Les bénéficies agricoles ne constituent qu’une partie du revenu disponible des ménages agricoles. Leur niveau de vie dépend des salaires et des traitements perçus mais aussi des indemnités de chômage, des pensions de retraite et des revenus du patrimoine.
Une étude Agreste du ministère de l’agriculture donne des éléments de réponse en s’appuyant sur les déclarations des revenus des personnes qui composent les 400 000 ménages agricoles dont au moins l’une d’elle est agricult-eur (rice). Pour des raisons statistiques, l’année prise en référence est 2020.
Toutes Orientations Technico-économiques des exploitations agricoles confondues (Otex), le revenu disponible des ménages était en moyenne de 22 700 €/pers en 2020 et le niveau de vie médian de 22 800 €/pers. Autrement dit, la moitié des ménages agricoles ont un niveau de vie inférieur à ce seuil de 22 800 €/pers, similaire à celui de l’ensemble de la population française (22 400 €/pers).
En 2020, le niveau de vie des ménages d’éleveurs ovins viande du 1er décile (9 100 €/pers) était même cinq fois plus faible que celui des ménages les plus aisés du 9ème décile, à la tête d’exploitations grandes cultures (51 200 €/pers). Depuis la hiérarchisation des niveaux de vie a évolué mais pas l’origine et la composition des revenus.
Parmi les ménages agricoles, l’écart de niveau de vie de ses membres est plus élevé que dans l’ensemble de la population. Entre les démunis du 1er décile et les plus aisés du 9ème décile, il est de 1 à 4 en moyenne contre 1 à 3,4 dans l’ensemble de la population française.
Seuls 34 % du revenu disponible des ménages agricoles proviennent des bénéfices agricoles de l’exploitation, 45% des autres revenus d’autres activités (traitement, salaires, indemnités de chômage), 15 % des pensions, retraites et rentes , 22 % des revenus du patrimoine et 4 % de prestations sociales auxquels. A ces revenus sont déduits 19 % d’impôts directs.
Parmi l’ensemble de ces ménages agricoles, 16,2 % des personnes ont un revenu disponible inférieur au seuil de pauvreté (60 % du revenu médian d’environ 22 000 €/pers), un taux supérieur de près de 2 points à l’ensemble de la population française.
Lorsque l’agriculteur pourvoit seul au revenu de sa famille, le niveau de vie médian dans son ménage est de 18 100 €/pers. Il provient en moyenne à 48 % de bénéfices de son exploitation. Le reste est composé de salaires et de rentes. Mais ce même niveau de vie médian passe à 23 400 €/pers quand au moins une personne non exploitante travaille hors de l’exploitation et rapporte des salaires ou des traitements au ménage. Et il atteint 26 900 €/pers dans les grandes exploitations (25 % des ménages) même si des personnes du ménage travaillent parfois à l’extérieur) (1).
Travailler à l’extérieur améliore le niveau de vie
Autrement dit, avoir un membre de sa famille qui travaille hors de l’exploitation a quasiment autant d’impact sur le niveau de vie des ménages agricoles que d’être à la tête d’une grande exploitation, même parmi les ménages les plus démunis du 1er décile. En effet, le niveau de vie est supérieur de 5 000 €/pers comparé aux ménages dont seul l’exploitant travaille (6 300 €/pers versus 11 900 €/pers).
Dans les 9 % de ménages où tous ses membres travaillent sur l’exploitation, le niveau de vie médian de 21 000 €/pers est inférieur de 2 400 €/pers à celui des exploitations où au moins une personne travaille à l’extérieur. Mais parmi les ménages les plus aisés (9ème décile), la hiérarchie est inversée. Le niveau des premiers (46 500 €/pers) est supérieur de 2 000 €/pers aux seconds.
En fait, l’activité agricole est risquée, pour le pire comme pour le meilleur. Dans les ménages composés uniquement d’agriculteurs, 23,4 % des personnes vivent sous le seuil de pauvreté contre de 13,6 % pour les ménages dotés de plusieurs sources de revenus extérieurs.
Dans les micros exploitations (24 % de l’ensemble des ménages), le revenu agricole n’est pas la source principale du niveau de vie de ces ménages. 40 % des agriculteurs déclarent des revenus non agricoles souvent multiples. Aussi, la différence entre le niveau de vie des plus aisés du 9ème décile (39 900 €/pers) et celui de l’ensemble des ménages agricoles (44 600 €/pers), qui repose davantage sur des bénéfices agricoles, est plutôt faible (- de 5 000 €/pers).
(1) pourcentages croisés, la somme ne peut pas être égale à 100%