevrage se font naturellement », explique Florence Verheyen. Mais il faudra quand même leur offrir des parcelles boisées… Les bisons ont leur pudeur au moment de s’accoupler !
Dans la ferme creusoise, on attend que les bêtes aient au minimum 4 ans avant de les abattre. Pour la franco-australienne, l’engraissement serait même contreproductif pour la qualité de la viande. Il faut les laisser faire ! « Le bison est une viande toujours tendre, faible en lipides, pas du tout musquée si on respecte un élevage naturel. D’ailleurs, sur les cartes des restaurants, quand on voit du bison attendri et mariné… Méfiance ! On peut le manger de toutes les façons, saisi, mijoté. C’est une viande à consommer plutôt saignante. »
Les bisons et les chevaux font bon ménage, ils ne se concurrencent pas au niveau de la nourriture. Les bisons sont alimentés par des graminées, du feuillage, des écorces d’arbre ou des petits fruits. Mais ils n’aiment pas le trèfle… Ça tombe bien, les chevaux ainsi pâturent derrière eux. En plus, la présence des bisons a réduit considérablement le recours aux vermifuges de leurs voisins équins, en chassant certains parasites.
Mais pour que la ferme trouve son équilibre financier, Florence Verheyen a dû passer un certificat de capacité de présentation au public. Elle est donc habilitée à faire visiter son exploitation au grand public. Une activité touristique aujourd’hui essentielle qui lui assure près de la moitié de ses revenus. En 4×4, les locaux ou gens de passage s’approchent au plus près des bisons et surtout, leur guide déconstruit les clichés qui entourent cet animal placide.
La vente directe de viande sous vide (grâce à un laboratoire froid au sein de la ferme) ou transformée par une conserverie locale assure l’autre moitié des revenus de la ferme du Palais.
En savoir plus : http://www.bison-nature.com (le site internet de l’exploitation donne de nombreux renseignements sur les bisons et précise toutes les possibilités de visites touristiques ou gastronomiques).
Florence Verheyen élève des bisons dans la Creuse.
Contrairement aux idées reçues, les bisons sont des animaux très calmes.