Pour rémunérer les éleveurs laitiers 2 Smic par mois, il faut payer 480 € les 1 000 litres et non pas 396 € comme veut le faire croire l’interprofession laitière. Le coût de revient d’un producteur de lait spécialisé en zone de plaine, publié par l’interprofession laitière, est de 396 € pour 1 000 litres. Il équivaut à un coût de revient de 244 € par 1 000 litres hors rémunération (2 Smic par mois). Or selon l’observatoire des marges, le coût comptable est de 364 € (1).
L’observatoire des marges et des prix est un ouvrage qui fait référence dans toute la profession agricole et pourtant, l’interprofession laitière produit ses propres statistiques, quitte à s’attirer les foudres des éleveurs !
Alors que les négociations commerciales entre les industriels et la grande distribution se déroulent un rythme effréné, un communiqué publié le 14 novembre dernier par la Fédération nationale des producteurs de lait (Fnpl) a attiré l’attention de ses adhérents. Il révèle que le prix de revient moyen des 1 000 litres de lait produits par les exploitations laitières françaises spécialisées, calculé et pris comme référence par l’interprofession laitière tout au long de ces négociations commerciales, serait de 396 €. Il serait égal au coût de production total moins le montant des aides et des produits de la vente des animaux.
Or, une partie des enjeux de ces négociations commerciales est, selon la Fnpl, la répercussion des hausses des prix des produits laitiers négociées avec la grande distribution, tout au long de la filière agroalimentaire, jusqu’aux éleveurs (1). Mais si le prix de revient pris en référence n’est pas le bon, l’exercice sera faussé.
Pour la Fnpl, ce coût de 396 € par 1 000 litres publié par l’interprofession « prendrait en compte la rémunération du producteur » sans mentionner le montant pris en référence. Hors rémunération, ce même coût de revient serait de 244 €/1 000 l pour 2 smic par mois (396 € – 152 €) (2).
Or pour que l’éleveur soit rémunéré 1,5 smic par mois, l’observatoire des marges et des prix (1) mentionne un coût de production du lait de vache en zone de plaine de 442 € pour 1 000 litres.
D’autre part, hors rémunération, le coût comptable moyen du lait de vache dans ces mêmes exploitations serait de 364 € pour 1 000 litres (1).
Or pour une exploitation de 330 000 litres produits par an, une rémunération de deux Smic équivaut à 152 € pour 1 000 litres, et pour un smic et demi, à 114 € pour 1 000 litres (2).
Aussi, toujours selon l’observatoire des marges et des prix (1), en ajoutant une rémunération équivalente à deux smics par mois (152 €), le coût comptable passerait à 516 € (364 €+ 152 €) ou à 478€/1 000 l pour 1,5 smic (364 € + 114 €).
Comme la vente des animaux et des aides équivaut à 88 €/1 000 l selon l’observatoire des marges et des prix, le prix du lait doit être au moins supérieur à 428 €/ 1 000 litres (516 € – 88 €) pour assurer une rémunération de 2 smic par mois (390 € pour 1,5 smic).
Et si les aides Pac sont assimilées à un supplément de revenu, à ajouter à celui dégagé par les ventes de lait et d’animaux, le prix du lait (428 €/ 1 000 l ou 390 €/ 1 000 l selon les deux cas de figure) devrait être augmenté au montant de ces soutiens rapporté aux 1 000 litres. Sinon, ces aides couvriraient un manque à gagner.
(1) référence observatoire des marges et des prix édition 2017.
(2) Une rémunération équivalente à un salaire moyen de 2 Smics (2 x1480 €) équivaut à 50 438 € (12 x 2x 1 480 x 1,42), et pour un Smic et demi, elle est de 37 830 € environ (1,5 x 1480 x 1,42 x 12). Ces montants incluent le montant des prélèvements obligatoires que l’éleveur devra s’acquitter.
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