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Les adjuvants pour renforcer l’efficacité des herbicides foliaires

Pour consolider l’efficacité des antigraminées céréales en sortie d’hiver, les adjuvants ont toute leur place.

© A.J.

Même si les interventions d’automne s’inscrivent de plus en plus dans les programmes de désherbage des céréales, les passages en sortie d’hiver restent nécessaires, face à de fortes infestations ou à des levées multiples. Un désherbage insuffisant aura des conséquences à court terme sur le rendement, mais surtout sur le long terme, avec l’augmentation du stock semencier.

« On ne peut pas se permettre de rater un désherbage, rappelle Frédéric Pagès, chef de marché adjuvants chez De Sangosse. Quand il reste 25 ray-grass au mètre carré, ce sont 5 % de rendement en moins. »

Viser l’efficacité maximale demande d’abord d’ajuster son choix de produits à la flore à combattre et d’intervenir dans les bonnes conditions d’application. Les adjuvants permettent aussi de gagner quelques points d’efficacité. « Avec les densités actuelles et les dérives de résistance, les herbicides foliaires ne garantissent plus les 100 % d’efficacité, précise Lise Gautellier-Vizioz, du pôle flores adventices chez Arvalis. Avec des adjuvants, il est possible de gagner en efficacité. Ce gain sera variable selon les produits, selon les conditions, mais il fera une réelle différence. »

Dans ses essais de désherbage de vulpin avec Atlantis Pro, Arvalis montre que « l’effet de l’Actimum 1 l, avec de l’huile Actirob, est confirmé avec un gain de 11 points par rapport au même herbicide juste additionné d’huile. Adenda ou Astuss, complété d’un sulfate d’ammonium, améliorent aussi l’efficacité. » Des propos confirmés par les essais que réalisent les fabricants. « Nos essais montrent des gains d’efficacité de 5 à 10 %, chiffre Simon Vandrisse, chef de produits adjuvants chez SDP. Nos adjuvants, Dynamiz ou Dynao, sont clairement un levier pour améliorer l’efficacité. » « En ajoutant Silwet, qui est hypermouillant et pénétrant, on gagne 15 à 20 points d’efficacité, assure Frédéric Pagès. Pour un investissement de moins de 5 € d’adjuvant, soit 10 % du coût du traitement, le gain technico-économique est net. »

Favoriser la pénétration

Les adjuvants ne modifient pas les qualités intrinsèques des herbicides mais favorisent la pénétration de la matière active, en agissant sur la cuticule des plantes, sur l’étalement et la rétention de gouttelettes, ce qui est d’autant plus important avec les graminées dont la forme même des feuilles complique l’étalement du produit et dont la cuticule est peu perméable. Quand on traite à bas volume, l’efficacité est encore plus sensible à l’hygrométrie. « Dans ces traitements à bas volume, un mouillant est d’autant plus nécessaire pour que la matière active reste bien sur les adventices », rappelle Jérôme Duclau, chef de marché agriculture chez Action Pin.

Pour encore maximiser l’efficacité, certains traitements demandent une double adjuvantation, avec une huile et un humectant, comme le sulfate d’ammonium (Actimum), une huile et un mouillant (Astuss). « Il faut adapter son choix d’adjuvant à la molécule et aux conditions de traitement pour maximiser le gain d’efficacité », recommande Jérôme Duclau.

Utiliser la dose recommandée

Le niveau d’efficacité des herbicides n’est pas suffisant et les enjeux trop importants face aux adventices résistantes pour prendre le risque de baisser les doses. « Les produits doivent être appliqués aux doses préconisées afin de garder un bon niveau d’efficacité face aux problèmes de résistances, rappelle Lise Gautellier-Vizioz. Pour limiter le stock semencier qui pénalisera une parcelle pendant plusieurs années, chaque point d’efficacité compte. » Bien qu’efficaces, les adjuvants ne compenseront pas une réduction de la matière active. « Une dose d’herbicide réduite de – 25 % de la dose avec des adjuvants n’aura pas la même efficacité que la dose recommandée, prévient la spécialiste. Dans des essais avec une réduction de 35 % de la dose, l’adjuvant le plus efficace n’a permis d’atteindre que 75 % d’efficacité alors qu’avec la dose recommandée, on était à 92 %. »

C.J.

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