Récolté au début de l’été austral, le blé est une manne financière aussi bien pour les céréaliers argentins et pour leur gouvernement. La production de blé est commercialisée alors que le Bassin de la Mer Noire se retire. En Janvier les cours étaient plus fermes. Mais l’Argentine manque d’infrastructures.
Un des thèmes de la 10e conférence d’export céréales portait sur le retour de l’Argentine sur le marché mondial des céréales et du blé en particulier. L’Argentine pourrait alors exporter jusqu’à 13,2 millions de tonnes (Mt). La récolte commencée en novembre dans le nord du pays, s’est étendue jusqu’en janvier dernier. Les lots de grains sont commercialisés depuis le mois de décembre alors que la Russie se retirait progressivement du marché.
En décembre, les céréaliers argentins ont profité des prix mondiaux de blé plus fermes qu’en début de campagne pour vendre leur récolte. Le délai de livraison porté à 360 jours leur permet de s’engager dès la récolte tout en étalant leurs expéditions tout au long de la campagne.
Cet hiver, la tonne de blé a été vendue en moyenne 213 dollars américains ou 7 900 pesos argentins en moyenne. Si en dollars le prix a augmenté de 50 % en quatre campagnes, il a crû de 300 % en pesos. La forte inflation des prix à la consommation (+ 45 % l’an passé) incite du reste les céréaliers à stocker eux-mêmes une partie de leur récolte dans des silos bag, plutôt que détenir de la trésorerie, afin de se prémunir de la hausse des prix et de la dévaluation du peso argentin.
Toutefois, 73 % des 13,2 Mt de blé exportables étaient déjà engagées en janvier et 56 % des exportations argentines réalisées entre décembre et mars. Ecouler rapidement la récolte de blé entre décembre et mars est, chaque année, la priorité des opérateurs pour désengorger les silos où seront alors stockés le maïs et le soja récoltés à partir du mois d’avril.
L’Argentine a cruellement besoin d’un new deal logistique ! Les capacités de stockage n’excèdent pas 69 % de la production argentine de grains. Le réseau routier est défaillant. Seules 10,6 % des routes sont bitumées alors que 95 % des blés sont acheminés par camions. Le trafic fluvial est inexistant et le réseau ferré est très lâche.
Dix nouveaux ports céréaliers ont été édifiés mais les capacités de chargement restent insuffisantes.
Pour toutes ces raisons, les coûts d’acheminement très élevés amputent les revenus des céréaliers. Pour un trajet de 200 kilomètres, ils atteignent 49 dollars par tonne de blé qui n’a coûté que 129 dollars à produire dans les champs ! Or les distances à parcourir sont très importantes. Et en ajoutant les coûts d’affrètement, le blé argentin n’est plus compétitif sur certaines destinations. Au début de la campagne argentine, le Brésil voisin (1,3 Mt) et l’Indonésie (1,2 Mt) sont les principaux pays clients de l’Argentine mais l’Algérie a préféré le blé français.
Toutefois, l’ensemble des décisions prises à partir de décembre 2015 par le gouvernement argentin pour débrider le fonctionnement du marché des céréales et du soja en Argentine a été très bénéfique. Le taux de change du peso a été libéré et les taxes à l’exportation ont été supprimées. Le nouvel environnement réglementaire et législatif a incité les céréaliers à cultiver 1,6 million d’hectares supplémentaires de blé et de maïs essentiellement. La production de céréales et de soja a augmenté de plus de 20 millions de tonnes (Mt) depuis décembre 2015. Elle a atteint 133 MT en décembre 2018. La hausse est équitablement répartie entre le blé, le maïs et le soja. Courant l’été austral 2018-2019, 19 Mt de blé et 46 Mt de maïs ont été récoltées. Les quantités de grains produites en plus sont exportées et rapportent jusqu’à 100 milliards de dollars américains de devises. Cette manne attise les convoitises du gouvernement. C’est pourquoi de nouvelles taxes à l’export ont été restaurées.