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« Les marchés agricoles ne sont pas rentrés dans un cycle long de prix élevés »

Lors des sixièmes entretiens de l’Observatoire de la formation des prix et des marges, Philippe Chalmin, le président, a présenté comment les marchés pétroliers et agricoles appréhendent les prochains mois. Il estime ainsi que « les marchés agricoles ne sont pas rentrés dans un cycle long de prix élevés ».

Les prix du pétrole, par exemple, ont seulement retrouvé les niveaux atteints avant la crise sanitaire, rendant de nouveau la production de bioéthanol de rentable.

A l’échelle mondiale, la nouvelle campagne céréalière 2021-2022 s’annonce prometteuse avec des prévisions de productions qui bâteraient à nouveau tous les records (2 301 millions de tonnes ; +85 Mt sur un an). Si celles- ci se confirment, les marchés pourraient se détendre.

Pour autant, les pays producteurs exportateurs majeurs de produits agricoles ne sont pas à l’abri d’un accident climatique et par ricochet, de nouvelles tensions sur les prix. 

Ainsi, Philippe Chalmin, le président de l’Observatoire de la formation des prix et des marges, ne pense pas que « les marchés agricoles soient rentrés dans un cycle long de prix élevés ». Il pilotait le 23 juin dernier les sixièmes entretiens de l’Observatoire.

Les hausses des prix sont essentiellement conjoncturelles.

Toutefois, le fonctionnement des marchés agricoles est de plus en plus arbitré par des enjeux géopolitiques. Le Royaume-Uni tisse de nouvelles relations commerciales avec des pays tiers pour s’affranchir de sa dépendance au marché européen. Il importerait ainsi du sucre d’Australie et non plus d’Union européenne.

L’embargo imposé par la Chine à l’Australie depuis l’émergence de la crise de la Covid entrave les échanges commerciaux d’orges, de viandes et de coton entre l’ile continent et l’empire du milieu. Celui décrété par la Russie en 2014 à l’encontre des pays occidentaux, opposés à l’annexion de la Crimée, est toujours en vigueur.

Dans l’Union européenne, la prochaine réforme de la Pac en 2023 et le lancement du programme From farm to fork (de la fourche à la fourchette), inquiètent. Cette nouvelle politique agricole  menace le potentiel de production et d’exportation de l’Union européenne. Celle-ci pourrait ne plus faire partie du cercle restreint des grands pays exportateurs de céréales de la planète alors que les agriculteurs européens resteraient confrontés à la volatilité des cours des produits agricoles.

La Chine chef d’orchestre des marchés agricoles

« La Chine est chaque jour un peu plus le chef d’orchestre de nombreux marchés agricoles et  personne n’est en mesure de savoir quelle sera son attitude dans les prochains mois », a déclaré Philippe Chalmin. Pour 2021-2022, les prévisions d’importations portent d’ores et déjà sur 48 Mt (58 Mt en 2020-2021, source Conseil international des céréales) alors que la nouvelle campagne n’a pas débuté.

L’Empire du milieu importe toujours beaucoup de viande de porc mais aucun expert ne dispose d’informations fiables pour savoir s’il parvient à faire face à la peste porcine ». Or s’il est de nouveau autosuffisant en viande porcine, l’agriculture mondiale entrerait alors dans une crise profonde.

En effet, l’Empire du milieu n’aurait plus de raison d’importer des carcasses de porc et une partie des centaines de milliers de tonnes de viande bovine et ovine qu’il achète depuis des mois pour compenser son déficit en viandes. Il n’est pas exclu non plus que la Chine se déleste d’une partie de ses stocks stratégiques de céréales plutôt que d’en importer.

A ce jour, les achats de produits agricoles bénéficient à tous les producteurs et éleveurs européens de toutes les filières. Les cours sur le marché ovin français sont au plus haut car la Chine importe les carcasses de Nouvelle-Zélande et d’Australie que ces pays n’exportent plus en Europe.


Ci-dessous, photo Adobe.

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