Le tout dernier rapport de l’USDA s’est révélé sans grandes surprises. Ce qui ne signifie pas sans enseignements.
Tout d’abord l’USDA a confirmé les intuitions de la plupart des opérateurs de marché en revoyant les surfaces de soja à la hausse par rapport à la précédente récolte au détriment de celles de maïs qui sont, quant à elles, revues à la baisse. Ainsi, avec un ratio prix soja sur maïs en faveur du premier cité, le ministère de l’Agriculture américain estime que les producteurs américains vont semer pour la campagne 2015/2016 plus de 84,6 millions d’acres de soja et 89,2 millions d’acres de maïs contre respectivement 83,7 millions d’acres et 90,6 millions d’acres un an auparavant.
Malgré tout, les opérateurs qui s’attendaient depuis plusieurs semaines à cette tendance avaient anticipé cette dernière dans des proportions plus importantes, ce qui a eu pour conséquence de peser sur les cours du maïs et soutenir ceux du soja à Chicago. Dans leur sillage, les cours du colza Euronext ont fortement rebondi, alors que ceux du maïs et du blé se sont eux repliés. Ainsi, le marché a surtout réagi face à ses propres anticipations plutôt que fondamentalement face aux chiffres de l’USDA, qui, on le rappelle, restent en phase avec les attentes des opérateurs.
Par ailleurs, au sein de ce rapport, les informations relatives aux stocks américains au 1 er mars 2015 sont certainement les plus remarquables. En effet, concernant le blé, l’USDA révèle que ces derniers s’affichent à plus de 1,12 milliard de boisseaux contre 1,06 milliard de boisseaux l’année passée à la même époque. Constat identique pour le maïs et le soja avec des stocks trimestriels au 1er mars 2015 en hausse par rapport à ceux du 1er mars 2014 à respectivement 7,74 milliards de boisseaux et 1,33 milliard contre 7 milliards et 990 millions de boisseaux un an auparavant. Ces chiffres sont ainsi le reflet des difficultés qu’éprouvent actuellement les Etats-Unis pour trouver des débouchés à l’export. En effet, comme c’est le cas depuis plusieurs mois maintenant, l’origine US souffre d’un manque de compétitivité notamment du fait d’une monnaie trop forte qui s’est fortement appréciée face à ses concurrentes et principalement face à l’euro, limitant ses parts de marché sur la scène internationale.
Dans ce contexte, le rapport USDA jugé par la plupart des opérateurs comme l’un des plus importants de l’année ne devrait avoir qu’un impact limité sur le marché. Ainsi, une fois celui-ci digéré, les cours du blé devraient à nouveau être sensibles aux aléas météorologiques dans les principales zones productrices, alors que ceux du soja seront soumis à la pression de la récolte abondante en provenance d’Argentine et du Brésil.