Vous souhaitez faire l’acquisition d’une benne ou d’un plateau pour transporter vos produits et vous profitez d’une exposition de matériel sur une foire ou une démonstration pour vous faire une opinion. Vous découvrez des termes ou des sigles inconnus, Domex, Hardox, HLE… qui font la promotion des matériels exposés. Pourtant ceux-ci vous semblent un peu fragiles par rapport à la solide remorque acquise il y a bien longtemps.
Aussi surprenant soit-il, l’histoire pourrait bien se terminer comme la fable de Jean de La Fontaine, le chêne et le roseau (lien en fin d’article pour les non spécialistes de La Fontaine).
Quelles que soient ses caractéristiques, un acier peut se déformer de façon réversible quand il est soumis à un effort. Cependant, il y a une limite à ne pas franchir car au delà votre pièce, voire votre machine, seront définitivement pliées. Qui n’a pas malencontreusement déformé une rehausse de remorque avec un godet lors du chargement ? Cette limite à ne pas franchir est appelé limite élastique. Elle constitue la caractéristique de base qualifiant la résistance d’un acier.
Vous déchaumez vos parcelles avec un outil à dents. Le sol est dur et exerce une forte pression sur la dent au travail. Aussi surprenant que cela soit, l’acier résiste à cette pression. En métallurgie on parle de contrainte, mais on ne l’exprime pas de la même façon. Si vous êtes familier avec la lecture du manomètre de votre pulvérisateur, il n’est pas possible de faire la même chose sur le châssis de la remorque. Les professionnels désignent donc la contrainte en million de Pascal (MPa) soit 10 fois plus qu’un bar. En pratique un acier basique du type S235 supporte une contrainte 2350 bars avant de plier définitivement, alors que les aciers HLE sont au minimum du type S355 soit une limite élastique de 3550 bars (355 MPa).
C’est la récolte des pailles, vous disposez d’un plateau 12 m à 3 essieux pour travailler rapidement. Chargé de vos 16 à 17 tonnes de paille, vous engagez le tracteur dans un passage comportant un dévers pour sortir du champ. Votre plateau ne risque-t-il pas de se vriller dans cette sortie de champ un peu rude ? Il se déforme, vous êtes en train de vous dire que vous avez pris des risques inconsidérés pour votre matériel. Et surprise, une fois sur la route, tout rentre dans l’ordre. L’acier a subi une forte contrainte mais la limite élastique n’a pas été dépassée. L’intérêt des aciers HLE (haute limite élastique) est de repousser cette limite au delà de ce que supporte les aciers conventionnels et de se comporter plutôt comme le roseau et non comme le chêne !
Repousser les limites élastiques des aciers permet de réduire les épaisseurs des profilés employés dans la construction des matériels. Les remorques en sont un exemple évident. Sur une remorque 3 essieux, il est possible de gagner plus de 1000 kg sur le poids à vide et de convertir directement cette masse en charge utile soit un gain de 4 à 5 % sur la capacité mais aussi sur l’ensemble des consommations associées !
En savoir plus : http://www.la-fontaine-ch-thierry.net/chenroso.htm (la fable du chêne et du roseau, le chêne semble plus solide, mais le roseau a un avantage, il plie mais ne rompt pas).
Par Herve Gustin
Passionné de technologie, des agroéquipements, des énergies, mais aussi des mécaniques anciennes ! 
