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LE SEMIS GRANDE LARGEUR À L’ÉPREUVE DU BOCAGE

Dans la Manche, la SARL Doguet s’est équipée d’un combiné de semis de précision de maïs de grande largeur – 6 m et 8 rangs. Le matériel répond à des besoins de rapidité et de compacité sur des terres plutôt lourde, dans une région où les fenêtres climatiques sont très courtes.

 
« Nous avions toujours eu en tête de nous équiper d’un gros bloc semeur pour le maïs afin de pouvoir à la fois travailler de façon rapide et sur une grande largeur », relate Bernard
Doguet entrepreneur de travaux associé avec son fils Anthony à Sainte-Colombe, en plein coeur du bocage de la Manche, dans une région presque exclusivement laitière. « Nous avions récemment trouvé un semoir en ligne rapide de 6m avec déchaumeur, mais qui ne remplissait pas ses promesses dans les terres assez lourdes de la région. Les débits de chantier n’étaient pas à la hauteur de l’investissement », retrace Anthony Doguet. Les entrepreneurs ont conservé malgré-tout cette solution à côté de deux autres semoirs de 3m en attendant que leurs recherches pour une solution plus satisfaisante ne porte ses fruits. « Ce n’était pas évident car dans notre région bocagère, avec un climat océanique assez marqué, nous avons des besoins un peu contradictoires. Il nous faut du matériel de grande capacité pour pouvoir profiter des fenêtres climatiques assez courtes et en même temps un matériel compact pour pourvoir être à l’aise sur de petites parcelles encadrées de haies. Aujourd’hui, nous avons l’impression d’avoir trouvé le bon compromis en combinant une herse rotative repliable Alpego de 6 m à un semoir de précision repliable 8 rangs monograine mattermacc », détaille Bernard. « Finalement la herse rotative reste ce qu’il y a de mieux adapté dans nos régions, c’est un outil qui est très polyvalent », complète Anthony Doguet qui ne regrette pas le combiné de semis avec déchaumeur.

Généralement derrière labour

« Le semoir à maïs est monté directement sur le packer de la herse, ce qui raccourcit le porte-à-faux de 40-50 cm environ et la herse n’a pas de relevage, constate Bernard Doguet. L’ensemble du semoir et de la herse forme un seul bloc indépendant qui se replie en deux. Nous pouvons le replier avec les boîtes à semences pleines sans problème. Par ailleurs, le semoir travaille en huit rangs fixes, ce qui offre l’avantage de pouvoir faciliter le travail de désherbage du sol pour une bineuse 8 rangs. Cela peut être un très gros avantage en système de culture biologique ». L’entreprise intervient généralement avec le combiné derrière un labour réalisé par le client. « Nous lui conseillons aussi d’effectuer un passage de canadien si possible. Cependant le semoir passe aussi très bien après des travaux plus superficiels, par exemple derrière trois passages de canadien », assure Anthony Doguet. Sur le relevage avant du tracteur, les entrepreneurs se sont équipés d’une trémie Alpego qui assure la fourniture d’engrais en localisé sur le rang lors du semis de maïs et qui sert de réservoir à semences lorsque la herse est adaptée pour les semis de céréales en hiver. Pour l’agriculteur, c’est un plus d’avoir un engrais apporté lors du semis, avec une meilleure vigueur des plantes et moins d’opérations à réaliser par la suite.
L’ensemble a une autonomie en semences de 8 ha. En conditions idéales il est capable de semer 4 ha/h, avec une moyenne autour de 3 ha/h. A lui-seul, le combiné a remplacé deux semoirs de 3 m et 4 rangs. « Nous faisons le même travail avec un chauffeur de moins,
résume Bernard Doguet. Nous attitrons un chauffeur principal pour ce semoir. C’est une organisation que nous appliquons d’ailleurs pour l’essentiel du parc matériel ». Equipé du contrôle électronique, le semoir de précision mattermac dispose d’un compteur de population. L’outil compte tout quasiment au grain prêt, avec coupure de tronçons automatique rang par rang. « C’est confortable. On peut lui faire confiance pour apporter exactement la bonne dose, assure Anthony. On n’est pas loin de savoir exactement où a été positionné chaque graine ».

