1000 f 346394340 2ym23tsvwgslwmtfcftyjre9jaud1qqu

Marchés des céréales, le conflit entre la Russie et l’Ukraine réactive des tensions alimentaires mondiales

Le conflit entre la Russie et l’Ukraine catalyse un ensemble de problèmes géopolitiques et climatiques.

L’Ukraine produira-t-elle suffisamment de blé pour en exporter ? La Russie sera-t-elle présente sur les marchés des céréales la prochaine campagne ?   

Au cours de son dernier conseil spécialisé « grandes cultures », FranceAgriMer a livré quelques indications sur ce que serait la fin de campagne dans le bassin de la Mer Noire.  

Au mois de juillet prochain, l’Ukraine aura en stocks les 5 Mt de blé et les 16,7 Mt de maïs que le pays ne sera pas parvenu à exporter d’ici la fin du mois de juin. Ces stocks s’ajouteront aux prochaines  récoltes de l’été prochain estimées. L’UCA, l’expert ukrainien des marchés agricoles, estime à 16Mt celle du blé (- 16 Mt sur un an) et à 19 Mt celle du maïs (- 23 Mt sur un an). En conséquence, les quantités de céréales disponibles à la consommation et surtout à l’export seraient ainsi quasiment équivalentes à leur niveau de la campagne actuelle 2020-2021.

Toutefois, les voies d’exportation sont réduites et limitées en volumes. Les céréales sont transportées par barges sur le Danube ou par trains. Mais à la frontière occidentale, les écartements des voies de chemin de fer sont différents. Aussi, les essieux des wagons qui transportent les grains doivent être réajustés quand ce ne sont pas les céréales qui sont transvasées dans d’autres wagons.

La Russie aura aussi quelques invendus puisque le trafic maritime est ralenti sur la Mer d’Azof. Au mois de janvier dernier l’UCA estimait à 12,5 Mt les stocks de fin de campagne. Depuis, la prévision n’a pas été revue faute d’informations fiables. Au mois de mars, l’USDA reprenait aussi à son compte cette prévision.

Mais pour la prochaine campagne, l’UCA table en Russie sur une production potentielle de 82 Mt de blé et sur des exportations estimées à 38 Mt. Il reste à savoir comment les grains seront expédiés et vers quelles destinations.

Après les crises de la Covid, le conflit entre la Russie et l’Ukraine réactive de nouveau des tensions alimentaires et géopolitiques.

 « Avec ce conflit aux portes de l’Union européenne, on redécouvre l’insécurité physique liée aux combats par les armes. On redécouvre aussi l’insécurité en matière d’approvisionnement », a déclaré Sébastien Abis en intervenant aux « Journées Export Agro 2022 » organisées par le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation et ses partenaires, avec Business France.

L’ensemble des pays sont de nouveau livrés à eux-mêmes et pour certains d’entre eux, à leur dépendance à l’égard des importations de produits agricoles, indispensables pour nourrir leur population et assurer leur souveraineté alimentaire.

 « Il faut produire partout plus et mieux tout en réduisant l’empreinte carbone », affirme Sébstien Abis. Le conflit entre la Russie et l’Ukraine met à mal la feuille de route « Farm to fork » de la Commission européenne. Pour rappel, elle vise entre autres à renoncer à produire pour exporter afin d’émettre moins de gaz carbonique. Avec le risque de rendre plus dépendante l’Union européenne des importations de produits agricoles.  

Or l’Union européenne mesure déjà ce que représente la dépendance depuis qu’elle ne peut plus compter sur l’Ukraine pour importer une partie des 12-15 Mt de maïs qu’elle ne peut pas produire. Les vingt-sept comme les autres pays importateurs, pieds et poings liés à l’évolution des cours du maïs et de la disponibilité de la céréale sur le marché.

Au-delà des questions agricoles, le conflit ukrainien met en exergue l’ensemble des points faibles de l’économie de chaque pays : leur dépendance aux importations d’énergies fossiles, la désindustrialisation. 

Si l’Union européenne n’était pas dépendante des importations de gaz russe, la Commission européenne aurait déjà pris la décision de ne plus en importer.

Légende photo: vue du port sur le Danube @Watcherfox

 

Article Précédent
Article Suivant