tcs techniques culturales simplifi es

Les adeptes des TCS sont-ils menacés par la fin du glyphosate ?

Ces techniques culturales simplifiées (TCS) du sol rendent l’agriculture plus écologique sans relever pour autant de l’agriculture biologique. Mais leur essor repose depuis plus de 20 ans sur l’emploi à faible dose de glyphosate bon marché et facile à l’emploi.

Les agriculteurs convertis aux techniques culturales simplifiées (TCS), mais aussi à la permaculture, ont une large panoplie d’outils et de savoir-faire à leur disposition pour rendre leurs sols plus fertiles. Ces TCS rendent l’agriculture plus écologique en restructurant les sols et en augmentant leur taux de matière organique sans avoir pour autant besoin d’adopter des pratiques agricoles qui relèvent de l’agriculture biologique. Elles n’interdisent pas l’emploi d’engrais ni de produits phytosanitaires. Le glyphosate fait même partie des produits employés pour rendre les sols cultivables puisque le labour est proscrit.

Bonmarché, ce produit aide à lutter contre les adventices vivaces (chiendents, liserons) et à avoir ainsi, à moindre frais, des parcelles propres.

La spécialisation des exploitations céréalières a favorisé l’essor des TCS car elles sont dépourvues d’ateliers d’élevage, et par conséquent de fumier et de lisier. Or les sols de leurs terres ont besoins d’apports organiques. Par ailleurs, produire des céréales à moindres coûts, afin de compenser dans les années 1990, la baisse des de leurs prix, était une priorité.

A l’époque, les ingénieurs agronomes des instituts techniques n’étaient pas convaincus de l’intérêt des TCS. Aussi, leur développement a d’abord reposé sur des échanges d’expériences entre agriculteurs pionniers, se souvient Jacques Commères, de l’Organisation des producteurs de céréales (liée à la Coordination rurale) et organisateur du festival du non labour et du semis direct.

Lorsque les agriculteurs optent pour les TCS, tout doit être entrepris pour produire le maximum de biomasse et pour accélérer l’activité microbienne et zoologique du sol.

Aussi, les TCS s’accompagnent inévitablement d’une diversification des cultures toute l’année avec l’introduction de légumineuses (trèfles féveroles, moutardes) en inter-cultures. Un sol couvert n’est plus sensible à l’érosion et l’évaporation est très limitée, défend Jacques commères de l’Opg.

Succession de cultures

Comme le glyphosate détruit rapidement les plantes, il facilite les implantations de cultures successives.

Citons par exemple, dans le sud-ouest, la culture de féveroles en automne avant l’implantation, au printemps suivant, du maïs. Cette association est possible car le glyphosate, épandu à la fin de l’hiver, détruit rapidement la protéagineuse. Les racines des plantes ont rendu le sol meuble et leurs parties végétatives décomposées, libèrent l’azote organique absorbé sous forme minéral dans l’atmosphère (via les nodosités racinaires).

Au fil du temps, les épandages successifs de matières organiques régénèrent les sols. En maintenant les végétaux sur place et en les laissant se décomposer, le sol s’ameublit. Son taux de matière organique augmente et sa fertilité s’accroît. Les engrais nécessaires à la croissance des plantes sont épandus en moindres quantités car ils sont mieux adsorbés par le sol (lessivage limité) et plus disponibles.

Enfin, un sol couvert n’est plus sensible à l’érosion et l’évaporation est très limitée, défend encore Jacques commères.

Les agriculteurs adeptes des TCS, obtiennent des résultats aussi bons que ceux qui n’ont pas renoncé au labour et en plus, à moindre frais.

Bien sûr, le glyphosate est remplaçable par d’autres produits mais leur spectre d’action est moins important (autrement dit plus sélectif) et ils sont plus onéreux. Les TCS doivent leur essor à la facilité d’emploi du glyphosate.

Aussi, il est fort probable que l’interdiction du produit conduise des agriculteurs à renoncer aux TCS et à revenir au labour pour que leurs parcelles ne soient pas envahies d’adventices.

Cas particulier : TCS et agriculture biologique

En optant par choix pour les TCS et évidement pour la permaculture, les agriculteurs bio rendent la gestion de leur modèle de production plus complexe. L’emploi de substances chimiques est interdit et le nombre d’interventions dans les sols est réduit ce qui rend la gestion des adventices particulièrement difficile pour conserver un sol propre.

Les intercultures sont détruites mécaniquement en employant des rouleaux mais le résultat n’est pas toujours au rendez-vous. Les sols ne sont pas préparés pour y implanter avec succès de nouvelles cultures.

1 Commentaire(s)

  1. Attention à l’emploi réducteur du terme « permaculture ». Un agriculteur qui pratique les TCS n’est pas nécessairement un permaculteur, et encore moins s’il utilise du glyphosate et des énergies fossiles pour cultiver les sols. Les permaculteurs sont généralement (il y a plsuieurs écoles tout de même), des agriculteurs qui utilisent des techniques culturales complexes (pas forcément compliquées) qui partent du principe de nourrir les sols et nous les plantes, mais en utilisant des moyens naturels et écologiques pour arriver à leurs fins.
    Les citations du mot permaculture dans le texte peuvent laisser croire que des permaculteurs utilisent du glyphosate ou à l’inverse, que d’utiliser une TCS = permaculture… c’est réduire a permaculture à ce quelle n’est surtout pas : une approche restreinte aux techniques culturales.

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