Semer tôt pour récolter plus sec
Les frais de séchage représentent des charges importantes en maïs. Pour récolter des maïs plus secs, plusieurs leviers sont à la disposition des agriculteurs :
• Semer plus tôt : en Sud Aquitaine, on estime, qu’en médiane, un semis du 10 avril permet de gagner 10 points d’humidité à la récolte par rapport à un semis du 10 mai (pour une même date de récolte). Le tableau 1 donne les dates limites théoriques de semis pour espérer atteindre 24 % d’humidité avant le 20 octobre en fonction du secteur géographique et de la précocité variétale.
Tableau 1 : date limite théorique de semis pour atteindre 24 % d’humidité avant le 20/10
• Choisir une variété plus précoce : le choix de la précocité d’une variété est un compromis technico-économique entre le rendement et l’humidité. A rendement équivalent, il est bien entendu plus intéressant de choisir la variété qui aura l’humidité à la récolte la plus faible. A noter que, plus les prix du maïs sont bas, plus il devient intéressant de précocifier ses variétés.
• Récolter plus tard : c’est un pari un peu hasardeux à double titre. Les conditions climatiques ne permettent pas tous les ans de repousser la date de récolte. De plus, les récoltes tardives favorisent le développement des champignons de type Fusarium et la production de mycotoxines, ce qui est très dommageable pour nos débouchés.
Semer tôt pour limiter les pertes de rendement et essayer d’esquiver le stress hydrique
Figure 1 : Rendement en fonction de la date de semis – Sol de touyas – Montardon – 2010
Semer tôt peut permettre d’augmenter son potentiel de rendement, grâce à la mise en place précoce d’une surface foliaire capable d’intercepter le rayonnement des jours longs (juin-juillet), et ceci afin de maximiser la photosynthèse.
L’autre atout des semis précoces est d’avancer le stade floraison (stade le plus sensible au déficit hydrique), et donc d’espérer « esquiver » la période de fort stress hydrique en été. Bien entendu, la réussite de cette stratégie dépend de la météo. Le choix d’une variété plus précoce (de surcroît semée tôt) permet également d’avancer le stade floraison.
Semer tôt : quels sont les risques ?
Le gel peut être un risque pour les semis trop précoces. En fonction de la zone, la date du dernier gel à 0°C varie entre mi-mars et mi-avril (tableau 2).
Tableau 2 : date du dernier jour de gel à 0°C sur la période janvier-juin – Etude fréquentielle sur la période 1997-2016
Source : Arvalis – Institut du végétal et Météo France
Les levées en semis précoces étant plus longues du fait des températures fraîches, les maïs sont plus exposés à des problèmes agronomiques (battance des sols) et aux bio-agresseurs. Les attaques de ravageurs du sol peuvent être plus importantes en semis précoces (taupins, limaces, nématodes…). La flore adventice change également, et on voit se développer des adventices des cultures de printemps (mercuriale, renouée liseron…).
Semer tôt : quelles précautions à prendre
En fonction des conditions de la parcelle, les semis précoces sont plus ou moins faisables (figure 2).
Figure 2 : Faisabilité des semis précoces
Les conditions d’implantation sont au moins aussi importantes que la date de semis, notamment pour les semis d’avril. Quelle que soit la date de semis, il est indispensable d’attendre un bon ressuyage de la parcelle avant d’intervenir pour éviter lissage et tassements préjudiciables à l’enracinement. Il faut aussi noter qu’un sol ressuyé se réchauffera mieux. Par ailleurs, on évitera les préparations de sol trop fines, notamment en sols sensibles à la battance. Cette règle est encore plus importante pour les semis précoces, plus exposés pendant la phase sensible entre le semis et la levée.
Tout ce qui favorisera le démarrage rapide de la culture sera à privilégier : variété à bonne vigueur au départ, engrais starter localisé dans la raie de semis. Une protection insecticide en traitement de semences ou en micro-granulés dans la raie de semis sécurisera le peuplement. Enfin, en semis précoce, le recouvrement de l’inter-rang peut être lent et le re-salissement des parcelles peut exiger un renforcement du programme herbicide ou un rattrapage mécanique au moyen d’un binage.