Pour sécuriser ses cultures face aux stress abiotiques, il faut explorer toutes les pistes. Parmi elles, les biostimulants. A l’implantation mais aussi en cours de culture, ils aident les plantes à mieux se nourrir et se défendre.
La moitié des pertes de rendement seraient liées aux stress abiotiques, ceux liés à l’environnement comme les aléas climatiques, les stress phytotoxiques. « Les biostimulants aident les plantes à mieux fonctionner en réactivant ou en maintenant des métabolismes habituellement bloqués par ces stress », explique Aude Colette, responsable marketing chez Sumiagro. « Ils représentent la 3e boite à outils d’intrants pour maximiser le rendement des cultures, avec les fertilisants et la protection contre les ravageurs et adventices », complète Nathan Gaborieau, son collègue en charge des grandes cultures.
Les biostimulants améliorent les processus de nutrition par une meilleure efficacité d’utilisation des éléments nutritifs ; ainsi que les capacités de tolérance aux stress. On va trouver des substances humiques qui stimulent le développement racinaire et l’activité biologique des sols, les mycorhizes qui favorisent l’absorption du phosphore, mais aussi des acides aminés qui relancent la croissance, ou encore des sucres complexes, extraits d’algues. « Les ascophyllum nodosum sont des algues dites stressées, explique Mathieu Bounes, directeur de Tradecorp. En réaction à ces stress, elles ont développé des mécanismes de résistance dont nous pouvons faire bénéficier les cultures, au travers de Phylgreen, pour limiter les pertes de rendement en cas de stress abiotiques. »
S’il est important que la culture prenne un bon départ avec un apport de biostimulants au semis, il faut aussi penser à une complémentaire par voie foliaire, en cours de cultures, à des stades qu’on a remarqués sensibles dans son contexte pédoclimatique.
Par exemple à la floraison, stade clé pour l’élaboration des constituants du rendement. Sur colza, Agrauxine propose Smartfoil, à base de métabolites issues de la fermentation de levures. « Il s’applique en même temps que les fongicides ou les insecticides pour limiter l’impact de stress liés aux aléas climatiques et réduire les avortements de fleurs, explique Fabien Achard, chef produit biostimulants chez Agrauxine. Sur 80 essais réalisés, il ressort un gain de 2,1 qx/ha pour un investissement équivalent à 0,5 qx/ha. »
D’autant plus sensible aux stress abiotiques par son cycle court, le maïs réagit bien à un stimulant de la croissance racinaire. « 90 % du rendement sont définis avant le stade 8 feuilles », rappelle Walid Saadé, directeur général de Compo Expert. Ainsi, un apport de 2 l/ha de Basfoliar Kelp au stade 4 à 6 feuilles assure un gain, en moyenne sur 21 essais, de 5,7 quintaux.
Autre cause de stress, une éventuelle phytotoxicité lors, par exemple, de l’application de certains herbicides. « Avec les herbicides de post-levée, il peut être intéressant de compenser ce stress par un apport d’acides aminés, comme Kaishi », conseille Nathan Gaborieau.
Une véritable définition européenne
Une réglementation uniforme sur les biostimulants pour toute l’Europe sera appliquée en juillet 2022. Ce règlement UE 2019/1009 définit les biostimulants comme des fertilisants qui stimulent le processus de nutrition des végétaux en améliorant certaines caractéristiques des végétaux et de leur rhizosphère, en terme d’efficacité de l’utilisation des éléments nutritifs, de tolérance au stress abiotique et d’accès aux éléments nutritifs. Cette norme s’accompagnera de l’obligation d’obtention d’une autorisation de mise sur le marché (AMM), il faudra donc prouver la qualité, l’innocuité pour l’environnement et la santé et la performance agronomique. « Ces AMM spécifiques apporteront une sécurité aux utilisateurs quant à l’efficacité », apprécie Mathieu Bounes.
C.J.