Sur les conditions climatiques, personne n’a la main. Mais il y a de nombreux facteurs sur lesquels il faut être vigilant pour optimiser ses chances d’obtenir un bon rendement. Rappels des points de vigilance.
Le choix des variétés se fait d’abord sur des critères de rendement et de régularité, qui montrent que la variété se comporte bien quelles que soient les conditions climatiques. La vigueur est aussi un critère déterminant. Elle traduit la faculté de la variété de lever et de se développer rapidement, ce qui lui permettra de dépasser le stade de sensibilité avant le pic d’attaques d’altises. Tenez compte des problèmes de maladies et de ravageurs les plus fréquents dans votre zone. Face au phoma, alternez des variétés très peu sensibles avec celles porteuses de résistance RlmS, Rlm3 ou Rlm7. Si vos cultures sont régulièrement pénalisées par la hernie des crucifères, il existe des variétés peu sensibles. Selon la zone géographique, misez sur des variétés peu sensibles à la cylindrosporiose ou à l’orobanche rameuse. Le choix de la précocité sera un compromis pour éviter une floraison trop précoce, dans les zones à risques de gelée tardive, mais pour obtenir un bon remplissage des grains avant un éventuel manque d’eau en fin de printemps.
Obtenir un colza robuste débute par un semis précoce, pour une levée avant le 1er septembre et avoir dépassé les 4 feuilles, soit son stade de sensibilité, avant le pic d’arrivée des altises adultes, souvent à partir de la mi-septembre. Pour que la levée se fasse rapidement, il faut être prêt à semer dès qu’une pluie est annoncée. Un travail superficiel du sol aura permis de broyer les résidus de récolte et de limiter les mottes, qui servent de refuge aux limaces, sans pour autant trop assécher les premiers centimètres. L’optimum de profondeur de semis est de 2 cm.
Réussir son colza pour la campagne 2024
Les attaques de limaces peuvent causer d’importants dégâts sur les jeunes plantules. Les risques sont d’autant plus importants en colza que les plantes restantes n’ont pas la possibilité de compenser. Une limace consomme l’équivalent de 50% de son poids en 24 heures. Ce qui explique qu’il suffit d’une limace au mètre carré pour mettre à mal un semis. Les conditions climatiques restent le premier facteur influençant la dynamique des populations de limaces. Certaines situations sont favorables à leur développement : levée lente et irrégulière, sol motteux, semis direct et présence de résidus végétaux. Pour estimer au mieux la densité de limaces à affronter, deux à trois semaines avant le semis, des piégeages nocturnes, avec un relevé avant le lever du jour, seront un bon révélateur de la population active. Selon les risques (précédent, interculture, sol motteux, les conditions d’humidité) et vos observations de population présente, appliquez préventivement un anti-limace, métaldéhyde ou phosphate ferrique, en plein, juste après le semis.
Un apport d’azote au semis est incontournable. Il peut être fait par une fertilisation organique avant le semis, qui apportera également du phosphore et du potassium. Il vaut mieux choisir des produits qui vont libérer rapidement l’azote, comme des fientes ou du digestat. En l’absence d’amendements organiques, appliquez un engrais azoté en localisé (à raison de 10 unités) ou en plein (30 unités). La suite de la fertilisation azotée se fera selon la biomasse pesée en entrée et sortie d’hiver. La réglette azote colza, proposée par Terres Inovia, permet d’ajuster sa fertilisation selon cette biomasse, son objectif de rendement, le précédent et le type de sol. Le colza est une culture exigeante en phosphore. Le stade de sensibilité maximale à une carence en phosphore est jusqu’au stade 5/6 feuilles. Il faut être particulièrement vigilant sur le niveau des apports dans les sols pauvres ou argilo-calcaires dans lesquels le phosphore peut être bloqué. Préférez les apports dès le semis, surtout dans les parcelles à faible réserve. Autre élément clé, le soufre. Il faut apporter 75 Kg de sulfate de soufre en début de montaison. Plus tard dans la saison, si apparaissent des symptômes de carence, visibles par des décolorations entre les nervures, un complément de 100 kg de sulfate d’ammoniaque sera nécessaire. Les effluents d’élevage contiennent du soufre, il faut en tenir compte dans ses apports.
