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Les vignerons de l’Aude peinent à vendre leurs vins six mois après les vendanges

Baisse des prix, importations d’Espagne et d’Italie et taxes toujours élevées : les vignerons de l’Aude n’ont pas le moral. Voilà quelques jours ils ont manifesté à Narbonne, car ils sont nombreux à ne plus pouvoir vendre leurs vins.

Impossible de savoir combien de professionels sont concernés, mais il semble que les cuves de nombreux vignerons de l’Aude soient toujours bien pleines, alors que les vendanges sont achevées depuis de longs mois. C’est pourquoi ils étaient de 2000 à 4000 à manifester, il y a quelques jours, dans les rues de Narbonne.

A l’instar de Sébastien Sabatier qui gère le domaine des Tourels, à Tourouzelle, près de Carcassonne. Fort de 30 hectares de vignes, surtout consacrées aux vins de pays d’Oc, il représente la cinquième génération à diriger ce domaine familial, tout entier consacré aux Syrah rouge, cabernet, chardonnet et sauvignon blanc. Des vins élaborés qui bénéficient d’une IGP (indication géographique protégée).

La concurrence des importations

Et il constate que, depuis six mois, les prix ont chuté de 10 à 15 %, et que ses charges sont toujours élevées.

« On en a ras-le-bol, soupire t-il. Moi, mes cuves de 2000 hectolitres sont pleines à 85 %, alors qu’à cette époque de l’année, j’aurais déjà dû presque avoir tout vendu. Je vais être obligé de brader parce que dans moins de six mois, on sera encore aux vendanges. Sinon pour stocker je me demande comment je pourrais faire. Les négociants qui en principe me prennent les deux tiers de mes volumes disent qu’ils n’ont pas de besoin. Evidemment ils vont voir en Espagne et en Italie, où c’est moins cher qu’ici ! »

Des importations qui, on le sait, sont dénoncées de longues dates et qui se trouvent de nouveau au centre du courroux des Audois. C’est pour cela qu’ils ont organisé cette démonstration de force. Histoire de sensibiliser les onze candidats à l’élection présidentielle à leurs préoccupations. Car avec 4 000 emplois directs et 2 5000 indirects, la viticulture est bien le pilier essentiel de l’économie du département de l’Aude.

« On a voulu lancer une grosse bouteille de vin dans la campagne, souffle Frédéric Rouanet, président du syndicat des vignerons de l’Aude. Avec tout ce qui nous tombe dessus, on ne peut pas rivaliser face aux importations espagnoles qui sont trois fois moins chères que nos produits. Malheureusement notre manifestation n’a rien donné auprès des politiques. On n’est pas entendus, c’est le mépris total ! »

Et le responsable syndical de promettre d’autres actions. Mais pour l’heure, force est de constater que le comité d’action viticole, créé dans les années 1960 en Languedoc, a repris du service. Dans le Bitterois (région de Béziers), ces « activistes » ont en effet incendié les locaux d’un négociant, quelques heures avant le défilé des vignerons. « Ces opérations violentes, je ne vois pas comment elles peuvent s’arrêter », confie Frédéric Rouanet.

 

Ci-dessous, Sébastien Sabatier se désespère de savoir que ses cuves sont toujours presque pleines.

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