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Maïs, chaleur et sécheresse accélèrent la fin de cycle

Alors que les maïs présentaient le 20 août des retards de 5 à 10 jours pour des semis de mi à fin avril, les sommes de températures cumulées depuis cette date ont comblé une partie du déficit thermique. Mais, dans les parcelles touchées par la sécheresse, les cinétiques de maturation s’emballent, fragilisant les plantes.

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Avec des bilans supérieurs aux médianes de 20 à 100 degrés-jours (cartes 1 et 2), les températures enregistrées entre le 20 août et le 10 septembre ont accéléré les vitesses de maturation des maïs récoltés en fourrage et en grain.

Carte 1 : écarts de sommes de température (seuil 6-30°C) de l’année 2016 avec la médiane (1996-2015) entre le 21 avril et le 10 septembre


Carte 2 : écarts de sommes de température (seuil 6-30°C) de l’année 2016 avec la médiane (1996-2015) entre le 11 mai et le 10 septembre

Les déficits de pluviométrie et de bilans hydriques potentiels enregistrés dans de nombreuses régions entre le 1er juillet et le 10 septembre (cartes 3 et 4) ont, en plus des pertes de rendement, accéléré les maturations des parcelles en culture pluviale et touchées par des arrêts d’irrigation.

Dans les situations de stress marqués, les prévisions de dates de maturité basées sur la seule méthode des sommes de températures, qui fonctionnent bien en situations de croissance correctes sont mises en défaut. Ces accélérations de maturité, qui raccourcissent le cycle de culture, ont deux origines : d’une part elles sont dues à l’augmentation des températures des plantes dont la transpiration réelle est largement inférieure à la transpiration potentielle (régulation thermique interne). D’autre part, elles proviennent des effets de déshydratation des organes, sénescence de l’appareil végétatif et dessiccation du grain.

Des écarts de teneurs en eau du grain de 3 à 5 points peuvent être constatés entre parcelles souffrant de sécheresse et parcelle correctement alimentées en eau.

Carte 3 : écarts de précipitations en mm entre le 1er juillet et le 10 septembre 2016 avec la médiane (1996-2015)

Carte 4 : écart du bilan hydrique potentiel « pluies-ETP » en mm de 2016 sur la période du 1er juillet au 10 septembre avec une année médiane (1996-2015)

Les déficits hydriques fragilisent les plantes

La combinaison de températures élevées et de déficits hydriques provoque un emballement des évolutions des teneurs en matière sèche en ensilage, pouvant atteindre 1 à 1,5 point de % MS/jour. Cela a conduit à anticiper les chantiers de récolte des maïs fourrage qui sont en cours dans de nombreuses régions d’élevage.

En maïs grain, les prévisions de dates de maturité se rapprochent des dates moyennes, excepté pour les semis tardifs. Les déficits hydriques qui causent des arrêts de croissance des grains vont conduire à des dessiccations prématurées des grains, avec une fragilisation des tiges et pédoncules sollicités par des remobilisations rapides des assimilats pour soutenir les poids de mille grains. Les coups de vents, fréquents à l’automne constituent aussi des risques pour les parcelles touchées par des dégâts de foreurs. Certes les teneurs en eau du grain, critère important en matière d’économie de séchage, sont à considérer pour les récoltes, mais la solidité des plantes et les prévisions météo, notamment pour les maïs assolés, seront à surveiller pour les déclenchements des chantiers.

 

Julie Callens, Josiane Lorgeou (Arvalis – Institut du végétal)

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