Des mesures de restrictions d’eau sont mises en place dans 87 départements … D’année en année le phénomène s’accentue…
En France la consommation totale d’eau (potable, industrie et agricole) ne représente que 2,5% des pluies annuelles… On serait capables d’envoyer des sondes sur Mars pour trouver des traces d’eau, mais incapables de capter plus de 2,5 % des pluies sur terre ?
Les raisons ? L’application simpliste de la continuité biologique des cours d’eau, et le détournement massif de l’eau douce par les assainissements des zones urbanisées.
On a entrepris un vaste programme de destructions systématiques des barrages sur les rivières, ces mêmes barrages que les anciens avaient construit pour justement avoir de l’eau… Résultat, l’eau s’écoule plus vite mais moins longtemps, donc on a des inondations l’hiver et des rivières à sec l’été… Consternant mais logique !
Aujourd’hui, pour éviter les inondations, on construit des bassins d’expansions des crues, pour ralentir le retour à la mer de la pluie et permettre son utilisation ou son infiltration, exactement le rôle des retenues qui ont été détruites… Il ne fallait pas toucher aux barrages tant qu’on n’avait pas résolu nos problèmes d’eau !
On manque d’eau l’été et on détruit les réserves l’hiver, aucun pays au monde ne ferait cette bêtise…
Le détournement massif (et illégal) de l’eau douce par les villes est une véritable calamité qui épuise les ressources en eau des campagnes ! Le code de l’environnement impose aux zones artificialisées de traiter et d’infiltrer tous les rejets (eaux usées et pluies) pour justement ne pas perturber le cycle de rechargement des nappes phréatiques, et quand les infiltrations ne sont pas possibles l’eau doit être recyclée pour des usages non domestiques comme l’arrosage… Autrement dit les rejets en rivières (solution de facilité et sources de pollutions…) sont à éviter au maximum !
D’ailleurs toutes les nouvelles zones artificialisées sont aux normes, mais ce sont les anciennes qui posent problèmes et les chiffres sont hallucinants… Par exemple, en Nouvelle Aquitaine, on compte 781 000 hectares artificialisées (9,3% du territoire), avec 700 millimètres de pluie par an, ça donne 5 milliards de mètres cubes d’eau rejetés directement dans la mer sans utilisation ou infiltration… Pour information c’est 3 fois la consommation totale de toute la région (potable, industrie et agricole)… Avec 50 % des pluies qui coulent sur le béton des villes, on aurait de quoi irriguer la totalité de la surface agricole utile de la région (environ 4 millions d’hectares), et sans prélever une seule goutte dans les nappes phréatiques…
Les sécheresses n’ont rien à voir avec le réchauffement climatique, c’est une juste une très mauvaise gestion des pluies. On ne peut pas passer trois saisons à évacuer massivement la pluie vers la mer et prétendre avoir de l’eau l’été ! Les agriculteurs sont les seuls à avoir le bon sens de faire des réserves d’eau l’hiver pour épargner les nappes l’été… Faisons tous des réserves l’hiver, mettons les villes aux normes, et on ne parlera plus jamais de restrictions d’eau !
La végétalisation des surfaces (agricoles et urbaines) est indispensable l’été pour réguler le climat et sauver la biodiversité, un sol sec c’est un sol mort (la biodiversité des sols étant à la base de toutes les chaines alimentaires, ça explique une grande partie de l’effondrement). Les sols se minéralisent essentiellement par une exposition prolongée au soleil brulant de l’été. Sans végétation vivante l’été, les sols se dégradent en libérant du CO2 au lieu d’en capturer !
Notre environnement est vert parce qu’il pleut et il pleut parce que notre environnement est vert : l’évapotranspiration n’est pas un problème c’est même la solution au dérèglement climatique…
La réciproque est également vraie : le sols sont secs parce qu’il ne pleut pas, et il ne pleut pas parce que les sols sont secs… Il ne faut jamais couper le cycle de l’eau (évaporation), c’est notre pompe à eau et notre pompe à chaleur ! Cela peut paraitre paradoxal mais la réduction de 10 % par an (depuis 20 ans…) des surfaces irriguées a contribué à aggraver fortement le phénomène ! Planter des haies dans les champs est une goutte d’eau dans l’océan, l’ampleur de ce phénomène est beaucoup trop grande. Il faut une vingtaine d’années pour qu’un arbre commence à être efficace pour le climat… On sera tous morts avant !
