L’an passé, l’empire du milieu a importé bien plus de produits laitiers qu’à l’accoutumée, alors que leur consommation progresse à peine. Aussi, un retrait de la Chine des marchés laitiers paraît inévitable. Mais pas de manière aussi redoutable qu’en 2015-2016.
En ce début d’année sur les marchés mondiaux des produits laitiers, les opérateurs sont aux aguets, avec une question en tête: quelle sera la stratégie commerciale adoptera la Chine dans les prochains mois?
Dans une étude publiée sur son site, l’Institut de l’élevage apporte la réponse suivante : « Les marchés mondiaux des produits laitiers devraient demeurer fermes même en cas de moindres achats de la Chine ». Mais la « principale force de l’empire du milieu reste son imprévisibilité », s’empresse d’ajouter l’institut.
Au cours des dix premiers mois de 2021, l’empire du milieu avait déjà importé bien plus de produits laitiers que sur l’ensemble de l’année précédente.
La Chine avait en effet acheté 21 % de beurre et 40 % de crème de plus qu’en 2020. Les achats de poudres maigres et grasses (303 000 t) sont aussi supérieurs de plus d’un tiers.
« L’empire du milieu a asséché le marché mondial des produits laitiers en limitant les disponibilités pour les autres pays importateurs, affirme l’Idele.
Or la production mondiale de lait a fléchi l’été dernier et au début de l’automne dans l’Union européenne (- 1 % sur un an ai mois d’octobre), en Australie (- 2 %) et en Nouvelle Zélande (-3 %).
La baisse se poursuivant, l’augmentation de la collecte constatée durant le premier semestre dans les grands bassins de production orientés vers l’export (Union européenne, Etats-Unis), sera en partie annihilée dans les prochains mois.
Aussi, les importations massives de produits laitiers par l’empire du milieu ont alimenté la hausse des prix du lait payés aux éleveurs tout au long de l’année.
Or ces achats ne sont pas justifiés par une consommation en hausse sur le marché intérieur. Des stocks importants se sont vraisemblablement constitués.
« D’autre part, la fermeture de certains ports liée à des quarantaines pour cause de cas de covid-19 chez les dockers n’a pas permis à la logistique locale de toujours décharger aussi rapidement que souhaité », explique l’Idele.
Pour toutes ces raisons, l’empire du milieu ne peut pas indéfiniment importer plus de produits de laitiers. Les pays exportateurs, la Nouvelle Zélande en tête, en ont bien conscience.
« En 2020, le marché chinois a capté 47% des exportations néozélandaises poudre de lait entier puis près de 60% sur les dix premiers mois de 2021 », rapporte l’Idele.
Un engorgement redouté
Pour autant, aucun opérateur ne sait quand l’empire du milieu réduira ses achats. Mais lorsque ce dernier renoncera à une partie de ses importations, les producteurs de lait des pays exportateurs seront alors doublement pénalisés par une chute des prix du lait et par des coûts de production élevés (+17 % de l’indice Ipampa en rythme annuel).
Par ailleurs, la Nouvelle Zélande sera tentée de détourner une partie de ses exportations vers d’autres pays. Aussi, elle entrera en concurrence, sur les marchés de l’export, avec l’Union européenne ou les Etats-Unis notamment.
Ce nouvel engorgement des marchés est déjà redouté.
Des débouchés sud-asiatiques
Mais l’Idele se veut serein. Ces dix dernières années, les pays sud-asiatiques sont devenus des débouchés importants susceptibles de prendre en partie de le relais de la Chine si celle-ci se retirait. Leurs achats de produits laitiers croissent chaque année.
Les prix élevés des intrants dissuadant les éleveurs des pays bassins laitiers tournés vers l’export de produire du lait, ces derniers réduisent depuis des mois les effectifs de leurs troupeaux. Quand ils ne cessent pas tout simplement de produire pour partir en retraite ou par manque de salariés disponibles.
Légende photo: en Chine, rayon de produits laitiers d’un supermarché