Et si un atelier de poulets label rouge pouvait garantir un bon revenu et une meilleure qualité de vie ? C’est le pari gagné de Cécilia Dumaure, éleveuse à Salon-la-Tour en Corrèze depuis 2013. Avec passion, elle parle de ses poussins, des horaires qui préservent sa vie de famille et de la sécurité du modèle économique.
A Salon-la-Tour, Stéphane Dumaure élève 67 vaches allaitantes sur 80 hectares, et produit des broutards. Cécilia, sa femme, est rentrée en 2013 dans le Gaec, en ajoutant des poulets label rouge : « Je travaillais pour le groupe Natea et j’ai suivi une formation dans un CFPPA pour m’installer avec mon mari. Finalement, ça n’a pas été possible car le foncier nous bloquait… A la fin de mon premier congé parental, j’ai eu un deuxième enfant. J’ai alors pensé à mes amis qui élevaient des poulets depuis une dizaine d’années. »
Elle se rapproche du groupement Périgord Aviculture et en juillet 2013, elle reçoit ses premiers poussins : « Je me suis engagée dans le label rouge car je ne voulais pas faire de l’intensif. Cet atelier m’a permis à la fois de m’installer, de garder du temps pour mes enfants et d’aider mon mari. De son côté, il a arrêté son mi-temps pour se consacrer entièrement à l’exploitation. »
Cécilia Dumaure a monté deux bâtiments de 400 mètres carrés qui accueillent en même temps leurs 4400 poulets. « Quand ils arrivent, les poussins ont un jour. Je les mets sous un chauffage à gaz sous radian qui monte à trente degrés. Il faut toujours que la paille soit chaude et je laisse la lumière allumée la nuit les premiers jours. J’ai l’habitude de mettre aussi de la musique. L’eau doit être aussi de très bonne qualité (Ndlr : Il est indispensable d’effectuer une analyse bactériologique. L’idéal est d’avoir un PH de 6,5. Si besoin, on peut installer un filtre à chlore). La distribution de l’eau, de l’aliment, le chauffage et la ventilation sont automatisés. Des rideaux s’ouvrent sur le côté et j’ai une ouverture sur le toit. Le lanterneau coûte 5000 euros mais il garantit une bonne ventilation. C’est très pratique. » Deux aérations du tunnel sont possibles : latérale ou transversale.
Fournis par les établissements Barre, ses deux bâtiments ont coûté 156 000 euros HT (terrassement et terrain compris) et l’amortissement est étalé sur douze ans. Jeune agricultrice installée en Gaec, Cécilia Dumaure a reçu 69 000 euros de subventions (de l’Europe, de l’Etat, du Conseil général et de la Région). Le dossier PPE (plan de performance énergétique) a rapporté 10 000 euros. « Mais d’un élevage à l’autre, c’est très variable… Par ailleurs, les nouvelles dispositions de la Pac devraient rester stables », annonce Emmanuel Carbonnière, de la Chambre d’agriculture de Corrèze.
Cécilia Dumaure est très satisfaite de ses performances : « Nous avons réalisé cinq ventes de poulets et un lot de pintades élevé pendant six mois. A chaque fois, les résultats correspondent à ce qui était prévu. Ma marge brute se situe entre 10 000 et 12 000 euros par bande et par bâtiment, et il faut déduire les coûts énergétiques, l’amortissement et la MSA. J’élève trois lots par an. Les poulets partent à 80 jours et doivent atteindre un poids de 2,15 kg, sinon ils sont déclassés. »
Le système est plutôt rassurant, car le prix des poulets est indexé sur les cours de l’alimentation. « Si l’éleveur le souhaite, la société fait même l’avance des frais d’alimentation, et les déduit du chèque de la bande », confie l’éleveuse. Par ailleurs, 2 % des poulets sont offert par Périgord Aviculture, ce qui correspond au taux de mortalité moyen.
Pour baisser les dépenses d’alimentation, l’éleveuse cultive du blé sur 3 hectares, qui est fertilisé avec le fumier des bâtiments. « J’ai distribué 10 tonnes sur la dernière bande, ce qui représente 10% de la quantité alimentaire distribuée après cinq semaines. Le blé favorise aussi la digestion », observe-t-elle.
L’atelier ne demande pas beaucoup de travail, mais pas mal de surveillance : « Je passe trois ou quatre fois par jour quand les poussins arrivent. Au bout de deux semaines, je viens deux fois par jour aux horaires qui m’arrangent, et j’ouvre les trappes à l’aube et au crépuscule. Je fais aussi des pesées chaque semaine. En fait, le plus gros du travail, c’est quand les poulets partent », sourit-elle.
Le vide sanitaire entre deux bandes doit durer au minimum 16 jours et l’opération occupe deux journées. « Une femme peut tout à fait le faire toute seule. Mon mari m’aide surtout pour aplatir la paille au gyrobroyeur. Je commence par désinfecter l’intérieur et l’extérieur des bâtiments au karcher puis je cure, je chaule la terre battue et je paille avant de remettre en place la poussinière. Il faut compter 2,5 tonnes de paille par bâtiment et je rajoute du grit. »
Autres exigences du label rouge : il impose des souches à croissance lente, une alimentation composée de 80 % de céréales et un parcours enherbé et ombragé de 2 mètres carrés par poulet (les volailles doivent sortir au plus tard à 42 jours). Les poulets peuvent être nus ou plumés, à chair jaune ou blanche. Les antibiotiques sont limités aux maladies.
En termes de qualité de vie, l’optimisation du temps de travail donne du temps libre à Cécilia Dumaure : « Je passe environ 1 h 30 par jour sur mon élevage (Ndlr : hors période particulière), cela me permet de m’occuper de mes enfants et de donner un coup de main à Stéphane…«
Périgord Aviculture réunit 110 adhérents et réalise un chiffre d’affaires de 17 millions d’euros. Le groupement veut accompagner la création de 100 bâtiments dans l’IGP Périgord. Pour rester dans le label rouge, l’exploitant peut monter jusqu’à quatre bâtiments par site de production. A réfléchir selon son temps disponible et le revenu escompté.
En savoir plus : http://www.volaillelabelrouge.com (site des volailles et oeufs label rouge) ; http://www.ets-barre.com (site de l’entreprise fabriquant, entre autres, des tunnels avicoles) ; http://www.dfp-nutraliance.fr (entreprise spécialiste de la nutrition animale).
Les photos ci-dessous ont été fournies par Nutraliance.