Les surfaces végétales sont les seules qui ne brûlent pas au soleil, qui ne stockent pas la chaleur, qui pompent du CO2, qui libèrent de l’oxygène, qui entretiennent le cycle de l’eau, qui stockent l’énergie solaire sous forme de biomasse, qui protègent la biodiversité et qui nourrissent la planète… A condition de les maintenir en vie avec de l’eau au moment ou on en a le plus besoin : l’été… Donc en faisant des réserves l’hiver !
Un arbre adulte (feuillus) consomme 500 litres d’eau par jour l’été, soit 5000 mètres cubes à l’hectare et par an, soit 500 millimètres de pluie (70 % des précipitations) et c’est pour cela que les forêts régulent le climat ! Si les forêts de conifères brûlent trous les étés, c’est parce qu’elles évaporent deux fois moins d’eau que les forêts de feuillus, donc évacuent deux fois moins de chaleur et ne favorisent pas les pluies.
Aucun champ irrigué ne pourra consommer plus d’eau l’été qu’il n’a laissé infiltrer l’hiver… L’eau infiltrée est utilisée par les villes, ce qui ne poserait aucun problème si cette eau était restituée aux champs après traitement… Pour information, les boues de stations d’épurations sont épandues dans les champs, et l’eau « propre »dans les rivières… Un simple retour de l’eau des villes dans les champs permettrait de diviser par deux les prélèvements dans les nappes phréatiques l’été, et donc de résoudre tous nos problèmes hydrologiques… Pas besoin d’inventer de nouvelles règles, il suffit de faire appliquer le code de l’environnement aux collectivités !
Ce n’est pas la biodiversité qui sauvera le climat, mais c’est en sauvant le climat que l’on sauvera la biodiversité.
Laurent Denise
Contribuable
Fils d’agriculteur
Formation et expérience professionnelles en climatologie, météorologie, hydrologie, traitement des eaux, irrigation et permaculture
Les cinq schémas ci-dessous sont fournis par Laurent Denise pour illustrer son propos :
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Les crues excessives de l’hiver préparent mathématiquement les sécheresses de l’été
dans les Deux Sèvres nous en sommes à la troisième période d’inondations; au niveau de Niort le bassin versant fait 1070 km2, annuellement il reçoit 900 millions de m3 de pluie (861mm, moyenne des précipitation de 1981 à 2010), d’après le site vigiecrue.fr : depuis le 18 10 2019, la Sèvre a déjà évacué 400 millions de m3 d’eau douce vers la mer et ce n’est pas fini ! On va atteindre les 50% de rejet en mer alors qu’il ne faudrait jamais dépasser les 30%, aujourd’hui on sait déjà qu’on sera en déficit d’eau l’été prochain.
Les crues excessives de l’hiver préparent les sécheresses de l’été, c’est pourquoi il est urgent de capter tous les ruissellements pour prévenir les inondations, éviter les pollutions et garder de l’eau pour l’été. Sinon on alterne inondations et sécheresses ce qui est fatal pour la biodiversité des sols (donc aux insectes et donc aux oiseaux … ) et la continuité écologique des cours d’eau.
Dans un écosystème forestier (notre référence en matière de climat) 70% des précipitations sont consacrées à l’entretien du cycle (évapotranspiration) par rétention dans les sols, ce qui laisse 30% de retour en mer. Quand les retour en mer d’un bassin versant dépasse les 30% c’est que la végétation n’aura pas assez d’eau, ce qui va entrainer un manque de pluie, un assèchement du bassin et une destruction de la biodiversité … surtout avec des villes qui pompent massivement dans les nappes et rejettent l’eau en rivière au lieu de la recycler dans les sols …
En 2018 la ville de Niort a reçu 911mm de précipitations, 911 litres au m2, 9110 m3 à l’hectare, sur une surface artificialisées de 34 km2 (toits, routes, pkg, etc …) ça représente un volume de 30 millions de m3 ! Tout cette eau a rejoint la mer au lieu d’être utilisée ou de s’infiltrer !
Si la ville était une foret, elle aurait évaporé 70% de la pluie et donc infiltré 273 mm, 273mm sur 34km2 ça donne un volume de 9 millions de m3 pour les nappes phréatiques …
La ville de Niort compte 59 000 habitants (2016) , on compte 150 litres d’eau par habitant et par jour en moyenne, soit 50m3 à l’année par habitant ! Donc une consommation annuelle de 3 millions de m3, autrement dit avec 10% des pluies reçues on couvre la totalité des besoins en eau de la ville.
