Le mildiou du tournesol ou plasmopara halstedii, organisme tellurique (des microbes présents dans le sol), incarne l’une des maladies les plus graves de la plante à graines : une infection massive et précoce peut anéantir une récolte. La lutte est âpre contre ce phénomène dont les différentes races sont en constante mutation.
La maladie est présente sur tout le sol français, avec toutefois des pics d’existence dans l’Ouest, le Sud-Ouest et le centre.
C’est d’abord au moment de la levée que les semis peuvent connaître une fonte lors d’une attaque précoce. Jusqu’au stade 2/4 feuilles, une contamination primaire infecte la racine, ce qui va réduire la croissance du plant de tournesol et entrainer son nanisme. Les feuilles se décolorent au niveau des nervures centrales (taches chloridriques). Certaines feuilles sont recouvertes d’un feutrage blanc lié aux sporulations.
Même en grandissant la plante n’est pas à l’abri. Au stade 4/8 feuilles, des contaminations tardives peuvent être observées au niveau du bourgeon terminal, des feuilles (mêmes taches chloridriques) et sur le limbe. Après le stade 8 feuilles, la plante n’ayant pas souffert de nanisme pourra toutefois se voir contaminer par les feuilles. Si la taille du végétal va rester normale, la récolte sera beaucoup moins quantitative et qualitative.
Pour se libérer du sol où ils sont enfouis, les spores ont besoin d’eau : ils ne germeront qu’après de fortes précipitations entraînant une humidité prolongée, notamment à l’époque des semis.
Il faut savoir que les oospores qui font la maladie mildiou peuvent vivre plus de dix ans dans la terre, même si le sol n’est pas cultivé. La présence est donc latente, même sans tournesol.
La lutte contre le mildiou est obligatoire en France et fortement réglementée.
Une parcelle contaminée à plus de 30 % ne peut plus être le socle d’un culture de tournesol durant trois ans.
Jusqu’à il y a une quinzaine d’années, l’utilisation de semences résistantes fût un moyen radical pour se débarrasser de la maladie. Fût, parce que depuis le début des années 2000, de nouvelles formes de mildiou se sont développés (près d’une dizaine). Cette mutation désormais constante de la maladie prend de vitesse les études et donc les solutions à apporter.
Aujourd’hui, aucune variété n’est totalement insensible aux différentes versions de la maladie. Mais il est quand même conseillé de choisir celle pouvant en combattre le plus.
D’autres moyens agronomiques sont à privilégier pour anticiper les maux :
Jusqu’en 2011, la culture du tournesol durant deux années de suite sur une même parcelle était interdite. Désormais, sous conditions et dérogations, il est possible de cultiver le tournesol deux années consécutives. Pour cela, il est obligatoire d’utiliser une semence de variété différente la seconde année, non traitée mais accompagnée d’une préparation phytopharmaceutique. Enfin, une parcelle ayant reçu deux années de culture de tournesol consécutive ne pourra pas en accueillir les deux années suivantes.
Si la lutte est obligatoire et que son apparition sur une parcelle doit impérativement être déclarée, c’est justement pour avoir des outils de mesure les plus précis possible. Les dommages liés à la maladie pouvant s’évérer considérables, il est important de canaliser au mieux son évolution. Il existe un réseau national de surveillance du mildiou du tournesol vers lequel il est nécessaire de se tourner en cas d’infestation, afin d’être guidé au mieux dans la lutte.