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Le plan d’action du gouvernement face à la hausse des prix des céréales

En conseil des ministres de ce mercredi 12 septembre 2012, le gouvernement a adopté un « plan d’action face à la hausse des prix des céréales », selon les propres termes du compte-rendu officiel. Ce plan se décline tant à l’international qu’au national, et prévoit entre autres une mesure que nous avons prônée dans WikiAgri Magazine n°3, faciliter la mise en œuvre du plan silo pour moderniser et augmenter la capacité de stockage.

Ne faisons pas la fine bouche, on peut bien sûr penser que l’intitulé du plan aurait pu « prendre en compte » la hausse des céréales plutôt que d’y « faire face ». Mais ne chipotons pas, le contenu est en soi des plus intéressants et montre que le ministre de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Forêt Stéphane Le Foll a su tenir compte des différents avis qui lui ont été donnés, et notamment ceux des professionnels agricoles.

Avant de vous livrer mon commentaire, je préfère vous donner l’information brute, et vous laisser donc jusger par vous-même. Voici donc le plan d’action selon le compte-rendu officiel du conseil des ministres, in extenso (j’ai juste ajouté du gras sur certains passages) :

« Le ministre de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la forêt a présenté une communication relative au plan d’action du gouvernement face à la hausse des prix des céréales.La hausse des prix mondiaux des céréales et des oléagineux est susceptible de mettre en péril la sécurité alimentaire des pays les plus pauvres. Elle a aussi un impact en France : elle renchérit les coûts de production des éleveurs, avec des effets qui peuvent aller jusqu’au consommateur en passant par les différents maillons de la chaîne de transformation et de commercialisation. Face à cette situation, le gouvernement a adopté un plan d’action qui comporte des mesures à portée immédiate pour aider à surmonter la situation actuelle, et des actions plus structurelles pour tenter de limiter la volatilité des prix sur les marchés agricoles et en atténuer les effets à l’avenir. Il se décline à trois niveaux :

« 1) Au niveau international :

– la France mobilisera les instances agricoles du G20 pour assurer une bonne coordination des politiques des grands acteurs des marchés agricoles ;
– elle prônera une pause dans le développement des biocarburants concurrents de l’alimentation ;
– elle relancera avec l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) des initiatives pour produire plus et mieux et mieux stocker pour répondre aux situations d’urgence.

« 2) Au niveau européen :

– la France plaidera pour un renforcement de l’encadrement des marchés financiers dans les textes communautaires, en prenant mieux en compte les spécificités des matières premières agricoles ;
– elle promouvra une position collective sur la pause du développement des biocarburants concurrents des usages alimentaires ;
– elle demandera à la Commission de renforcer les mécanismes communautaires de régulation et de lissage des effets de la volatilité des cours dans le cadre de la réforme de la politique agricole commune.

« 3) Au niveau national, le plan comporte les volets suivants :

facilitation de la mise en œuvre du plan silo pour moderniser et augmenter la capacité de stockage ;
– élaboration d’un plan de développement de la production de protéines végétales ;
pause dans le développement des biocarburants de première génération, plafonnés à 7 % d’incorporation, sans remise en cause des investissements réalisés et des emplois liés à cette filière ;
appui aux éleveurs pour surmonter les difficultés financières liées à la hausse des coûts de production (aide au paiement des charges sociales et fiscales, mobilisation du réseau bancaire) ;
– abondement de 10 millions d’euros de l’enveloppe de soutien à la mise aux normes des bâtiments d’élevage des truies gestantes ;
révision dès 2013 de la fiscalité agricole pour améliorer les dispositifs de lissage des revenus face à la volatilité des cours des matières premières ;
– organisation d’une table-ronde pour l’amélioration des relations contractuelles et commerciales au sein des filières animales.

Les acteurs de la filière accompagnent cette mobilisation des pouvoirs publics. Un fonds professionnel de soutien en faveur des éleveurs de 100 millions d’euros sera mis en place par les céréaliers. Le dispositif de négociation commerciale entre les filières et la distribution sera mis en œuvre pour intégrer la hausse des coûts de production, en veillant à protéger le consommateur.« 

Un plan bien écrit, qui mérite toutefois des compléments d’information

Le premier commentaire qui vient à l’esprit est que les problèmes sont bien posés. Effectivement, chez nous, les éleveurs souffrent de la hausse du prix des céréales. Et il convenait donc de trouver une parade à cet état de fait. La communication est donc bien faite, sans que les céréaliers ne soient montrés du doigt ce qui aurait été injuste. Ce qui n’empêche pas bien sûr de vérifier par la suite que cette communication sera suivie d’effets.

Concernant les solutions, elles entraînent plusieurs réflexions. la première concerne le devenir des biocarburants d’origine agricole. Ils ne sont pas menacés, mais seulement tant qu’ils ne sont pas concurrentiel des cultures alimentaires. Or, comment déterminer avec justesse la frontière ? Il y a là un point à éclaircir.

Par ailleurs, qu’est-ce qui se cache derrière la révision de la fiscalité agricole ? Ce sont des mots qui font toujours peur en France, quelle que soit la profession d’ailleurs. Si l’intention affichée est louable, là aussi un voile doit être levé pour bien mesurer les détails de l’action.

On note enfin que ce plan gouvernemental prend acte des décisions des professionnels agricoles (et s’appuie dessus), notamment de l’engagement voté ce 11 septembre par l’AGPB et l’AGPM que nous annoncions dans un précédent article (lien à la fin de celui-ci) de créer un fonds par les céréaliers pour les éleveurs pour faire face aux situations exceptionnelles comme celle de cette année.

Autre info au passage sur le même sujet, les éleveurs porcins qui ont des difficultés à assumer leurs mises aux normes pour les bâtiments d’élevage peuvent désormais prétendre à un cautionnement de leurs emprunts par différents organismes (Coop de France, Sofiprotéol, Unigrains, le Crédit agricole et bientôt le Crédit mutuel et la Banque populaire).

Et vous, qu’en pensez-vous ? Pour en débattre, rendez-vous ci-dessous dans l’espace « Ecrire un commentaire ».

En savoir plus : http://www.gouvernement.fr/gouvernement/le-plan-d-action-face-a-la-hausse-des-prix-des-cereales (le plan d’action sur son site officiel) ; https://wikiagri.fr/articles/la-solidarite-cerealiers-eleveurs-prend-forme/235 (le plan des céréaliers pour créer un fonds pour les éleveurs).

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