Un milliard tous les ans ou un milliard pour une période globale de sept ans ? Entre les deux, 6 milliards de différence. On parle d’euros, de l’enveloppe dévolue à la ferme France dans le cadre de la Pac 2014-2020.
Flash Back. Nous sommes le 8 février 2013. Lors de la conférence de presse qui suit le conseil européen sur le budget de l’Europe, le Président de la République française prononce exactement ces paroles (source ici) : « La crainte, chacun la connaissait, c’est qu’il puisse y avoir une baisse des ressources affectées à la politique agricole commune, c’était d’ailleurs l’intention de la Commission. C’est vrai qu’il y a une diminution de la part de la politique agricole commune dans le budget européen mais elle a été pour l’essentiel préservée et notamment pour les agriculteurs français – et j’y ai particulièrement veillé. Nous aurons une stabilité des aides directes – ce qu’on appelle le premier pilier lié à la production – et nous aurons aussi une amélioration de notre situation par rapport au développement rural puisque nous aurons plus de huit milliards d’euros pour le développement rural, avec des règles de cofinancement beaucoup plus favorables notamment pour les régions en transition, ce qui nous permettra de faire davantage pour la diversité de notre agriculture. »
Derrière les explications fusent. Le budget global de l’Europe est en baisse, celui de la Politique agricole commune aussi, mais le budget agricole dévolu à la France serait finalement le même qu’auparavant, malgré une baisse des allocations au premier pilier (celui de la production), car avec une nouvelle dotation sur le second pilier (qui récompense l’effort environnemental) d’un milliard d’euros…
Sur le coup, tout le monde avait compris que l’on resterait donc à budget constant pour la Pac en France, avec un transfert de la production vers l’environnement, donc en réclamant aux agriculteurs une participation écologique dans leurs pratiques pour percevoir les mêmes sommes. Le « j’y ai personnellement veillé » de François Hollande rassurait.
Mais c’était (d’après des sources sérieuses et proches du dossier) une erreur. Car après vérifications, les quelque 20 % de l’enveloppe globale de la Pac alloués à la France n’augmentent pas… Et donc avec un gâteau global plus petit, sans une part supérieure, on ne peut pas avoir autant. L’explication tient dans la fameuse dotation nouvelle d’un milliard d’euros qui ne vient finalement pas compenser les pertes du premier pilier : elle n’est pas annuelle, mais concerne les sept années de la période 2014-2020. Donc, au lieu de 7 fois un milliard, les agriculteurs français percevront 142 millions chaque année pendant 7 ans, soit une différence de 6 milliards d’euros par rapport à l’annonce présidentielle.
Si cette information devait être confirmée, elle aurait des répercussions plus qu’importantes pour l’agriculture française. Déjà, cela signifierait que la mutation écologique souhaitée ne serait pas autant rémunérée qu’annoncé. Donc, de fait, que les agriculteurs auraient moins d’intérêt à suivre… Il serait toujours facile ensuite de leur reprocher de n’avoir pas joué le jeu.
Ensuite, avec un secteur productif amputé d’un milliard par an sans espoir de reconversion environnementale, il est clair que de nombreuses exploitations se trouveraient en difficulté. Et un tel contexte impliquerait que l’installation de jeunes agriculteurs se révélerait encore plus difficile qu’aujourd’hui.
En d’autres termes, ce déficit de 6 milliards d’euros pour l’agriculture française (sur un total annoncé de 63 milliards d’euros pour la période de 2014-2020, soit 10 % !) porterait les germes d’une crise agricole gravissime, avec tout ce que cela comporte ensuite pour les filières, pour l’agroalimentaire, pour le machinisme, pour la balance commerciale de la France, pour l’emploi…
« J’y ai personnellement veillé ». Bourde ou mensonge d’Etat ? De toute façon, le résultat est le même…
Et vous, qu’en pensez-vous ? Pour en débattre, rendez-vous ci-dessous dans l’espace « Ecrire un commentaire ».
L’information est diffusée simultanément sur atlantico.fr : http://www.atlantico.fr/decryptage/6-milliards-euros-qui-manquent-victoire-francaise-pac-au-sommet-bruxelles-en-etait-pas-antoine-jeandey-653046.html
Notre illustration est une copie d’écran de la vidéo de la conférence de presse donnée le 8 février à Bruxelles par François Hollande.
c’est environ vers l’age de 5, 6 ans que l’on arrête de croire au père Noël…
Alors croire qu’au moment ou il n’y a plus d’argent l’agriculture garderait son enveloppe intacte pour les 7 prochaines années…….(voir peut être mieux.)
Il est vraie que la tactique peut surprendre, car jusqu’à présent la technique était tout autre.
Pour nous annoncer une mauvaise nouvelle, on commençait par nous en annoncer une très mauvaise (ex les 30% de jachères obligatoire à la création des aides PAC).
On laisse murir, chacun y va de ces commentaires alarmistes, et puis la vraie nouvelle, ce sera moins pire que prévue.Éventuellement certains justifies cela part des négociations, .
Cela marche à tous les coups, et la technique est utilisée par tous, de nos coops, à nos politique, nos syndicats, etc..
Mais là il faut dire que pour un président « normal » il semblerai qu’il pratique de façon anormal, mais comme dit Alix « attendons la confirmation », c’est beau d’être jeune et de croire encore au père Noël……
tu as raison gytdm. La seule chose que l’on peut attendre maintenant c’est qui va perde le plus dans l’histoire car on ne sait pas comment ils vont redistribuer les aides PAC, les perdants les cerealiers que l’ont montre du doigt avec l’augmentation de leurs revenus qui est égale a celui des années 80/90 et en plus Beulin veut une CVO pour soutenir les alliances Cerealiers/Eleveurs. Je connais des Eleveurs qui se bougent pour récupérer la valeur ajouter de leurs travaillent et ils gagnent bien leurs vies. A force d’appauvrir ceux qui vivent de leur travail, on va ruiner complètement notre agriculture. Un plombier qui ne sait pas travailler, il depose le bilan….
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