15 jours par an pour 600 ha

L’outil n’est occupé environ que 15 journées pleines dans l’année pour un objectif de charge de 600 ha/an. « Nous devons toujours être prêts à faire feu au maximum pour semer dans de bonnes conditions. Cela nous oblige au suréquipement, justifie Bernard. Pour amortir au mieux le semoir, l’idéal serait de lui faire-faire des journées avec deux chauffeurs, mais cela compliquerait la gestion des plannings dans la journée ». L’ensemble tracteur et semoir fait environ vingt tonnes. Avec des pneumatiques adaptées, la pression des roues sur le terrain n’est pas plus élevée qu’avec des outils de gabarit plus faible. Concernant la qualité de travail, le poids est d’ailleurs plutôt un avantage dans les terres du bocage. Pour entraîner cet outil, les entrepreneurs font appel à la puissance d’un CLAAS Axion 930. « Les 350 chevaux du tracteur sont bien sollicités par l’outil, analyse Bernard. Cet important besoin de puissance nous a poussés à avoir une réflexion sur l’équipement de l’entreprise en traction de haute puissance. Vu que nous n’en avons pas besoin le reste de l’année, nous avons pour l’instant trouvé une solution dans un système de location qui nous engage sur deux ans. Avec la conjoncture que traverse l’agriculture, nous sommes obligés d’adopter ce genre de raisonnement. C’est assez nouveau. Je n’aurais certainement pas eu la même approche il y a vingt ans ».

Spécialisés dans le maïs 

 Au printemps, le semoir est résolument orienté pour la culture du maïs. Cette spécialisation a interrogé les entrepreneurs vu la baisse des prix du lait depuis 2015. « Nous assistons de la part de certains éleveurs à des arbitrages en faveur de plus d’herbe et de moins de maïs, notamment pour ceux qui se convertissent à l’agriculture biologique, décrypte Bernard Doguet. Mais globalement la culture du maïs reste un pilier pour les élevages laitiers et ce n’est pas prêt de changer. Certains clients passent à l’ensilage de maïs épi qui se complète mieux avec des apports de foin ou d’ensilage d’herbe dans les rations. Par ailleurs, les clients qui auraient tendance à diminuer ou à arrêter la production de maïs, nous les récupérons généralement pour les travaux de récolte de l’herbe ».

 L’ENTREPRISE

Travaux
>> Activité de lamier d’élagage et broyage (débroussaillage) pour les agriculteurs et les collectivités territoriales.
5 tracteurs dédiés
>> Épandages de fumier et travaux du sol
>> Travaux de récolte d’herbe : Enrubannage / Autochargeuse / Fauche avec combiné de 9m / Ensilage d’herbe / Pressage de foin.
>> Pressage de paille / Battage / Ensilage de maïs et de maïs épi.
>> Travail de pelletage et de coupe d’arbres avec tête d’abattage et grappin coupeur.
 
Parc matériel
>> 13 tracteurs + 1 tracteur de 350 cv en location 2 ans.
>> 2 télescopiques
>> 2 ensileuses
>> 2 moissonneuses batteuses
>> 2 autochargeuses
>> 1 pelle de 18 t avec porte-char et tête d’abattage
>> Semoir combiné mono-graine 6m-8rangs pour le maïs + semoir 3m-4 rang et rampe de semis à disque de 6m pour les céréales.
>> 4 presses à balles rondes dont deux combi-pack (enrubaneuses)
>> 2 épandeurs à fumier
>> 2 bennes
>> 1 groupe de fauche 9m
>> 4 épareuses + 1 épareuse équipée d’un broyeur d’accotement
>> Outils de travail du sol, charrue, décompacteur, canadien
 
Historique
>> 1986 : en avril, reprise d’une entreprise par Bernard Doguet à son voisin en départ à la retraite qui l’avait embauché l’année d’avant pour un remplacement saisonnier en urgence.
>> 1987 : achat d’une ensileuse d’occasion, recrutement du premier saisonnier.
>> 1988 : achat d’une ensileuse neuve.
>> 1994 : rachat d’une ETA en cessation, passage à deux ensileuses et doublement de l’activité.
>> 2013 : après un parcours dans les travaux publics, Anthony, le fils de Bernard s’associe à l’entreprise qui compte cinq personnes à temps plein en plus des deux associés.
>> 2014 : équipement dans le semis grande-largeur pour le maïs.
 
Texte et photos: Alexis Dufumier
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