A l’horizon, un embargo russe bis, cette fois sur les produits turcs… Lesquels pourraient se retrouver sur le marché européen et déstabiliser à nouveau notre agriculture si nous n’y prenons garde.
Il est de ces histoires qui n’en finissent pas. Les mêmes acteurs, le même jeu de cartes mais le même perdant.
A l’heure où, dans les campagnes, gronde la colère d’un monde agricole, d’hommes et de femmes, qui pensent que l’intérêt général vaut mieux que l’intérêt particulier, je veux ici alerter sur un danger qui pointe à l’horizon, si la France et l’Europe restent spectateurs de leur propre déchéance.
La filière Fruits et Légumes depuis de trop nombreuses années se meurt et roule doucement vers l’oubli…La résistance faite par les arboriculteurs et maraichers n’y change rien, l’envie, la détermination, la volonté politique n’y sont pas !
Et les Mistral gagnants…
Voilà qu’en 2014 l’Europe s’illusionne en se pensant Goliath et défiant l’arrogance russe. Elle sanctionne la Russie, une intrusion dans son giron politique dont elle n’a même pas les contours.
La Russie forte de son économie, de sa fierté après avoir garanti un approvisionnement alimentaire hors Europe, décrète un embargo sur les produits alimentaires, contrant ainsi les sanctions financières contre elle. Ce que n’avait pas prévu ou pas voulu prévoir la Commission Européenne, cette décision a été prise en dehors d’un vote au Parlement : c’est la désorganisation immédiate du marché agricole européen. Bien sûr les dommages collatéraux ce ne sont pas les commissaires européens qui les subissent mais les agriculteurs, les petites gens, ceux qui s’évertuent à travailler pour le bien-être de tous.
Cet embargo russe sur l’Europe a provoqué donc de nombreux dégâts, un tremblement de terre silencieux mais aux stigmates réels et aux répliques désormais visibles. Un deuxième serait celui de trop pour la filière agricole. Souvenez-vous, le 24 novembre 2015, la Turquie abattait un avion de chasse russe, colère de Poutine, réaction : embargo russe ! Embargo des produits agricoles sur la Turquie avec le même schéma de mis en place, il a marché une fois et efficacement. Sauf que la Turquie est le premier producteur de cerises et d’abricots au monde et qu’il va bien falloir, sauf incident, qu’elle exporte sa production agricole. Et quelle meilleure destination que l’Europe ?
La Turquie est :
1er producteur mondial : abricots, cerises, noisettes, figues
2e producteur mondial : melons, lentilles, pastèques, miel
3e producteur mondial : pommes, concombres, cornichons, haricots, pistaches
4e producteur mondial : tomates, mandarines, noix
5e producteur mondial : betteraves, olives
Pourquoi ?
Déjà l’Europe est un vaste marché ouvert à tous vents dans une décomposition structurelle la plus totale. Elle est aussi un des rares continents à être en paix et stable politiquement. Ensuite se gouvernant sans les peuples, la commission européenne se sauve d’abord elle-même sans se fier à l’intérêt général et au bon sens politique.
Voici ma constatation… L’Europe, actuellement, perdue dans ses turpitudes, se sclérose ne pouvant efficacement enrayer l’afflux de migrants se déversant sur notre territoire. Afin de stopper légèrement l’hémorragie, l’Allemagne en tête, accorde une enveloppe de 3 milliards d’euros à la Turquie pour qu’elle « stocke » les migrants sur son territoire… Sauf que cela devient du coup un moyen de pression énorme qu’a la Turquie entre ses mains. Rappelons qu’une importante communauté turque réside en Allemagne et commerce avec son pays d’origine.
Ainsi ma crainte dans cette tribune géopolitique est que la Turquie perdant un de ses principaux clients, la Russie, se tourne vers l’Europe afin d’exiger d’elle l’importation massive de sa production agricole, en échange de la régulation du flux de migrants. La Chancelière cédant, suite aux agressions sexuelles en Allemagne, laisserait les fruits et légumes turcs entrer sur son territoire, comme en 2013 avec la cerise que Lidl avait fait entrer de Turquie en Allemagne, inondant le marché français, protégeant finalement la production allemande, et segmentant la nôtre. Le gouvernement français est capable de laisser faire ayant perdu la boussole de la réalité, et voilà à nouveau la filière Fruits et Légumes sacrifiée sur l’autel de l’incompétence et du bon sens.
En 2014, le commerce entre la Russie et la Turquie s’était élevé à 44 milliards de dollars. La Turquie se plaçait ainsi en cinquième position en volume d’échanges commerciaux avec la Russie. Aujourd’hui, l’inquiétude s’est emparée des milieux d’affaires turcs en lien avec la Russie. (Source RFI)
De l’action politique, de la suppression des carcans libéraux dépendent la sécurité alimentaire de la France. Ce fut le fer de lance de la politique économique après 1945, car il y avait un besoin. Cette nécessité existe toujours, on l’oublie car la nourriture ne manque pas, car nos centres d’intérêt ont évolué sur des besoins secondaires. Mais les Français ignorent dorénavant les besoins primaires pourvus par les agriculteurs.
Ne vous inquiétez pas, vous ne mourrez pas de faim si l’agriculture disparaît de France, sauf que vous n’aurez plus la main dessus, comme vous n’avez plus la main sur la fabrication de vos vêtements. La France avait ordonné en 1945 l’indépendance alimentaire de son peuple ; de la négligence et de l’oubli de ce précept vous reviendra à devoir quémender à d’autres pays de bien vouloir vous nourrir.
Ainsi le manque de détermination politique et l’attentisme d’une nation risque de plonger la France dans un marasme alimentaire qui aura des répercutions sur du long terme car la nature pour se recréer a besoin de temps.
La France pourra se gargariser d’avoir une gastronomie et être le plus vaste pays agricole d’Europe, elle n’en demeure pas moins sous les ors de sa suffisance une mendiante du commerce.
J’espère que mon analyse se trouvera faussée par une prise de conscience de nos dirigeants qui à défaut d’avoir une vision, pourrait au moins posséder du bon sens.
Notre illustration ci-dessous (les drapeaux turcs et russes prêts à tout faire exploser) est issue du site Fotolia, lien direct : https://fr.fotolia.com/id/96743848.
Quelle est la compétivité en référence au marché, les critéres de progrès ?
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