L’agribashing était un mot inconnu il n’y a pas si longtemps. Aujourd’hui, il apparait partout. Derrière ce dénigrement de l’agriculture que laisse supposer cet anglicisme, Eddy Fougier a mené une enquête approfondie pour en comprendre les tenants et les aboutissants, d’où son livre, « malaise à la ferme – enquête sur l’agribashing ». Présentation.
S’il avait voulu s’inspirer du cinéaste Woody Allen, Eddy Fougier aurait pu intituler son ouvrage « Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur l’agribashing sans jamais oser le demander ». Parce qu’il s’agit d’un anglicisme, par ce que le terme est lié à certaines extrapolations, l’agribashing s’apparente à un gros mot, de ceux dont on dit qu’il ne faut pas les prononcer, mais que tout le monde utilise.
Dans son style si particulier (que les lecteurs de WikiAgri connaissent bien avec la rubrique Réflexions), celui avec lequel chacune des informations données est sourcée avec précision, Eddy Fougier décrypte le néologisme et ses multiples significations, ainsi que les implications du phénomène qu’il décrit dans notre société actuelle, pas seulement agricole.
L’agribashing, c’est donc dire du mal de l’agriculture et des agriculteurs. Eddy Fougier démontre toutefois que c’est davantage l’agriculture qui est visée que les agriculteurs (plutôt bien aimés par la société), et pas toutes les formes d’agriculture, celles dont l’on croit, à tort ou à raison, qu’elles sont préjudiciables à la santé. Il explique (toujours en s’appuyant sur une documentation forte et transparente) aussi que cet agribashing, souvent apparenté à la Fnsea, dépasse finalement largement ce cadre : s’il est exact que plusieurs manifestations du syndicat majoritaire ont eu pour thème l’agribashing, le phénomène, et l’utilisation du mot, ne sauraient s’arrêter là.
Lors d’une conférence récente donnée à l’initiative du Think tank agriDées (la première où Eddy Fougier a pu présenter son livre), l’auteur a bien expliqué que le cible essentielle de son ouvrage était le grand public, même si bien sûr le monde agricole a aussi à apprendre à le lire. Il aimerait contribuer à son modeste niveau à éviter la propagation de cet agribashing, et donc à rapprocher agriculteurs et société. Le dénigrement est dû à une méconnaissance, qu’il se propose de combler ainsi en partie.
Pour autant, il adresse également un message aux acteurs du monde agricole : il existe des attentes sociétales, et la meilleure façon d’éviter cet agribashing est encore d’en tenir compte. Il lui conseille ainsi de s’appuyer (page 157) sur des « fondamentaux qui sont bons, à commencer par la bonne image auprès de l’opinion (Ndlr : décrite dans un chapitre précédent), mais aussi l’intérêt du public pour tout ce qui a trait à l’alimentation, au local, aux traditions culinaires, aux labels ou aux circuits courts, ou encore la reconnaissance de la qualité de la production agricole française.«
La conclusion de l’ouvrage est très intéressante. Et je ne dis pas cela parce qu’Eddy Fougier, dans son argumentation en faveur d’un retour de l’humain dans les différentes institutions proches des agriculteurs, cite des passages du livre dont je suis le coauteur avec Camille Beaurain, « Tu m’as laissée en vie ». Mais parce que je soutiens totalement cette vocation à vouloir résoudre les problèmes par la restauration des rapports humains. Au fil du temps, ou dès qu’un problème se pose, les solutions proposées ne tiennent plus compte d’un élémentaire dialogue entre les parties prenantes. Or c’est par la réouverture de ce dialogue que l’on trouvera des solutions partagées, et donc pérennes, aux maux de notre société…
« Malaise à la ferme – Enquête sur l’agribashing », par Eddy Fougier, aux éditions Marie B, collection Lignes de repères.
Lien vers l’éditeur : https://www.editions-marieb.com/malaise-a-la-ferme-agribashing.
Pour l’acheter en ligne sur Amazon ; ou à la Fnac (évidemment bien d’autres sites marchands possibles).
Dans le cadre de la télévision éphémère Le Siècle Vert au Salon de l’agriculture, une émission animée par Jean-Paul Hébrard (TV Agri) fut axée sur le « malaise à la ferme », avec interventions d’Eddy Fougier, André Sergent (président de la chambre d’agriculture de la région Bretagne) et moi-même. Voici son enregistrement vidéo.
Nos photos ci-dessous, Eddy Fougier répond aux questions de Marie-Laure Hustache (puis de la salle) lors d’une conférence à agriDées. En-dessous, couverture de son ouvrage.