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Maladies des céréales, adapter la protection fongicide à la situation

Les stades sont très variables d’une zone à l’autre, d’une espèce à l’autre, d’une variété à l’autre. Il est nécessaire de bien repérer le stade 2 nœuds, à partir duquel les céréales sont sensibles aux maladies et surveiller de près l’état des feuilles pour mettre en place la meilleure stratégie.

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En tendance, les blés atteignent ou dépassent le stade 2 nœuds, stade qui marque le début de la période de nuisibilité de la septoriose et de la rouille brune. Néanmoins, il convient d’être vigilant cette année car une forte variabilité des stades est observée entre espèces et entre variétés.

Sur une même ferme, il est fréquent d’observer des écarts de stades de plus 3 semaines, entre une variété précoce type Descartes et une variété plus tardive type Rubisko par exemple. Ces écarts sont bien plus marqués entre blé dur et orge. Ponctuellement, on observe des blés au stade dernière feuille pour les secteurs les plus précoces (bordure maritime, sud Charente-Maritime). Ce constat passé, cela milite encore plus pour bien adapter la protection fongicide aux parcelles de précocité et de tolérance maladies voisines.

Bien repérer les stades : 2 nœuds, début de période de sensibilité aux maladies foliaires

Le stade 2 nœuds est atteint lorsque la distance qui sépare la base du plateau de tallage et le sommet de l’épi atteint 6 à 12 cm (6 cm pour les variétés peu sensible à la verse et 12 cm pour les variétés sensibles à la verse). A ce stade, c’est normalement la F2 définitive qui pointe. Le nombre de feuilles restant à sortir peut être vérifié par dessiccation de la tige principale.


Oregrain au stade 2N passé (30/03/2016 – Le Magneraud)

Remarque : Cette année il n’est pas rare d’observer pour quelques situations précoces (blé dur, semis précoces…) qu’au stade 2N, la feuille pointante n’est que la F3 définitive et donc il reste encore 2 feuilles non visibles à sortir.

Conséquence : dans ce type de situations, la durée « 2N – DFE » sera plus longue et il est donc recommandé de ne pas déclencher trop tôt la lutte fongicide et de bien observer le nombre de feuilles à sortir pour éviter des erreurs dans la prise de décision d’intervention. On peut émettre l’hypothèse que l’élongation des tiges a été plus précoce que l’émission des feuilles.

Bien repérer les étages foliaires à observer pour évaluer le risque maladies

Observer la F4 ou la F3 définitive selon le stade pour décider du risque maladies. L’observation de la septoriose se fait sur l’étage foliaire permettant de limiter les contaminations sur les 3 dernières feuilles.

• A partir du stade 2 nœuds, observez la F2 du moment (deuxième feuille déployée en partant du haut de la plante), qui correspond à la F4 définitive, sur une vingtaine de plantes.

• A partir du stade dernière feuille pointante, observez la F3 déployée du moment (F4 définitive).

Figure 1 : observation des feuilles sur blé

Septoriose : les parcelles de la bordure maritime, sud de la région et parcelles précoces sont régulièrement au seuil de risque, surveillez-les en priorité

L’inoculum de septoriose est très important cette année compte tenu des conditions climatiques favorables à la maladie depuis le début de la campagne. La progression de la maladie a été ralentie par l’absence de pluie dans la 2e décade de mars. Les symptômes sont généralement observés sur les feuilles de bas de plantes pour l’instant. Mais les pluies depuis une semaine sont favorables aux contaminations et permettent à la maladie de progresser sur les étages supérieurs. Comme d’habitude, ce sont bien les pluviométries printanières actuelles qui vont peser dans la lutte contre la septoriose et du déclenchement du premier traitement.

Pour la décision d’intervenir, l’observation de la septoriose est déterminante à partir de 2N, l’utilisation de modèles de prévisions de risque permet aussi d’affiner le risque.

A 2 nœuds, intervenir si :
• Variétés sensibles (notes 4 à 6) : si plus de 20 % des feuilles F4 définitives présentent des symptômes.
• Variétés peu sensibles (notes > 7) : si plus de 50 % des feuilles F4 définitives présentent des symptômes.

A partir du stade dernière feuille étalée :
• 20 % pour les variétés sensibles et 50 % pour les variétés peu sensibles sur les F3 définitives.

Sans être exhaustif, les secteurs les plus précoces (bordure maritime, sud Charente-Maritime) où les blés sont les plus avancés (et/ou date de semis précoce), atteignent régulièrement le seuil d’intervention, alors que d’autres secteurs (plus tardifs voire moins arrosés comme certains de la Vienne) ont un risque actuellement plus faible.

Si les conditions climatiques pluvieuses persistent, la stratégie en 2 traitements se révélera nécessaire contrairement à l’an dernier où l’atteinte du seuil d’intervention était réalisée vers le stade dernière feuille étalée.

Attention toutefois à des éventuelles interventions fongicides trop précoces et au relais fongicide qui doit intervenir moins de 20 jours après : le traitement pivot de la protection foliaire reste celui à dernière feuille étalée.


Figure 2 : évaluation du risque septoriose au 2 avril 2016

Rouille brune : surveiller les variétés sensibles, la rouille brune pourrait aussi être un facteur de déclenchement de la première intervention fongicide

Le risque rouille brune est important cette année, en lien avec la douceur hivernale, de même niveau que 2007. Toute la région est classée en risque fort pour le potentiel de contamination (selon la somme de températures moyennes du 01/11/2015 au 31/03/2016). La menace de voir exploser la rouille brune est donc importante et va dépendre maintenant des conditions climatiques du mois d’avril. Des conditions sèches et froides pourraient limiter son développement. A l’inverse, l’humidité et des températures autour de 20°C lui permettront de poursuivre son évolution.

Observer en priorité les variétés très sensibles comme Pakito, Solehio, Arezzo, Hybiza, Cellule, Calumet … et les blés durs notamment Karur et Miradoux.

Seuil d’intervention : à partir du stade 2 nœuds, dès l’apparition de pustules sur l’une des 3 dernières feuilles déployées du moment.

Et sur orges d’hiver ?

Les orges d’hiver les plus avancées atteignent le stade 1 nœud, stade marquant le début de période de nuisibilité des maladies foliaires. Rhynchosporiose, helminthosporiose et rouille naine sont fréquemment observées avec atteinte des seuils d’intervention.

Seuil de risque du stade « 1 nœud » au stade « sortie des barbes » :
• Variétés sensibles : plus de 10 % des feuilles atteintes et plus de 5 jours avec pluies > 1 mm depuis le stade « 1 nœud ».
• Variétés moyennement et peu sensibles : plus de 10 % des feuilles atteintes et plus de 7 jours avec pluies > 1 mm depuis le stade « 1 nœud ».

Comptabiliser ensemble les tâches de rhynchosporiose et d’helminthosporiose dès le stade « 1 nœud ». Si la somme des feuilles atteintes par l’une ou l’autre des maladies dépasse 10 ou 25 % (selon la sensibilité variétale), le seuil est atteint.

 

 

 

Thibaud Deschamps, Céline Drillaud, Jean-Louis Moynier (Arvalis – Institut du végétal)

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