Pour démarrer sur une parcelle propre, le désherbage de prélevée est souvent incontournable, notamment pour la gestion des graminées. Les fortes infestations de vulpins et de ray grass peuvent, en début de cycle, limiter la biomasse de la culture. Une double application peut être nécessaire, d’abord avec un herbicide de la famille des FOP, puis 2e passage avec un DIM si la levée de vulpins et de ray grass est importante dès septembre et ne peut attendre un passage de propyzamide en novembre. Contre les dicotylédones, géraniums et gaillets, Mozzar/Belkar reste efficace.
Le désherbage mixte peut s’envisager en combinant intervention chimique et passage mécanique. Plusieurs combinaisons sont possibles : application localisée sur le rang avec un herbicide de prélevée et binage pour nettoyer l’inter-rang ; herbicide de prélevée à dose modulée puis 1 à 3 passages de herse étrille ou houe rotative en conditions favorables.
Les insectes d’automne, grosses altises et charançons du bourgeon terminal, peuvent provoquer d’importants dégâts sur les jeunes colzas. Les altises causent d’autant plus de dégâts qu’elles arrivent sur des plantes à des stades jeunes. Il faut intervenir si 8 plantes sur 10 présentent des traces de morsures. Les produits à base de lambda cyhalothrine (Karaté) sont efficaces. En revanche, dans les zones à forts niveaux de résistance aux pyréthrinoïdes, il faut renforcer la prévention et semer tôt pour que le colza ait dépassé le stade 3/4 feuilles avant l’arrivée des altises. Les charançons sont d’autant plus nuisibles que le colza est peu développé. Selon le niveau de nuisibilité transmis par les BSV, il faudra intervenir avec un pyréthrinoïde.
Si la variété semée n’est pas résistante à la jaunisse, il faudra surveiller les pucerons de la levée au stade 6 feuilles. Plus que pour leurs dégâts directs, les pucerons sont problématiques pour les viroses qu’ils transmettent. Si des pucerons sont observés sur la face intérieure des feuilles sur au moins deux pieds sur dix, appliquez du Teppeki.
Le sclérotinia est la maladie qui est la plus pénalisante. Il faut intervenir à la chute des premiers pétales, selon le niveau de risque transmis par les bulletins de santé du végétal. En situation à risque, il faut alterner les deux substances actives de référence, prothioconazole et fludioxonil. Le levier variétal se développe avec la variété tolérante BRV 703. Des solutions de biocontrôle existent également (Contans WG en pré-semis, Ballad, Rhapsody ou Polyversum…). Face au phoma, il faut privilégier des variétés très peu sensibles et évitez les situations de forte élongation automnale. La prévention de la cylindrosporiose passe par un choix variétal adapté. En cas d’attaque, il faut appliquer un triazole.
Le fongicide appliqué contre le sclérotinia suffit en général à protéger aussi le colza contre la mycosphaerella s’il contient un triazole. En façade océanique, où le niveau de risque est plus élevé, un 2ème traitement, avec une dose modulée, est souvent nécessaire. Ce fongicide agira également contre l’oïdium. En l’absence de risque sclérotinia, intervenez avec un triazole dès l’apparition de symptômes.
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Un autre levier essentiel que vous n’avez pas mentionné est la pollinisation. Terres innovia estime qu’une bonne pollinisation (par des insectes sauvages, pas (que) par les abeilles domestiques) peut contribuer jusqu’à quasi 1/3 du rendement. Pour s’assurer de les préserver, attention aux conditions d’emploi des traitements phyto. Un site internet explique comment choisir ses molécules et bien les utiliser pour minimiser au max leurs impacts négatifs sur les abeilles : http://www.toxibees.certifiedbeefriendly.org. Mettre des ressources alimentaires pour s’assurer de la présence des pollinisateurs est aussi utile.