Les chambres d’agriculture de la Creuse et de l’Indre ont organisé conjointement une journée professionnelle pour améliorer les conditions de travail des éleveurs, en optimisant la distribution des fourrages. Les machines présentées visent à baisser les coûts de production et à réduire le temps de travail.
Philippe Ballet a franchi le pas l’hiver dernier. Il a doté son exploitation de charolaises, dans le nord de la Creuse, à la limite de l’Indre, de plusieurs machines. Son objectif, réduire le temps passé à nourrir ses 120 vaches allaitantes. De son aveu même, on peut dire que le pari est réussi. Là où ils étaient deux ou trois pour alimenter le cheptel avant, il peut maintenant réaliser cette tâche tout seul… Pour un temps équivalent ! Ce gain a été mis à profit pour le Gaec puisque sa femme s’occupe maintenant à temps plein d’un troupeau de 150 brebis. Philippe Ballet a acheté une mélangeuse-pailleuse. Ses conditions de travail ont été fortement améliorées… Finis les aller-retours incessants avec les seaux ! Cet outil lui a aussi permis d’améliorer les rations alimentaires des animaux. Grâce à un système de pesée, il peut composer le mélange idéal pour ses charolaises, tout en tenant compte de plusieurs facteurs (vaches allaitantes, vaches de réforme, veaux…). Le chef d’exploitation explique que cette nouvelle méthode « a simplifié le travail, avec une gestion plus rigoureuse, une pesée des stocks. On a aussi remarqué un gain de performance sur l’engraissement des animaux, qui sont devenus plus calmes en profitant plus vite ».
Plus de 70 agriculteurs du nord de la Creuse et du sud de l’Indre ont fait le déplacement dans la ferme de Philippe Ballet (187 hectares) pour étudier le fonctionnement de ces machines. En effet, les deux chambres agricoles ont organisé une journée professionnelle sur le thème de la distribution des fourrages. « Le but était de discuter de l’alimentation des animaux et de la valorisation des fourrages », confie Patrick Le Goux, du GDA (groupement de développement agricole) de Boussac (Creuse). Ces ateliers techniques ont présenté les différents types de distribution. Libre service en silo, dérouleuse… Les outils sont divers, avec des coûts qui le sont tout autant. Par exemple, une simple dérouleuse demande un investissement de 5 000 €, avec peu d’entretien et déjà présenter des avantages pour les exploitants en gain de coût de production. D’autres machines, comme des mélangeuses peuvent en revanche atteindre des sommes supérieures aux 50 000 €. D’autres encore voisinent avec les 120 000 €. Evidemment, dans ces cas, les gains de production sont plus conséquents, à l’image de l’investissement. Il s’agit donc de bien connaître ses besoins, et de les ajuster en fonction de la taille de la ferme. C’était tout l’enjeu de la présentation des animateurs des deux chambres agricoles.
Pour Patrick Le Goux, cette démarche est l’occasion de « jeter un oeil sur comment on diminue les coûts de production, au moment où l’agriculture est en pleine crise. Notre réflexion est d’améliorer les conditions de travail et dégager les marges de manoeuvre dans les exploitations. Une ration peut coûter entre 95 centimes et 1,48 € par ration. On veut donc ramener le coût de la mécanisation par rapport au coût de la ration brute ».
Pour reprendre l’exemple du Gaec Ballet, la Chambre a estimé que l’amortissement de son investissement courrait sur 7 ans. Pierre Lepée, de la chambre consulaire creusoise a aussi tenu à prévenir les éventuels candidats que tout investissement nécessitait une étude préalable. Si le thème du jour consistait à présenter les avantages de ce type de mécanisation, il n’empêche que de nombreux paramètres doivent être considérés avant de faire le grand saut du chéquier ! Les conseillers sont donc là pour affiner les projets, ne pas faire des achats surdimensionnés, étudier les plans et la distribution des bâtiments… Toute une série de données qui va orienter vers tel ou tel type de machines.
Mélangeuse à vis verticale pailleuse 18 m3, avec tracteur 120 ch, distribution par tapis arrière, chargement par télescopique avec godet trancheur
Mélangeuse pailleuse : 51 000 € (amortie 50 % distribution, 50 % paillage)
Godet trancheur : 9 300 €
Amortissement sur 7 ans
Tonnes de matière sèche distribuée par an : 453
Coûts par tonne de matière sèche : Mélangeuse : 10,8 €. Tracteur 120 ch : 10,7 €. Chargeur : 2 €.
Total par tonne de matière sèche : 23,5 €
Temps de distribution : 2h par jour (hors paillage)
La vidéo de démonstration :