Le moment de la fauche (voir article récolte) met à terre un potentiel de rendement et de qualité. Mais c’est ensuite, tout le long de la chaîne des opérations sur l’herbe que ce potentiel se concrétise en un capital fourrager avec plus ou moins de pertes en quantité et en qualité.
Une bonne chaîne de récolte de l’herbe doit permettre d’engranger un fourrage de qualité, avec peu de pertes, à moindre coût et avec de bonnes aptitudes pour la conservation. Pour y parvenir, Arvalis Institut du végétal donne trois commandements pour une chaîne de récolte cohérente : ne pas rouler sur le fourrage, ne pas casser les feuilles, et assurer un séchage rapide.
Le préfanage est la période durant laquelle le fourrage fauché est séché à l’air et au soleil. Il vise à accroître le taux de matière sèche à 30-35 % pour un ensilage d’herbe, 40 % pour un ensilage de légumineuses, 45 à 65 % pour un séchage en grange (voir article) 50 à 60 % pour un enrubanné et 85 % pour du foin. Il est conseillé de raccourcir au maximum cette période. En effet, une fois l’herbe fauchée, la protéolyse démarre et fait perdre de précieux point de MAT (matière azotée totale). Par ailleurs au cours de la nuit, les pertes en énergie sont également importantes du fait de la respiration des plantes qui consomme des sucres. Multiplié par le nombre d’hectares, les pertes au préfanage peuvent peser très lourd sur le capital qui sera engrangé. Le calcul de ces pertes incite d’ailleurs de nombreux producteurs aujourd’hui à se donner les moyens d’un préfanage rapide de leurs récoltes. S’agissant d’un ensilage, l’objectif atteignable est de viser un préfanage de 48 h maximum, sachant qu’il est techniquement difficile de descendre à 30 % de matière sèche en 24 h. Le délai pour un enrubannage est de 2 à 4 jours et de 3 à 6 jours pour du foin (source Arvalis).
Afin de parvenir à réduire la durée du préfanage, il est conseillé de faucher à une hauteur de 7cm minimum pour assurer une bonne aération de l’herbe coupée. L’herbe n’en sera que meilleure et la repousse facilitée. La fauche à plat est le dispositif privilégié qui permet d’exploiter un maximum de surface de séchage au sol et donc d’accélérer encore le préfanage. Les machines spécialisées sont rares, mais le réglage des machines classiques permet bien souvent de le faire en élargissant au maximum la surface occupée par l’herbe coupée. Des combinés de fauche permettent de travailler sur un front d’attaque important tout en dégageant le passage des roues du tracteur avec une surface de contact de l’herbe fauchée intéressante et supérieure au seuil préconisé de 70 % minimum. Des essais comparatifs de plusieurs années (Arvalis et le réseau Cuma Ouest) ont montré qu’une fauche à plat effectuée au groupe de fauche permet de gagner plus de dix points de matière sèche par rapport à une fauche en andain. Dans le cas d’une prairie contenant des légumineuses ou pour un fourrage destiné à l’ensilage il est conseillé d’ouvrir les conditionneurs au maximum lorsque la machine de fauche en est équipée. L’usage du conditionneur est surtout privilégié pour accélérer le séchage du foin de graminées et de l’enrubannage.
Après la fauche à plat, il faudra néanmoins andainer pour permettre au pick-up de la machine de récolte (ensileuse, autochargeuse, big baller …) de faire son travail. Différents types d’outils d’andainage existent. L’enjeu ici est de préserver un maximum le feuillage et d’éviter les pertes en évitant d’amener de la terre ou des cailloux dans le fourrage. Pour préserver le feuillage il est conseillé d’intervenir tôt le matin et d’abord dans les parcelles de légumineuses les plus sensibles. Une fois l’andain créé, celui-ci devrait être exporté rapidement pour préserver toutes les valeurs de l’herbe. Une largeur d’andainage importante permettra de valoriser des coupes peu productives tout en assurant un andain de taille suffisante pour un meilleur débit de chantier de la machine de récolte.