revenus 2023

Les comptes de l’agriculture 2024 – La nouvelle baisse des revenus aggrave les inégalités

En 2023, les revenus des céréaliers étaient 10 fois inférieurs à ceux des éleveurs de porcs. La diminution de la valeur de la production agricole de la Ferme France, supportée par les céréaliers, accentuera ces inégalités.

Comme chaque fin d’année, la Commission des comptes de l’agriculture de la nation et l’Insee ont publié leurs prévisions de revenus.

Pour l’année 2024, ces prévisions sont établies à l’échelle de la Ferme France. Les comptes ont été arrêtés courant l’automne.

Ceci étant dit, les deux institutions estiment le résultat brut de la ferme France à 30,6 milliards d’euros (Mds d’€). Il est inférieur de 3,2 Mds d’€ (- 9,5 %) à l’an passé. Rapporté à l’actif non salarié, le revenu agricole se rétracte de -10,2 %.

En fait, la Ferme France a créé 2,6 Mds d’€ de valeur ajoutée en moins que l’an passé (36,8 Mds d’€ versus 39,4 Mds d’€ en 2023) tout en faisant face à une hausse de sa masse salariale (10 Mds d’€) de 0,5 Mds d€.

Certes, les consommations d’intrants (53,6 Mds d’€) ne se sont repliées de 4,7 Mds d’€ mais la production agricole (90,4 Mds d’€) a diminué simultanément de 7,3 Mds d’€ par rapport à 2023, d’où la baisse de la valeur ajoutée de 2,6 Mds d’€.

Même si par branche le revenu 2024 des exploitations n’a pas pu être estimé, les comptes de l’agriculture suggèrent une baisse des revenus bien plus prononcée en céréaliculture et en viticulture qu’en élevage.

En effet, les céréaliers scopeurs et les viticulteurs supportent la baisse de la valeur de la production végétale (90,4 Mds d’€ ; 7,3 € Mds d’€ sur un an) alors que la diminution des charges est répartie entre les filières « Productions végétales » et « Productions animales ». Par exemple, les consommations d’engrais et d’énergies se sont repliées de 1,8 Mds d’€ à 8,7 Mds d’€ et celles d’aliments de 3,2 Mds d’€ à 16 Mds d’€.

Comparaison à 2023

Or en 2023, les revenus des céréaliers scopeurs étaient déjà les plus faibles de l’ensemble des filières: 11 969 €/actif non salarié (cf tableau ci-dessus).

Ils sont inférieurs de deux tiers à la moyenne nationale (36 196 €/actif) et dix fois à ceux des éleveurs de porcs (106 00 €/actif non salarié).

Obtenu en retranchant de l’EBE les annuités d’emprunts (capital et intérêts dus) à moyen et long terme et les cotisations sociales de l’exploitant, le solde disponible des céréaliers par actif non salarié a atteint 5 030 €! Or en 2022, ce dernier était dix fois plus élevé et largement supérieur à la moyenne (29 340 €) de l’ensemble des exploitations.

Comment en est-on arrivé à cette situation ?

Avec un chiffre d’affaires de 186 000 € en chute de 21 %, les scopeurs avaient perdu plus de 45 000 €/exploitations en 2023.

Dans le même temps, les scopeurs ont supporté la plus forte progression des charges comparée aux autres activités (+ 6,6 % par actif non salarié contre + 2,9 % à l’échelle nationale).

A l’échelle de la ferme France, la baisse de 6,9 % de la production agricole par exploitation a généré un repli 5,6 fois plus important du revenu par actif non agricole.

Par effet de ciseaux (hausse des charges et baisse des prix de vente), « le résultat courant avant impôts (RCAI) par équivalent temps plein (ETP) non salarié, net des charges financières et des amortissements, se replie en 2023 sur un an (- 38,8 %), à 36 200 €», écrit l’Insee.

Mais pour les céréaliers, la baisse de 22 % du chiffre d’affaires a provoqué l’effondrement de leur revenu de 82 %.

C’est ainsi que l’écart de 1 à 4 des revenus par actif non salarié entre les filières agricoles en 2022 est passé de 1 à 10 en 2023.

En fait, seule la filière avicole affichait en 2023 un chiffre d’affaires en net progression qui lui avait permis d’atténuer l’impact de la hausse des charges davantage ressenties dans les autres secteurs de production. La baisse de leur revenu (51 000 €/actifs non salarié) de 16,9 % était inférieure de moitié à celle observée à l’échelle nationale (- 38,8 %).

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