La ville pompe l’eau dans les nappes phréatiques sans jamais la ré-infiltrer après utilisation et traitement (alors que c’est une obligation pour les maisons individuelles avec assainissement autonome) ! Le code de l’environnement impose un traitement et une infiltration de tous les rejets (pluies et eau usées), et quand les infiltrations ne sont pas possibles l’eau doit être recyclée pour des usages non domestiques comme l’arrosage, les rejets en rivières auraient du rester occasionnelles … hélas ils sont sytématiques parce que beaucoup moins cher !
Bilan hydrique de la ville de Niort : 30 millions de m3 de pluie détournés du cycle naturel (évapotranspiration, évaporation et infiltration) qui va directement dans la mer, 3 millions de m3 pris dans les nappes phréatiques (sans alimentation des nappes) et il faudrait ajouter les quelques millions de m3 de l’industrie qui rejette aussi l’eau après traitement dans la mer via les rivières !
ça peut paraitre anodin mais les rejets en rivières des surfaces artificialisées de Nouvelle Aquitaine (9.3% du territoire soit 781 200 hectares) dépassent les 5 milliards de m3 (pluie) … alors que la consommation TOTALE de toute la région (potable agricole et industrie) ne représente que 1.5 milliards de m3 ! Les nouvelles zones artificialisées sont aux normes (équipées de bassin de rétention) mais pas les anciennes !
toute la régulation thermique des basses couches de l’atmosphère se fait par l’évaporation, la température augmente fortement quand les continents arrêtent de « transpirer », c’est pourquoi il n’y a pas de canicule en mer et en forêt ! Il faut végétaliser massivement (villes et campagnes) au rythme des forets de feuillus . Contrairement aux idées reçues, la pluie ne vient pas uniquement de la mer : 70% des précipitations proviennent de l’évapotranspiration (végétation) et seulement 30% de l’évaporation en mer … En climatologie on part du principe que c’est la végétation qui apporte les pluies, donc l’ irrigation n’est plus un problème mais la solution , à condition d’avoir fait des réserves l’hiver !
A cause des rejets en rivières, les stations d’épurations perturbent gravement le cycle de rechargement des nappes phréatiques, et en plus elles ne dépolluent pas vraiment, elles diluent les polluants qui se retrouvent inexorablement dans les bassins ostréicoles …
Tous les ans la Charente Maritime est en alerte inondations avec des millions d’euros de dégâts, et la situation se dégrade d’année en année parce que la région finance à 100% (donc avec de l’argent public) la destruction des retenues en amont qui ralentissaient le flux et protégeaient les villes ! Et dans 4 mois nous serons en alerte sécheresse avec des manifestations contre les réserves d’eau … si ce n’était pas dramatique ce serait à mourir de rire !
Depuis plus de 30 ans les climatologues disent bien, qu’avec le dérèglement climatique, il n’y aura pas moins d’eau mais une dégradation de la répartition annuelle des pluies : inondations l’hiver et sécheresse l’été, Tous les ans les indemnités sécheresses et inondations coutent des milliards aux contribuables (sans parler des vies humaines … ) alors qu’avec quelques millions on résoudrait en même temps les deux problèmes. Sans oublier l’énergie propre que peut fournir une turbine associée à une retenue, en France nous avons largement de quoi doubler notre production hydroélectrique !
Nous sommes victimes d’une application trop simpliste et très zélée de la continuité écologique des cours d’eau, une sorte d’hystérie collective des élus écologistes de la région qui financent les destructions quant au contraire il faudrait construire ! Mr Rousset vient de débloquer 4 millions pour financer à 100% la destruction de retenues : https://les-aides.nouvelle-aquitaine.fr/transition-energetique-et-ecologique/continuites-ecologiques-dans-les-cours-deau
Si on avait DEUX fois plus de précipitations on aurait DEUX fois plus d’inondations mais toujours pas assez d’eau l’été …
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Félicitations pour cet article frappé au coin du bon sens !
Cependant, en Charente, 132 ha de compensation à l’élargissement de la N10 ont été confiés à la gestion du CREN et Charente Nature. Leur première action, percer la digue de 4 étangs de 9 à 36 ares pour « rétablir le cours naturel du ruisseau ». Résultat, ces réserves qui ne s’asséchaient pas en été sont vides, les grenouilles disparues, la végétation ripicole détruite, l’abreuvement des animaux supprimé. C’est cela la gestion écologique de nos campagnes !