Durant une semaine, des étudiants en architecture, paysage et design ont rencontré des acteurs de l’agriculture dans le cadre d’un « worshop » à la ferme. Objectif, penser l’avenir d’une exploitation agricole. Une plongée dans un monde quasi inconnu pour la plupart de ces jeunes.
Malgré les recommandations, certains étudiants avaient oublié d’apporter des bottes. Ils en ont été quittes pour une plongée par les pieds dans la réalité du monde agricole… Durant une semaine, des élèves volontaires de l’Ecole nationale supérieure d’architecture et de paysage de Bordeaux et de l’Ecole supérieure de design et d’arts appliqués de La Souterraine (Creuse) ont vécu une expérience encore unique dans leur jeune vie. Ils se sont immergés dans l’univers agricole dans le cadre d’un travail d’étude, un workshop à la ferme, dans une exploitation d’Evaux-les-Bains, en Creuse.
Sur place, les acteurs de la fédération départementale des groupements de développement agricoles (GDA), de la Chambre d’agriculture et du Pays Combraille en Marche avaient préparé toute une série de rencontres avec des agriculteurs, des intervenants paysagistes pour que les étudiants appréhendent les problématiques de terrain. Ils ont également arpenté l’exploitation pour s’approprier l’environnement de travail des éleveurs. Chaque groupe d’étudiants a ensuite fait émerger des hypothèses de travail, avec la volonté pour les agriculteurs de mieux communiquer vers le grand public.
Christian Buvat, associé au Gaec La Couture qui a servi de support au worshop, explique qu’« on souhaite véhiculer une image plus positive de notre métier par rapport à ce qu’on entend. On ne savait pas trop ce qu’il allait ressortir de ce workshop mais on voulait créer un partage entre les mondes rural et urbain. Avoir un oeil extérieur, de personnes qui ne sont pas du sérail, c’est toujours intéressant. » Un avis partagé par le président de la Fédération départementale des GDA, Alain Parbaile : « On fait du bon boulot sur nos exploitations mais on est mauvais en communication. » Alors, charge a été confiée aux étudiants de leur apporter des pistes de réflexion.
Les huit groupes ont ainsi présenté le fruit de leur travail. Parmi les suggestions, des festivals à la ferme dont « Tractofolie ». Ici, les élèves ont opté pour le détournement de matériel agricole afin de provoquer une rencontre entre le grand public et les agriculteurs. Utiliser une auge comme distributeur de bière, un silo pour un loto, une remorque comme scène de concert… D’autres groupes ont misé sur les chemins bordant l’exploitation pour élaborer des parcours de randonnée, histoire de mieux comprendre l’activité d’une ferme. Des étudiants ont imaginé reproduire à petite échelle la ferme sur une parcelle expérimentale. On y retrouverait le condensé de la vie d’une exploitation, accessible au grand public avec des panneaux pour compléter l’information.
Marlène, étudiante à Bordeaux, a apprécié cette expérience originale dans son parcours scolaire : « C’était très court, très intense sur un sujet complexe. » Partant avec un petit avantage sur ses camarades, elle est une des rares à venir du milieu agricole : « On a vu des agriculteurs intéressés qui ont envie de communiquer vers l’extérieur. Ça fait du bien de s’immerger comme ça, d’être présentée à tous ces acteurs. » Zoé, autre élève bordelaise, aurait même voulu aller plus loin, avec un hébergement dans la ferme : « Beaucoup ne connaissait pas le milieu agricole, on a découvert beaucoup de choses. C’est difficile d’entrer en contact avec le monde agricole quand on n’est pas issu de ce milieu. »
C’était tout l’enjeu de ce workshop, tomber les murs.
Ci-dessous, les étudiants en architecture, paysage et design à la rencontre du monde agricole.