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Depuis le semis, l’analyse des conditions climatiques indique un déficit de températures et un cumul de pluie médian voire en excès en Normandie. Dans la majorité des parcelles, les lins ne sont pas à des stades avancés et la croissance journalière n’est actuellement pas excessive contrairement à l’année 2014 (dernière année avec de la verse). Les linières doivent faire l’objet d’une attention particulière avant la floraison car c’est durant la phase d’élongation que les tiges sont les plus fragiles.
L’année 2016 est une année pluvieuse, les cumuls pluviométriques sont dans certains secteurs (Caen) proche de la médiane des 20 dernières années et en excès dans d’autres (Le Neubourg). L’année est également caractérisée par des températures beaucoup plus froides que la médiane de ces 20 dernières années.
Figures 1 et 2 : conditions climatiques depuis le semis en Normandie sur les 20 dernières années
Une croissance des lins qui s’accélère actuellement
Les suivis de hauteur durant la phase de croissance active indiquent des croissances journalières modérées dans la dernière quinzaine de mai, mais elles se sont accélérées ces derniers jours.
Par exemple, Arethasemée le 21/03/2016 à St-Aignan de Cramesnil (14), mesurait 14 cm le 16/05 et 36 cm le 26/05 ; elle montre un gain de 2,2 cm/jour. Le 01/06, la hauteur est de 59,3 cm d’où une croissance de 3,8 cm/jour.
Figure 3 : suivi de la hauteur de la variété de lin fibre de printemps Aretha sur deux sites
A la même date qu’en 2015, la hauteur des lins est identique mais la dynamique de croissance est totalement différente avec un risque de verse beaucoup plus élevé comparativement à 2015. Le risque de verse doit être apprécié dans chaque parcelle en prenant en compte les conditions climatiques mais également la croissance observée.
Quand faut-il intervenir ?
Il est recommandé d’anticiper un traitement régulateur si certaines de ces conditions sont réunies :
– Une croissance active des lins (supérieure à 3 cm /jour).
– Des conditions climatiques pluvieuses et/ou orageuses annoncées sous les 72 h à venir.
– Un sol à bon potentiel.
– Densité de plantes supérieure à 1600 plantes/m².
– Avant le stade floraison.
Une grille de décision permet de raisonner sa stratégie de régulation à la parcelle. Il convient de prendre en compte les trois composantes climat – sol – plante. Pour ce faire, une grille a été élaborée afin d’apprécier les facteurs de risque au cours de la campagne. Cette grille pose les bases du raisonnement de la régulation du lin fibre.
Figure 4 : grille de risque de verse sur lin fibre de printemps
Interprétation de la somme des notes A + B + C
0 à 5 : Risque nul ou faible : l’intervention n’est pas recommandée
6 à 7 : Risque moyen : l’intervention est recommandée
8 à 9 : Risque fort : l’invention doit être réalisée
Quelles sont les solutions disponibles ?
Trois solutions chimiques sont homologuées pour réguler la croissance du lin :
– Etheverse ou Cerone
Ces produits sont composés d’éthéphon (480 g/l), ils peuvent être utilisés de 0,3 à 0,6 l/ha à partir de 40-50 cm jusqu’à préfloraison. Ils provoquent un ralentissement temporaire de la croissance et sont à utiliser préventivement en situation de risques forts. Cela peut concerner les lins ayant une croissance importante (> 4 cm/j) avec des orages imminents. Une application précoce peut nécessiter une ré-intervention en cas de risque persistant. Attention aux effets secondaires : expression de l’oïdium, retard à maturité, stérilisation des fleurs… Néanmoins ce produit n’est pas recommandé dans les parcelles destinées à la production de semences.
– Caramba Star
Ce produit est composé de metconazole (90g/l), il sera donc à utiliser en préfloraison entre 0,6 et 0,8 l/ha. Les références actuelles sont à consolider mais l’intervention précoce à faible dose est moins pertinente. L’effet régulateur est marqué à dose pleine mais il n’a pas d’effet fongicide.
– Toprex
Ce produit est composé de paclobutrazole (125 g/l) (matière active à effet régulateur 2,5 fois plus concentrée que dans Parlay C) et de difénoconazole (250 g/l) (effet fongicide). La dose efficace est comprise entre 0,05 l/ha et 0,2 l/ha en fonction du risque, il est à utiliser en modulation de dose entre 70 cm et la préfloraison. Cependant, au vue des conditions de l’année, une application plus précoce peut être recommandé (cf grille de risque). Le risque doit être réévalué 7 jours après traitement. L’inadéquation de la dose au stade du lin peut provoquer un blocage brutal et irréversible de la croissance des plantes. Attention à ne pas intervenir trop tôt et adapter la dose.
Figure 5 : correspondance des doses de Toprex en fonction du stade du lin et du niveau de risque issus de la grille de décision
Quelles sont les conséquences d’une régulation mal maîtrisée ?
Le régulateur doit rester l’exception, il ne doit pas être systématique et doit tenir compte de la sensibilité variétale, de la fertilisation azotée, de la densité des plantes.
– Si les conditions de son absorption par les plantes sont optimales (temps orageux), un régulateur peut générer un arrêt de croissance définitif, un retard de maturité et/ou une dépréciation des qualités des fibres.
– En ralentissant la croissance des lins, un régulateur peut favoriser leur verdissement et l’expression de la moisissure blanche (Oïdium lini).
Que faire dans une parcelle déjà versée ?
Si des symptômes de verse sont déjà observés, il faut espérer le retour d’un temps plus sec pour que les lins se redressent avant toute intervention de régulateur. Il convient de surveiller le développement des maladies éventuelles (sclérotinia).