Avec une moyenne de 4,5 Mt de blé tendre importées par campagne, dont 1 Mt d’origine française, l’Italie monte sur le podium des importateurs intracommunautaires de blé.
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L’Italie, très réputée pour ses pâtes, est le pays roi de la production de blé dur en Union Européenne. Il y consacre la moitié de ses surfaces céréalières chaque année, soit 1,2 million d’hectares pour une production de 5 Mt (figure 1). Cela représente 4 fois la superficie et la production française !
Les surfaces de blé tendre sont moins importantes puisqu’elles représentent à peine 600 000 ha, pour une production d’environ 3 Mt par campagne. Près de 85 % de cette production est destinée à la meunerie locale.
Figure 1 : Zones de production du blé tendre (à gauche) et du blé dur (à droite) en Italie (en milliers de tonnes) – moyenne 2010-14
Source : ISMEA
Cependant, tant en termes de qualité que de quantité, la production locale ne suffit pas à la demande du pays. Les difficultés agronomiques et les problèmes de stockage ne jouent pas en faveur de la production locale. Les meuniers italiens peinent à y trouver des lots homogènes. Ainsi, le pays importe chaque année entre 4 et 5 Mt de blé tendre. Sur ce volume, plus de 80 % est directement utilisé par la meunerie. Les 20 % restants sont utilisés pour la fabrication d’aliments composés pour animaux.
Pour combler les déficits de qualité de la production locale, l’Italie importe des blés de meilleure qualité que les siens (figure 2). On retrouve ainsi des imports depuis les Etats-Unis et le Canada, sur des blés très protéinés. Le blé français quant à lui représente 22 % des parts de marché du pays, avec un million de tonnes importées par an, en très grande partie de qualité meunière.
Les blés hongrois, qui sont les principaux concurrents des blés français, ont considérablement augmenté leur présence sur le marché italien ces dernières années, notamment grâce à une bonne qualité (tableau 1). Ils ont atteint le million de tonnes en 2016/17, profitant ainsi de l’accident de la récolte française et de l’augmentation totale des importations.
L’Autriche est également de plus en plus présente en Italie, avec en moyenne 500 kt exportées par campagnes.
Les pays de la Mer Noire – Roumanie, Bulgarie et Ukraine – sont également visibles dans les imports italiens, mais ils correspondent en partie à du blé fourrager.
Figure 2 : Répartition par origine des importations de blé tendre en Italie (en tonnes)
Source : Stratégie Grains
Tableau 1 : Qualité des blés hongrois
Source : Granaco
L’Italie utilise principalement son blé tendre pour la production de farine destinée à la consommation humaine (70 %). Il n’existe pas dans le pays d’amidonnerie ou de biocarburant issu du blé tendre.
La meunerie italienne a écrasé en 2016, 5,4 Mt de blé tendre pour produire 4 Mt de farine. Contrairement au blé dur, la farine de blé tendre est uniquement destinée à la consommation nationale, elle n’est donc pas exportée. Idem pour les produits de seconde transformation à base de blé tendre. Cette production a légèrement diminué ces dernières années suite à une baisse de la consommation de pain des Italiens.
Sur les 4 Mt de farine produites, 2 Mt sont destinées à la fabrication de différents pains et le reste se répartit entre autres pour la fabrication de biscuits (0,5 Mt), de pizzas (0,5 Mt) et de pâtisseries (0,5 Mt).
Le débouché animal représente 30 % de l’utilisation du blé tendre en Italie (un peu plus de 1 Mt). Une partie vient de la production locale de qualité non meunière, le reste est importé. Il est surtout utilisé dans les aliments composés pour compléter le maïs et l’orge. Le marché italien a la spécificité d’utiliser presque uniquement des céréales dans ses rations alimentaires, et non des sous-produits ou autres matières énergétiques comme le manioc.
Par Antoine Jeandey
Journaliste professionnel depuis 1987. Rédacteur en chef de WikiAgri depuis sa création, en janvier 2012. Par ailleurs élu, adjoint au maire de Chaudon (commune rurale d'Eure-et-Loir, 1700 habitants). Co-auteur (avec Camille Beaurain) de "Tu m'as laissée en vie - Suicide paysan, veuve à 24 ans" paru au Cherche Midi éditeur. 
