Arvalis – Institut du végétal propose cette année, pour la première fois, d’intégrer un objectif protéines dans le calcul des besoins en azote des variétés de blé tendre.
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Les besoins unitaires en azote du blé tendre sont historiquement calculés à l’optimum de rendement sans intégrer le paramètre « protéines », conduisant à trois catégories pour l’ensemble des variétés : 2,8, 3 et 3,2 kg d’azote par quintal.
Aujourd’hui, de nombreux cahiers des charges, tant pour le marché intérieur qu’à l’export, requièrent des teneurs en protéines minimales de 11,5 %.
Or, toutes les variétés n’obtiennent pas une telle teneur lorsqu’elles sont fertilisées à leur optimum « rendement » . Pour tenter d’atteindre cet objectif, Arvalis a défini un besoin « qualité » en azote (bq) pour chaque variété.
Le besoin en azote se décline dorénavant selon les deux voies :
• Si l’objectif de production est uniquement d’optimiser le rendement, alors c’est le besoin unitaire « b » associé à la variété qui doit être pris en compte dans le calcul de la dose totale à apporter.
• Si l’objectif associe un rendement optimal et une teneur en protéines d’au moins 11,5 %, c’est le nouveau « bq » qui doit être pris en compte. Il correspond au besoin unitaire pour le rendement « b » auquel s’ajoute un besoin complémentaire « bc » pour viser une teneur en protéines de 11,5 %. Le calcul du complément bc se base sur un écart de teneur en protéines, entre l’objectif (11,5 %) et les teneurs en protéines moyennes ajustées, pour chaque variété, obtenu dans nos essais de caractérisation variétale.
En cas de variété dont la teneur en protéines est trop écartée de l’objectif de 11,5 %, le complément de besoin entraînerait un complément trop élevé de la dose totale, qui aurait pour conséquence, si les conditions climatiques ne permettent pas de le valoriser, une augmentation du reliquat d’azote minéral dans le sol à la récolte. Aussi, le complément de besoin est plafonné de façon à ne pas dépasser 40 kg d’azote environ.
La prise en compte de cette majoration du besoin uniquement, sans adapter le reste de la conduite, ne permettra pas d’atteindre l’objectif assigné, et ceci d’autant plus que le contexte pédoclimatique sera peu favorable à l’obtention de teneurs en protéines élevées.
Le fractionnement de la fertilisation est la première pratique à adapter. Il convient, en particulier, de reporter la quantité d’azote correspondant au complément du besoin vers la fin de montaison, où l’apport sera le plus efficace sur l’augmentation de la teneur en protéines ; le report sera d’autant plus important que le besoin complémentaire (bc11,5) est élevé.
Un premier apport modéré en sortie d’hiver permet de mettre en réserve des apports ultérieurs plus élevés et plus favorables au rendement et à l’augmentation de la teneur en protéines.
Dans certaines situations bien définies régionalement, la quantité correspondant au complément du besoin pourra être appliquée à l’épiaison ou à la floraison ; on peut alors envisager 4 apports, dont 2 réalisés après le stade « 2 nœuds ».
Le choix de la forme d’engrais apporté, en particulier pour le ou les apports de fin de montaison, présente aussi un enjeu important. L’utilisation de la forme d’azote la moins sensible à la volatilisation est préférable.
Rappelons néanmoins la part importante du facteur climatique dans l’élaboration en fin de cycle de la teneur en protéines. Avec ces préconisations, tout est mis en œuvre pour viser cet objectif, mais le climat, en interaction avec le sol, est l’élément final le plus déterminant.
Un exemple
Pour une variété ayant un coefficient bq de 3,2 et un bc de 0,2, c’est-à-dire un besoin complémentaire de l’ordre de 20 kg N/ha, un report d’azote vers la fin de montaison, qui serait habituellement de 40 kg N/ha doit passer à 60 kg N/ha.
Tableau 1 : besoins unitaires en azote (kg N/q) à prendre en compte par variété et par objectif de production
Si l’objectif de production se base sur le rendement seul, utiliser « b ». Si l’objectif se base sur le rendement et les protéines, choisir « bq ».