Mardi soir, près de 50 Jeunes agriculteurs de la Creuse ont rendu visite au préfet. Ils auraient dû toucher les aides Pac mi avril. On leur promet fin mai, et certains ont entendu parler de fin juin. Ce mouvement né en Creuse pourrait trouver une suite dans d’autres départements d’élevage. Au bord de la faillite, les manifestants creusois pointent du doigt le ministère.
Deux tracteurs bloquent l’entrée de la petite rue qui mène à la préfecture de la Creuse, à Guéret. Une cinquantaine d’exploitants a répondu à l’appel des Jeunes agriculteurs du département, ce mardi 3 mai au soir. Ce sont les premiers en France à mettre le sujet sur la table : ils n’ont toujours pas perçu les aides Pac 2015, alors qu’ils auraient dû recevoir une partie depuis la mi avril. Un retard qui les place dans une situation compliquée, car ils ont clôturé leurs comptes sur des estimations d’aides ! Alors, ils ont « sonné » à la porte de la préfecture pour que le représentant de l’Etat fasse remonter au ministère leur mécontentement.
Le préfet Philippe Chopin leur a annoncé que les aides devraient être versées à la fin du mois de mai. Dans les rangs des agriculteurs, on a d’autres échos : « On a plutôt entendu parler de fin juin ». Une situation intenable pour de jeunes installés dont les trésoreries sont déjà mises à rude épreuve.
« Les cours de la viande et du lait ne se sont pas améliorés. Dans ce contexte, on doit attendre des aides qui n’arrivent pas. Les trésoreries sont très basses, on n’arrive plus à tirer un revenu. Pour les jeunes qui ne se sont pas installés dans un cadre familial, c’est extrêmement difficile. Il y a une dizaine de cas de jeunes au bord de la faillite dans le département. Le climat actuel et le moral sont au plus bas », expliquait la nuit denrière Jean-Marie Colon, président des JA 23.
Après les échanges de points de vue avec le préfet, les JA se sont rendus à Direction départementale des territoires. Godet de lisier par dessus les grilles (rebaptisé « benne du terroir ») et maçonnerie devant pour mieux infuser… Devant la DDT, ils ont posé un écriteau : « Fermeture pour cessation de paiement ».
Si les agriculteurs ont ciblé ce lieu symbolique, ils n’ont pas manqué dans leurs mots de viser plus haut. Parmi les manifestants, ça fusait : « En pleine période de crise, le ministre organise un meeting électoral, c’est regrettable. Il faut qu’il se rappelle qu’il est le ministre de l’agriculture ! » Comment expliquer le retard de paiement des aides ? Le président des JA 23 a aussi sa petite idée : « Je pense que c’est le bordel, ils sont à la ramasse. Et là, c’est le summum ! »
Une désorganisation complète ? En tout cas, une autre mesure suscite des interrogations, les MAE (mesures agro environnementales). Cette aide vise à favoriser l’engraissement des animaux sur les exploitations… Sauf que certains se sont engagés dans cette voie en comptant sur elle. A ceci près, dénoncent les syndiqués, qu’ils ne connaissent toujours pas les contours exacts pour en bénéficier. Autrement dit, ils se sont lancés, ont pris des initiatives dans leurs fermes sans savoir avec certitude si ce qu’ils ont entrepris entre dans le cahier des charges de l’éligibilité à ces aides…
En attendant, la vie continue… Les fournisseurs réclament leurs factures impayées et les agriculteurs doivent régler la MSA calculée sur la base d’aides qu’ils n’ont pas touchées…
Les JA de la Creuse ont manifesté devant la préfecture de Guéret pour réclamer les aides Pac qui auraient dû arriver mi avril.
Ils ont muré symboliquement l’entrée de la DDT avec l’écriteau « fermeture pour cessation de paiement ».