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OGM, qui peut le plus peut le moins, faut-il accepter cela ?

Depuis la nuit des temps l’homme a deux préoccupations principales. La première, au saut du lit, est de trouver à manger pour lui et ses proches, la deuxième est d’avoir la certitude de se coucher sans avoir l’estomac qui crie famine. Cela paraît, aujourd’hui d’une évidence absolue et pourtant…

Dans son excellent ouvrage, Histoire des paysans de France, Claude Michelet, nous plonge dans l’itinéraire agricole de la France depuis la préhistoire jusqu’à nos jours, et, force est de constater que l’abondance alimentaire que nous connaissons aujourd’hui en France, et même en Europe, n’a pas été écrite « à l’eau de rose ». D’ailleurs cette abondance alimentaire que nous avons aujourd’hui ne date véritablement que d’une bonne cinquantaine d’années et déjà nous oublions les millénaires de guerres, de famines et de morts que l’humanité a connus.

Pour atteindre cette abondance alimentaire, il a fallu moderniser l’agriculture, araser les talus, remembrer, acheter du matériel, agrandir, faire appel aux crédits, utiliser la chimie… et tout ce bouleversement n’est pas sans conséquence écologique, économique et humaine, avec parfois des résultats dramatiques ( pollutions des eaux, de l’air, disparitions d’espèces, animales et végétales, etc.).

Nourrir l’humanité, nourrir 9 milliards d’êtres humains en 2050, voilà le défi qui nous est imposé par la démographie de la planète et pour ce faire les industriels agroalimentaires font le pari des OGM ( organismes génétiquement modifiés). Les OGM sont des organismes que l’on nous promet capables de produire différemment, par exemple sans eau, donc il serait envisageable de produire dans des zones désertiques, de résister aux maladies, d’être plus productifs, plus ceci ou plus cela selon les besoins. Des organismes merveilleux ! Des organismes qui peuvent toujours plus après un « bidouillage génétique », car il s’agit bien de cela. Donc ces organismes à qui l’on va demander de produire plus avec moins ; l’on peut imaginer qu’on leur demandera de produire aussi moins, moins de vitamines par exemple ou simplement être parfaits sauf qu’ils seront indigestes à moins d’acheter un complément alimentaire. Ils pourront être façonnés génétiquement, comme l’on veut à des fins peu glorieuses. Qui dit OGM dit modifié, donc breveté et cela est un vrai problème. Cela veut dire que des firmes vont breveter le vivant ! Donc auront la capacité de s’accaparer la génétique donc la capacité d’avoir le droit de vie ou de mort sur une population, ou une partie du globe. Toutes les manipulation deviendront possibles et faciles….

Les firmes agroalimentaires vont nous imposer les OGM en utilisant, ce qui est le comble de la perversité, la baisse de l’utilisation des pesticides. Soyez sans crainte pour le chiffre d’affaire des firmes agrochimiques, ce sont elles-mêmes qui mènent les recherches pour les OGM ; elles vont simplement s’adapter. Aujourd’hui, elles utilisent des
particules « grossières » , qui sont au moins partiellement filtrés par le corps humain, demain, l’agrochimie utilisera les nanoparticules, et là rien n’arrêtera les molécules. D’un risque majeur nous allons droit vers une catastrophe ! Ne croyez pas que je me comporte comme un oiseau de mauvais augure ou comme un vieux nostalgique et passéiste, il suffit de regarder ce qui se passe de part le monde, où déjà de micro-catastrophes sont en cours. Aux États-Unis, avec le maïs OGM, les agriculteurs sont enchaînés aux firmes et frôlent la ruine, au Brésil il en est de même où les populations de paysans sans terres émergent et viennent grossir la masse des pauvres. Aux Indes, les paysans se suicident, ruinés par les OGM, et où les nappes phréatiques sont dramatiquement polluées.

Partout sur le globe, des paysans qui jusqu’alors utilisaient des semences adaptées à leur climats vivaient plus ou moins bien pour différentes raisons, mais vivaient. Tout ceux qui ont voulu croire aux mirages des OGM, donnés parfois gratuitement, et de ce fait ont abandonné leurs semences paysannes traditionnelles, aujourd’hui sont dans des situations catastrophiques.

