Seule une minorité des chefs d’entreprises agricoles a souscrit un produit épargne retraite, selon le groupe BPCE. Il a réalisé une vaste enquête sur les enjeux à venir du marché de l’agriculture. Or faute de repreneur, les chefs d’entreprises agricoles en fin de carrière sont de plus en plus nombreux à ne pouvoir compter que sur la vente d’une partie de leur exploitation pour se constituer un capital et s’octroyer des revenus complémentaires à leurs faibles pensions de retraite.
Les exploitants agricoles ne peuvent pas à la fois investir pour maintenir leur outil de production en état, voire pour le développer, et en même temps se constituer un capital retraite.
Or les transmissions d’exploitations agricoles sont de plus en plus difficiles.
Une étude effectuée avec le concours de l’institut BVA, rendue publique par le groupe BPCE (Banque populaire – Caisse d’Epargne) intitulée « Agriculture : les enjeux d’un marché en mutation » (*) livre d’intéressantes informations sur la gestion de la fin de carrière des agricultrices et des agriculteurs.
De cette étude, il ressort que les agriculteurs ne préparent pas suffisamment leur retraite et qu’ils n’ont pas suffisamment mesuré les risques financiers encourus. Car leurs pensions de retraite ne leur permettront pas de vivre décemment.
A peine la moitié des exploitants agricoles de plus de 55 ans est préoccupée par sa retraite et par la cession et la transmission de sa ferme. Pour autant, tous n’ont pas pris les dispositions nécessaires.
Toutes catégories d’âges confondues, ils ne sont que 37 % à s’interroger sur la fin de leur activité professionnelle et 31 % à se demander comment ils envisagent de céder leur exploitation.
Les viticulteurs sont moins préoccupés que leurs collègues agriculteurs parce que l’avenir de leur secteur d’activité les inquiète moins. Alors que les éleveurs et les céréaliers, confrontés à des crises récurrentes et à des problèmes de revenu, cherchent d’abord à maintenir leur exploitation à flot.
Un facteur qui ne trompe pas est la proportion d’entre eux à être dotés de produits d’épargne retraite. Seuls 30 % des hommes et 34 % des femmes ont souscrit un tel produit. Celles et ceux âgés de plus de 55 ans et de moins de 64 ans ne sont que 39 % à en disposer un.
Quant aux plus jeunes (ceux de moins de 35 ans), l’épargne retraite n’est pas du tout une priorité : ils ne sont que 18 % à être équipés d’un produit retraite supplémentaire.
A contrario « améliorer sa protection santé et celle de ses proches » préoccupe 47 % des agriculteurs, qu’ils aient moins de 40 ans ou plus de 55 ans. Ils sont 74 % à posséder un produit de prévoyance « Assurance décès invalidité ». L’assurance perte d’exploitation (42 %) et l’assurance climatique (34 %) sont déjà bien pénétrées.
De même, une grande majorité des agriculteurs détient des produits d’épargne à titre personnel : un livret d’épargne ou épargne logement à 69 %, une assurance vie à 64 %, et des valeurs mobilières à 30 %.
Les résultats de cette enquête sont très inquiétants pour deux raisons. Il semble que les chefs d’entreprises agricoles n’ont pas pris conscience qu’il est plus difficile trouver un ou plusieurs acquéreurs pour reprendre l’intégralité de leur exploitation.
Ou, autre cas de figure fréquent, certains chefs d’entreprises ne parviendront pas à vendre l’intégralité de leurs bâtiments d’élevage ou des hangars lorsqu’ils cèdent leur ferme. Une partie du capital de l’exploitation est alors perdue.
Si le cédant continue à habiter sur sa ferme, les bâtiments sont souvent inutilisés et de nombreux équipements ne sont pas valorisés.
Dans certaines petites régions, même des terres exploitées par le cédant peinent parfois à être reprises. Or les fermages ou le produit de leur vente procurent sous une forme ou une autre un revenu pour l’exploitant agricole sur le départ!
Par ailleurs, l’enquête du groupe BPCE a été réalisée auprès d’agriculteurs convertis au bio surreprésentés dans l’échantillon des 1381 chefs d’entreprises retenu. Or, ils sont en général très éclairés sur les questions de société.
Aussi, il est aisé de comprendre que les résultats de l’enquête conduite par le Groupe BPCE seraient probablement plus inquiétants, avec une proportion encore plus importante d’agriculteurs qui ne préparerait pas suffisamment leur retraite, si l’échantillon testé n’avait compris plus de 7 % de bio !
(*) Enquête téléphonique (CATI) réalisée par BVA entre le 30 janvier et le 26 février 2019 auprès d’un échantillon de 1381 chefs d’exploitation en France métropolitaine – en hors pêche – en moyennes et grandes exploitations. Surreprésentation des agriculteurs convertis en bio (268 sur 1381).
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