Graines de tournesol © Bobyellow
Sur le marché mondial du tournesol, la France se distingue par sa production de variétés oléiques. L’huile produite avec ce type de tournesol est particulièrement adaptée à la friture, car résistante à des hautes températures.
Entre le réchauffement climatique et le conflit ukrainien, le contexte n’a jamais été aussi favorable au développement de la culture de tournesol. Durant la campagne 2022, les prix se sont envolés à plus de 1000 €/t (rendu St Nazaire ou Bordeaux). Après être descendus, à partir de début août, vers les 600 €/t, ils ont déjà repris 100 €/t dans le courant de l’automne. De quoi susciter des vocations chez les producteurs. La campagne passée a vu l’implantation de 859 000 ha, soit 23% de plus qu’en 2021. Et les mauvais rendements obtenus, du fait d’un été très sec et très chaud, ne devraient pas freiner cette dynamique pour la campagne 2023. Terres Inovia annonce dès à présent 900 000 ha d’intention de semis. Un chiffre qui peut encore évoluer, mais qui reste très symbolique.
Une part importante des volumes transformée en huile
L’atout majeur de la graine de tournesol, c’est sa teneur en huile. Le tournesol en est composé en moyenne à 44%. C’est donc sans surprise que près de 90% de la récolte est envoyée vers les outils de trituration. Ces derniers, nombreux sur le territoire national, valorisent la quasi-totalité de la récolte française, surtout depuis que les huiles de tournesol se sont faites plus rares sur le marché international du fait de la situation en Ukraine. Le plus connu d’entre eux est bien sûr le groupe Avril et ses filiales Saipol pour la trituration, et Lesieur pour la commercialisation d’huile alimentaire. Mais d’autres grands noms, à l’image de Cargil, sont également acteurs de la filière de la trituration française de graine de tournesol.
Les graines de tournesol peuvent être utilisées pour la production d’huile alimentaire, mais également pour une utilisation en biocarburant lorsque l’huile est pré-traitée. Le tournesol représente 4% de la matière première mondiale utilisée pour la fabrication du biogazole. En France, le groupe Avril avait annoncé rediriger l’ensemble de ses volumes d’huile de tournesol dédiés à la conception de biocarburant vers le marché alimentaire dès le début du conflit ukrainien en mars 2022.
Deux types de tournesol
Actuellement, la culture de tournesol se scinde en deux grands types de variétés. Les tournesols linoléique et oléique. Ils se distinguent par leur teneur en acide oléique, aussi appelé oméga 9. Elle est de 20% pour les tournesols linoléiques qui produisent une huile dite classique et qui sont les plus répandus à l’échelle de la production mondiale. Les tournesols oléiques, plus récemment mis en culture, contiennent 80% d’acide oléique et permettent de produire une huile du même nom. La France est championne de la production de ces tournesols qui gagnent du terrain depuis 10 ans. En parallèle, les surfaces de tournesols linoléiques ont reculé à tel point que les triturateurs doivent en importer de la mer noire pour répondre à leurs besoins.
Si cette huile oléique est si importante, c’est qu’elle offre des propriétés intéressantes pour une utilisation alimentaire. Elle a notamment la capacité de résister à de très hautes températures, ce qui en fait une huile de friture idéale. Elle est utilisée par de nombreux industriels pour la fabrication des chips et des frites, mais également des produits panés et même des biscuits.
Si l’huile issue de tournesol linoléique ne possède pas ses propriétés, elle a d’autres avantages qui ne doivent pas être oubliés. Elle offre notamment un taux d’acide linoléique, aussi appelé Oméga 6, de 67%. Ces Oméga 6 sont particulièrement importants, car l’organisme n’est pas capable de les synthétiser. Elle apporte aussi de la vitamine E, un puissant anti-oxydant. Ces caractéristiques en font une huile alimentaire idéale à commercialiser en bouteille.
Ne pas oublier les tourteaux
Si la graine de tournesol est riche en huile, elle se compose également de plus de 15% de protéine. Les tourteaux de tournesol représentent donc une source intéressante et importante pour l’alimentation animale. Deux types de tourteaux sont aujourd’hui produits en France. Les tourteaux Low Pro sont issus de la trituration de la graine entière et proposent un taux de protéine inférieur à 30%. Des outils de trituration plus récents permettent de décortiquer la graine avant de la triturer. Cette opération permet d’obtenir des tourteaux High Pro avec une teneur en protéine supérieure à 35%. Selon Terres Inovia les tourteaux High Pro sont plutôt destinés à l’alimentation pour volaille alors, que les Low Pro sont appréciés en alimentation pour bovin viande.
Dans les usines de trituration qui décortiquent les graines de tournesol, les coques peuvent être utilisées comme biocombustible, un atout de taille pour la filière dans un contexte d’explosion du coup de l’énergie. Ces coques peuvent également être utilisées en alimentation animale
Des débouchés en graines entières
Même s’ils représentent des marchés de niche, des débouchés de graines de tournesol entières, sans trituration en huile, existent en France. Il s’agit notamment de l’oisellerie. « Le débouché du tournesol oisellerie est très étroit avec peu d’intervenants et concerne essentiellement l’Europe du Nord. Les graines de tournesol Oisellerie sont destinées à l’agrainage des oiseaux des villes et jardins pendant l’hiver » indique la Coopérative agricole du Pays de la Loire sur son site internet. La variété Serin qui produit une graine constituée d’une coque proposant des lignes blanches régulières sur fond noir est majoritairement utilisée pour ce débouché. « La production française se concentre autour de la Loire où elle est historiquement implantée. La CAPL est le premier OS de France en production d’Oisellerie » précise la coopérative.
Un marché de graine entière existe également en alimentation humaine pour une utilisation notamment en boulangerie.
L’huile de tournesol est l’un des principaux débouchés pour la production française. © torange.biz
Timothée Legrand