Il y a de cela quelques semaines, tous les voyants étaient au vert concernant les conditions de culture aux Etats-Unis. En effet, les Crop Progress de l’USDA, le Ministère de l’Agriculture Américain, reportaient une proportion de blé « bon à excellent » à 69 % au 15 avril avec une production susceptible de battre des records notamment au Kansas, le premier état producteur de blé. De plus, le dernier rapport mensuel de l’USDA annonçait une production de maïs record qui pourrait détendre les tensions sur le bilan du maïs qui tenaient jusqu’ici les cours du blé sur des niveaux élevés. Dans ce contexte fondamental supposé plus lourd en prochaine campagne, les spéculateurs ont fortement parié à la baisse des cours du blé sur Chicago avec de massives ventes à découvert.
Toutefois, les adversités climatiques auront eu raison des certitudes ! La vague de chaud qui s’abat actuellement dans les Grandes Plaines américaines a pour conséquence l’échaudage de certaines parcelles de blé. Dans ce contexte, la fameuse proportion de blé « bon à excellent » a chuté de manière vertigineuse à 43 % au Kansas, en baisse de 26 points depuis le 15 avril. De plus, le temps caniculaire dans le Sud de la Russie fait craindre aux opérateurs une répétition du scénario de 2010.
Au-delà de ces arguments, les investisseurs financiers doivent essuyer des déconvenues à la suite de la chute des marchés financiers à l’image de JP Morgan qui affiche des pertes de trading de plusieurs milliards de dollars US. Il est donc tentant pour eux de réduire la voilure et de prendre les gains lorsqu’il y en a. Le prétexte météorologique, aussi légitime soit-il, tombe à point nommé pour le blé et motive les fonds à racheter le tiers de leurs positions spéculatives à la baisse construites depuis plusieurs mois. Ils ont racheté près de 1/3 de leurs lots vendus provoquant une hausse record de 17 % sur la semaine à Chicago. Ainsi, en plus du climat, le suivi des positions des fonds est primordial pour expliquer certains soubresauts de marché.
Par Sebastien Techer
Analyste AGRITEL 
