Quelle est la première Appelation d’Origine Protégée (AOP) d’un produit non destiné à l’alimentation humaine ? Il s’agit du fameux foin de Crau, et c’est encore la seule en 2021 ! Les prairies irriguées dont est issu ce produit réputé au-delà de nos frontières ont une histoire qui remonte au 16ᵉ siècle. Olivier Tommasi et ses trois chauffeurs entretiennent ce patrimoine national avec passion.
Adam de Craponne (1526-1576), ingénieur du roi Henri II, construisit à ses frais en 1557 un canal qui amena les eaux de La Durance, chargées de limons, à Salon-de-Provence, Eyguières, Istres et jusqu’à Arles. Ce canal, qui permit l’irrigation d’une partie de la Crau autrefois aride, est toujours en service.
Entre la Camargue et Marseille, la plaine de la Crau couvre 52 000 hectares dont 12 à 13 000 de prairies irriguées à partir d’un réseau de canaux. Les parcelles irriguées sont bordées de filioles (raccordées au réseau), que l’on fait déborder grâce à des martelières (trappes) qui les obstruent. La submersion est progressive et dure plusieurs heures. Les volumes d’eau apportés sont de l’ordre de 15 000 à 20 000 m³/ha/an.
Le foin de Crau est apprécié pour sa diversité et sa richesse nutritive. « Il est constitué d’un équilibre de graminées, de légumineuses et de plantes diverses, détaille Olivier Tommasi. Les propriétaires en obtiennent trois coupes, pressées en bottes cubiques pour leur commercialisation, et font pâturer la quatrième par des moutons. »
Le Foin de Crau a obtenu son AOC (Appellation d’Origine Contrôlée) et son AOP (Appellation d’Origine Protégée, équivalent de l’AOC au niveau européen) en 1997. Il s’agit du premier aliment pour animaux à obtenir un tel label de qualité, et encore le seul aujourd’hui. Ce résultat est le fruit d’une reconnaissance et d’une organisation très ancienne qui a débuté à la fin du XIXe siècle et qui se poursuit encore de nos jours. La démarche qualité pour le Foin de Crau assure une garantie supplémentaire pour les clients. Ce foin est reconnaissable grâce à sa ficelle rouge et blanche.
foindecrau.com, un site internet complet ! Le Comité du Foin de Crau précise sur son site internet qu’il s’agit d’un syndicat de producteurs et qu’il n’est pas une structure commerciale. Il fournit néanmoins régulièrement des estimations du prix du foin. Ces prix ne sont pas contractuels. Ils sont fixés à partir de mercuriales des ventes réalisées avec le négoce. Ainsi en décembre 2022, le prix d’une balle de 250 à 260 € HT la tonne de 1ère, deuxième ou troisième coupe (prix au départ de la ferme, sans le transport et par grosse quantité).
« La problématique en plaine de la Crau est double : la disponibilité en eau de la Durance se réduit et la main d’œuvre pour gérer manuellement l’admission d’eau dans les canaux se raréfie, explique Olivier Tommasi, d’où l’importance d’une prairie nivelée avec un degré de pente compris entre de 0.14 et 0.3%, selon les parcelles ; l’eau doit submerger la prairie par gravité, uniformément et surtout rapidement, avec moins d’interventions humaines pour ouvrir et fermer l’irrigation ». Pour s’adapter à l’ensemble de ces contraintes, l’entrepreneur est équipé de guidages GPS et par laser, ainsi que de tracteurs puissants. Après un défeutrage de la prairie au covercrop, nous suivons Adrien Noguès, un des chauffeurs d’Olivier, aux commandes d’un John Deere 8400R arrivé l’an dernier. Le tracteur tire un scraper lourd américain Reynolds de 4,50 m de largeur.
« À la livraison, le 8400R était paramétré, au niveau de la transmission Powershift, comme un tracteur classique de grandes cultures », se souvient Adrien Noguès. Or avec le scraper, l’effort en traction est violent au démarrage : le réglage standard de transmission amenait à des rétrogradages trop lents et à des à-coups de transmission. « Je devais compenser en réaccélérant. Il nous fallait trouver comment régler la transmission pour qu’elle anticipe mieux les efforts à la traction », poursuit-il. Avec le concours des techniciens de son concessionnaire Nova, Olivier Tommasi a utilisé les fonctionnalités de la console de réglage en cabine. « Nous avons pu ramener le taux d’anticipation de la transmission au rétrogradage de 20% à 14%, confirme Olivier Tommasi. Le tracteur est tout de suite devenu extrêmement efficace ». Adrien Noguès rapporte, à titre d’exemple, que si la terre de la parcelle en chantier est souple, il lui arrive d’embarquer 20 t de terre dans le scraper, en parcourant seulement 15 m !
Le John Deere 8400R est équipé de pneumatiques de dimensions IF 900/60R42 à l’arrière et IF 650/60R34 à l’avant. La technologie IF (Improved Flexibility, flexibilité des flancs augmentée) de ces pneus, ici en 900 mm de large, semble avoir été un bon choix, car après 1000 heures, Olivier Tommasi estime que la puissance de 400 chevaux est bien restituée et la consommation contenue à hauteur de 20 l/heure. Encore fallait-il, pour obtenir ce résultat, optimiser aussi le lestage du véhicule et la pression de gonflage. Le poids du tracteur a été porté à son maximum à la suite d’un copieux lestage, au niveau des roues notamment. « Grâce au suivi des techniciens du manufacturier de pneus Trelleborg, nous avons pu peser l’ensemble à vide puis chargé de terre, se souvient l’entrepreneur ; il en est ressorti que la pression de gonflage optimale, dans mon cas, était de 1.8 bar à l’avant comme à l’arrière ».
Par Rédaction Wikiagri
Equipe de rédacteurs Wikiagri Il n'y a pas de commentaires pour le moment. Soyez le premier à participer !
j’ai lu avec beaucoup d’intérêt votre article sur le fourrage du bassin de Crau en appellation d’origine.
j’ai la chance de connaître un homme extraordinaire qui comme vous, produit du foin de très grande qualité avec le process d’irrigation par immersion.
Mr David Doulière.
Ce monsieur a recherché à améliorer la qualité nutritionnelle de ses foins car d’après son expérience, à force d’irriguer ,les résidus dans le sol des oligo-éléments essentiels , non essentiels et nutriments sont en moindre présence dans le fourrage après analyse complète.
Peut-on dire que sa réflexion est juste?
Peut-on dire que sa réflexion va permettre d’optimiser avec des ascophylum la fixation des nutriments.?