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Avec des dates de semis retardées puis la fraîcheur printanière, les maïs ont atteint la fin de la période végétative qui culmine à la floraison femelle avec une bonne dizaine de jours de retard. Le fait de tardifier la gamme de variétés mises en place dans les régions de l’Est contribue à accentuer le phénomène. Heureusement, les températures estivales ont permis de combler une partie du déficit et on estime aujourd’hui que les maïs présentent globalement des stades avec un petit retard de moins d’une semaine. Bien entendu, des situations très diverses se présentent entre les maïs semés au 10 avril et ceux du mois de mai.
Figure 1 : écart de sommes de températures de l’année 2016 avec la médiane (1996-2015) entre le 21 avril et le 10 septembre
Rattrapage des sommes de températures.
Figure 2 : bilan hydrique potentiel P – ETP en mm du 1er juillet au 10 septembre 2016
Déficit hydrique prononcé en situation non irriguée.
Les conséquences sur le développement des plantes
L’accélération des vitesses de maturation observée début septembre n’a pas que du bon car elle a été accompagnée d’un déficit de pluie dans les situations non irriguées, fréquentes dans l’Est.
Le feuillage des plantes se dessèche trop rapidement, empêchant une bonne migration des réserves vers les grains et pouvant entraîner une fragilisation des tiges, voire des pédoncules des épis. La mort subite des plantes due à un déficit hydrique n’est pas favorable à un bon remplissage des grains et peut se manifester par le phénomène du coup de feu fusarien (photo).
On observe alors :
• un dessèchement des feuilles qui passent du vert au vert de gris puis au blanc. Les feuilles pendent le long de la tige,
• les spathes de l’épi blanchissent,
• le pédoncule de l’épi n’a plus de rigidité et l’épi pend le long de la tige,
• la parcelle touchée a une odeur caractéristique de foin pourri.
Suivis des maïs en région
Depuis le 22 août, Arvalis – Institut du végétal et la Chambre d’agriculture d’Alsace suivent l’état de maturité d’une trentaine de parcelles témoins sur la région. Les équipes Arvalis – Institut du végétal de Lorraine et de Bourgogne-Franche Comté prélèvent également des épis de variétés témoins sur les sites d’essais. Rappelons que la migration des réserves vers les grains est terminée (PMG max) lorsque les grains atteignent 32 à 34 % d’humidité pour les dominants cornés et 30 à 32 % d’humidité pour les dominants dentés.
Pour les plantes encore « viables », la perte en eau des grains est continue même si elle ralentit ces derniers jours avec la baisse des températures. Pour les plantes « mortes », c’est plus lent, car c’est uniquement l’effet du vent et de l’air ambiant qui permet aux grains de perdre de l’eau. Les mesures d’humidité (figure 3) sont issues de grains mis à l’étuve après égrenage manuel. Par convention, on rajoutera 2 points d’humidité pour se rapprocher de résultats issus de la moissonneuse.
Figure 3 : pourcentage d’humidité des grains prélevés le 19 septembre (égrenage manuel) dans divers lieux pour quelques variétés témoins
Hoxxmann (S10), Millesim et Konkordans (S11) sont des variétés cornées (cd ou c.cd). Les autres sont à dominante dentée (cd.d ou d).
Les prévisions de dates de récolte
En se basant sur les données météo historiques des 20 dernières années à partir du 19 septembre, date des prélèvements des grains, et sur les vitesses de dessiccation des différentes variétés, on peut « estimer » la plage de récolte envisageable à 32 % d’humidité. La « plage de récolte » correspond au réalisable pour 80% des années prises en compte. On n’est, bien sûr, pas à l’abri d’une arrière-saison encore plus froide ou encore plus chaude.
Alors que les variétés précoces de type Konkordans sont récoltables dès la dernière semaine de septembre, il faudra un peu attendre pour les autres précocités.
La figure 4 présente schématiquement les plages de récolte pour trois types de précocités pour trois situations régionales en fonction des humidités constatées le 19 septembre et des besoins en degrés jours pour atteindre la maturité. Ce ne sont que quelques exemples car de nombreuses situations se rencontrent dans l’Est en fonction des dates de semis et de la satisfaction des plantes en eau durant leur cycle.
Figure 4 : exemples de plages de récolte envisageables en 2016 pour atteindre 32 % d’humidité du grain
Le mois d’octobre devrait permettre de rentrer tous les maïs en grain, ce qui est favorable à la qualité sanitaire. Peu de symptômes de fusariose sur épis ont été observés cette année, mais il est prudent de vérifier chaque parcelle pour éventuellement récolter le plus tôt possible, sans chercher à atteindre des niveaux d’humidité très bas.
Le remplissage des grains
En absence de stress hydrique intense, les grains continuent à se remplir. Le niveau atteint au 19 septembre est tout à fait honorable pour les trois variétés témoins.
Figure 5 : évolution du PMG à Battenheim (Haut-Rhin)
Figure 6 : évolution du PMG à Saint Aubin (Jura)
A suivre…