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Maïs grain : l’ETA Friess s’adapte aux aléas

Thomas, Rémy et Romain FRIESS devant leur moissonneuse

 
Rémy Friess est le gérant de l’ETA du même nom, à Rohr dans le Bas-Rhin. Le maïs grain tient une grande place dans ses tâches quotidiennes avec quelque 1500 hectares travaillés chaque année. Mais la sole baisse dans le secteur, en conséquence des aléas climatiques, politiques et économiques. Il partage ses stratégies d’adaptation. 

 
Rémy Friess emploie 3 salariés à mi-temps. Deux d’entre eux sont ses fils : Romain et Thomas. Ils ont tous les deux suivi un cursus dans l’agroéquipement, tout comme lui. De fait, les travaux mécaniques se gèrent souvent en famille. Dans le secteur de Rohr, le maïs est principalement cultivé par des exploitations en polyculture élevage. L’ETA a également beaucoup de clients en Lorraine. Le département voisin est situé à 30 minutes en voiture. 

 

Une sole de maïs qui baisse

Dans l’ensemble, le gérant voit la sole maïs baisser régulièrement chaque année. « Des exploitations qui détenaient 80% de maïs en monoculture sont maintenant à un ratio de 50% ». Quant aux surfaces travaillées par l’ETA Friess, elles avoisinaient 2000 ha il y a quelques années. En conséquence, le gérant adapte les matériels sur son entreprise. « En 2022, on s’est équipé d’une coupe spéciale tournesol avec un broyeur en dessous. Des becs à maïs, on en avait déjà 6 ou 7. Aujourd’hui, il ne nous en reste plus que 5 et c’est encore bien assez ! ». Depuis 5 ans, de plus en plus de blé et de colza sont implantés, mais aussi des cultures de printemps (tournesol, soja). L’obligation de rotation des cultures liée à la PAC en est la principale raison. Le facteur climatique décourage aussi les exploitants agricoles, entre sécheresse catastrophique et années trop pluvieuses. 

 

Faire soi-même ou laisser faire

L’ETA Friess peut réaliser tout type de travaux sur maïs grain. L’étape de la préparation du sol est celle qui est le moins demandée. « De nombreux agriculteurs ont le matériel pour le faire ». Au niveau du semis, chacun de ses fils est responsable d’un semoir monograine. Romain gère essentiellement les semis de maïs avec le 8 rangs à 75 cm. Quant à Thomas, « il prend les 12 rangs à 50 cm. Il sème le maïs grain, mais aussi la betterave, le colza et le tournesol ». Rémy Friess constate que dans le Bas-Rhin, il est courant pour un agriculteur de la zone de posséder un semoir monograine, même pour 10 à 30 ha. « Par contre, en Lorraine, ils laissent semer sur des surfaces de 30 à 100 ha par exploitation. »



Le désherbage : pulvérisation ou binage ?

Le désherbage est une opportunité dans le secteur. Rémy Friess travaille de plus en plus chez des agriculteurs qui souhaitent laisser de côté cette partie de l’itinéraire technique. « Les contraintes sont trop fortes : obtention et au renouvellement du certiphyto, pulvérisateur aux normes avec les bonnes buses, connaissance de la règlementation sur les produits, … ». D’autres agriculteurs sont passés au binage. « Les 8 clients que nous avons le font pour trois raisons. Il s’agit de réduire le coût et les quantités d’engrais avec la localisation, de réduire les quantités de matières actives pour obtenir les certifications HVE  (Haute valeur environnementale) ou de rattraper un désherbage chimique ». Rémy Friess propose la prestation, mais il reconnaît être encore sous-équipé pour réaliser cette étape à plus grande échelle. « La faute aux fenêtres météorologiques souvent restreintes. Elles contraignent l’utilisation de la machine ».

L’entreprise propose aussi le traitement contre la pyrale du maïs avec enjambeur. Cette technique reste d’après lui la plus efficace, lorsque la pression est forte. 

 

La récolte : des années disparates

Ces dernières années, « c’est compliqué au niveau des rendements. En 2022, on passe de 30-40 qx/ha à 130 qx/ha, sur des zones géographiques très proches ». Avec la sécheresse, les fonds de vallée ont très bien résisté, mais dans les terres séchantes, les résultats ont été catastrophiques. Cinq ou six saisonniers sont mis à contribution pendant ces périodes très chargées. Mais le climat pose aussi de plus en plus de problèmes pour gérer les emplois du temps. Les saisonniers, qui ont souvent plusieurs employeurs, ont du mal à caler leur date de congés pour participer aux récoltes. « Souvent, on leur demande de les réserver 6 mois à l’avance ». En 2021, « il a tellement plu qu’on a récolté mi-octobre. Cette année, on a sorti les moissonneuses fin août à cause de la sécheresse et les récoltes ont fini fin octobre ». Le contexte énergétique explique l’étalement des récoltes en 2022. Pour éviter les frais trop élevés, les agriculteurs ont préféré tenter le séchage au champ. L’ETA a aussi dû revoir ses tarifs à la hausse avec l’augmentation des prix du carburant. « En Lorraine, la pratique consistait déjà avant à faire le plein chez les clients. C’est d’ailleurs une pratique qui a eu cours chez certains collègues en Alsace, cette année. »



Parc matériel :

– 1 tracteur équipé en GPS (250 cv)

 – 3 tracteurs équipés du signal RTK (160 à 250 cv)

 – 2 semoirs monograine (8 rangs / 75 cm et 12 rangs / 50 cm)

 – 1 semoir à céréales (combiné rotoherse)

 – 8 moissonneuses

 – 6 ensileuses

 – 2 presses enrubanneuses

 – 3 autochargeuses

 – 1 bineuse 8 rangs

 – 1 automoteur (4000 litres, 30 mètres de rampe)

 

 
 
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