Il est facile d’imaginer ce que sera un monde aux mains des firmes agro-industrielles qui utilisent sans vergognes les OGM, ce que l’on nous promet être une porte grande ouverte vers l’opulence alimentaire et la liberté sera un enfer pour l’humanité. Devons-nous accepter cela ? Non bien sûr ! Certes le syndicat dominant français a dénoncé le mercantilisme de la première génération des OGM, en revanche il milite ardemment en faveur de la nouvelle génération d’OGM obtenu par mutagénèse, hypocrisie tout cela ! Un OGM, de deuxième génération reste un OGM, d’autant que le vivant reste soumis aux brevets avec toutes les possibilités de tripatouillages génétiques. Il n’y a pas de plus ou de moins, un OGM reste un OGM. Il nous faut refuser cela, sauf peut-être à des fins thérapeutiques, donc d’exploitation très limitée et contrôlée. D’ailleurs si nous nous laissons imposer les OGM cela sera l’ultime étape des partisans de l’industrialisation de l’agriculture, et cette victoire clôturera leur projet au plus grand mépris de l’humanité qui dans la très grande majorité ne veulent pas des OGM.

Nourrir l’humanité, tel devrait être le leitmotiv des industriels, en fait, ils s’en moquent éperdument, la seule chose qui les motive c’est l’appât du gain encore et encore. Si nourrir l’humanité était leur but il y a longtemps que la famine reculerait or, depuis que les industriels s’occupent de nourriture la famine progresse. Les affamés sont de plus en plus nombreux. Toutes les politiques de nutritions planétaires sont en échec total, à ce niveau d’incompétence, il serait bon de se poser les bonnes questions ! L’objectif n’est pas de nourrir les gens mais de gagner de l’argent, et là, la réussite est totale.

Nourrir l’humanité doit être l’objectif de nos dirigeants, mais pour cela point besoin des OGM, il faut reconnaître à chaque peuple le droit de se nourrir, donc cela passe par un accès aux semences de façon libre et choisie. Le rôle de la recherche (même si elle financée, malheureusement, par les industriels) devrait être d’utiliser ce que la nature nous offre et de l’améliorer par la sélection, comme des milliers de générations de paysans l’ont fait avant nous. La nature regorge encore de plantes et d’animaux adaptés à leurs lieux de vie, il suffit de se servir et de respecter cette richesse. C’est de la biodiversité. Faire croire qu’une seule partie du globe peut (et doit) nourrir l’ensemble de la planète est une imposture intellectuelle, qui ne sert qu’à imposer les OGM.

Ce que la modernisation de l’agriculture n’a pas réussi à faire : nourrir le monde, ce n’est pas l’industrialisation de l’agriculture avec les OGM qui le fera. Mais là n’est pas le but des mercantis. Faut-il accepter cela ?

Pierrick Berthou
producteur de lait, Quimperlé

« Un jour l’homme qui croit avoir un pouvoir inégalé sur la nature devra s’asseoir à la table des conséquences. » (Véronique Richez-Lerouge, La vache qui pleure)

 

Note de la rédaction :

Nous avons hésité avant de publier cet article que Pierrick Berthou a eu la gentillesse de nous faire parvenir. Tout simplement parce qu’il ne correspond pas aux opinions que nous avons nous-mêmes développé sur WikiAgri, puisque nous nous sommes davantage positionné en faveur de la reconnaissance du génie humain et des développement culturaux qu’il peut apporter. Cependant, d’une part, toutes les opinions ont le droit citer dans ces colonnes ; d’autre part, qu’il existe une forme de crainte face aux grands groupes susceptibles de tirer profit d’une commercialisation des OGM, c’est un courant de pensée qui existe et qui doit donc être pris en compte.

 

Notre illustration ci-dessous est issue du site Fotolia, lien direct : https://fr.fotolia.com/id/81312153.

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