Hausse des charges, les exploitations en bovins viande sont plus résistantes dans les bassins allaitants que dans le Grand Ouest. La proportion d’éleveurs de bovins viande en grandes difficultés y stagne (26 %), et est quasiment stable depuis trois ans alors que les charges alimentaires ont augmenté et les revenus ont baissé. Ainsi, 42 % des producteurs sont très endettés dans le Grand-Ouest et seulement 10 % dans le bassin allaitant.
Depuis trois ans, les producteurs de bovins viande dans le bassin allaitant font le dos rond. Ils sacrifient leur train de vie pour maintenir les comptes de leurs exploitation sen ajustant leurs prélèvements privés en fonction de leur revenu disponible.
Dans le Grand Ouest, les prélèvements privés de leurs collègues dépassent le revenu disponible de leur exploitation. Résultat, l’endettement à court terme et à long terme de leur entreprise s’accroît.
Aussi, la proportion de producteurs classés par l’Institut de l’élevage « TGN négative » (Trésorerie globale nette négative, c’est-à-dire dettes supérieures à 40 % de l’actif ou annuités/EBE > 40 %), quasiment stable (26 %) depuis trois ans au niveau national, masque des disparités entre les régions de production. Elle n’est que 10 % dans le bassin allaitant et de 42 % dans le Grand-Ouest. Autrement dit, les producteurs du Grand-Ouest s’endettent à court terme pour financer une partie de leurs prélèvements privés et pour payer une partie de leurs charges opérationnelles.
En fait, la détérioration de la conjoncture (produits stables mais charges en hausse de 7 à 16 points selon les bassins) se fait en deux temps. Elle se traduit d’abord par un endettement à long terme plus important avec des annuités plus élevées (supérieures à 40 % de l’EBE) puis par une détérioration du fonds de roulement des exploitations.
C’est ce que montre, ces trois dernières années, l’évolution de la proportion d’exploitations qui passe de la catégorie des « peu endettées » (dettes < 40 % de l’actif ou des annuités inférieures à 40 % de l’EBE avec une trésorerie nette globale positive) à celle des « endettées LMT » (annuités > 40 % de l’EBE et dettes MLT > 40 % de l’actif avec une trésorerie positive). Elles sont dorénavant 49 % dans cette catégorie (+ 9 points en un an). Mais dans le Grand Ouest, la dégradation des comptes d’exploitation ne s’arrête pas là. Les producteurs de bovins viande en grandes difficultés sont dorénavant majoritaires (42 % catégorisés « TGN négative »).
Dans le bassin allaitant, où l’élevage de bovins viande est culturel, la gestion de la trésorerie de leur exploitation est une priorité. Résultat, seules 10 % des exploitations du bassin allaitant appartiennent à cette dernière catégorie tandis que 61 % des éleveurs sont « endettés LMT » (trésorerie globale nette positive c’est-à-dire avec des dettes supérieures à 40 % de l’actif ou des annuités/EBE > 40 %).
Outre la modestie de leurs prélèvements privés, c’est le mode conduite des exploitations dans le basin allaitant qui aide ces producteurs à faire face aux années caniculaires. Le taux de chargement de leur troupeau de bovins est bien plus faible que dans le Grand-Ouest avec en plus quelques marges pour palier une production fourragère déficitaire. Ils n’hésitent pas à décapitaliser leur troupeau en vendant des bêtes pour se procurer de la trésorerie.
Par ailleurs, la production de fourrages à base d’herbe est peu onéreuse. Alors que dans le Grand-Ouest, l’élevage est plus intensif et par conséquent plus coûteux. Une baisse de la production de fourrages génère proportionnellement plus de pertes.